Cacophonie autour de la désignation du successeur de Corneille Nangaa : la crise du leadership religieux mise à nu (Tribune)

La cacophonie qui a élu domicile dans le chef de la plateforme des chefs des confessions religieuses lors de la désignation contestée du candidat Président de la Ceni, Ronsard Malonda est une illustration du déficit d’un leadership religieux fort et respectueux.

L’opinion se pose la question de savoir qui de l’abbé Donatien Nshole et du pasteur Rockman Sony Kafuta est le porte-parole attitré pour engager la plateforme des chefs des confessions religieuses ?

MONSTRE À DOUBLE TÊTE

Composée de huit églises ci-après, d’un côté, le bloc des églises catholique et protestante, de l’autre côté, le groupe d'églises Kimbanguiste, Orthodoxe, Armée du salut, églises de réveil, communauté islamique et église des indépendants.

Pour le bloc églises catholique et protestante, on assiste à une autoproclamation de l’abbé Nshole comme porte-parole non pour le secrétariat technique de la plateforme des chefs des confessions religieuses.

Du côté du bloc de la Commission d’intégrité et de médiation électorale (CIME), qui regroupe six confessions religieuses, c’est le pasteur Rockman Sony Kafuta qui, à son tour, s’autoproclame porte-parole de la plateforme des chefs des confessions religieuses. Quelle anarchie.

Les deux autoproclamés porte-paroles nous ont offerts un spectacle des païens. Dégoûtant, désolant et indigne, ternissant leur image des hommes de Dieu.

Après leurs diatribes médiatiques, s’accusant mutuellement de corruption, de tribalisme, de trafic d’influence et de clientélisme lors de la désignation du candidat Président de la Ceni, qui peut-on croire ? A Nshole ou à Kafuta ? Tous deux sont dindons de la farce et oiseaux de même plumage.

COMPOSITION DE LA PLATEFORME

- Président : Mgr Marcel Utembi/Cenco ;

- Vice-Président : Mgr Bokundoa/ E.C.C. ;

Secrétariat technique : Abbé Nshole /Cenco CIME : ?

À l’absence du Président de la plateforme, Mgr Marcel Utembi, confiné à Kisangani, que le cardinal Fridolin Ambongo avait présidé dans la cacophonie totale la désignation contestée du candidat Président de la Ceni.

Notons que quand le président de la plateforme forme des chefs des confessions religieuses est absent, c’est le vice-président Mgr Bokundoa/E.C.C. qui devrait conduire les travaux en lieu et place du cardinal Fridolin Ambongo.

C’est de la confusion.

SECRÉTARIAT TECHNIQUE DE LA PLATEFORME DES CHEFS DES CONFESSIONS RELIGIEUSES

Il est composé de huit délégués envoyés par les chefs des confessions religieuses et coordonné par l'abbé Nshole qui devrait se défaire du rôle de porte-parole de la plateforme des chefs des confessions religieuses.

Ainsi, le samedi, 6 juin 2020, le secrétariat technique de la plateforme des chefs des confessions s’est réuni à la cathédrale du centenaire protestant pour procéder à la présélection des candidats pour la désignation du délégué des confessions religieuses à la Ceni.

Vingt-quatre dossiers des candidatures ont été examinés par les huit délégués des confessions religieuses au niveau du Secrétariat technique. Ils ont retenu six candidats dont trois ont été éliminés sur base des critères discriminatoires et tribaux selon un fallacieux prétexte que ces trois candidats appartiennent au même espace linguistique que l’actuel chef de l’État. Tribalisme, quand tu nous tiens.

DÉFICIT D’EXPERTISE ÉLECTORALE

Les huit délégués du secrétariat technique de la plateforme accusent un déficit criant en expertise électorale les rendant incompétents dans la sélection des 24 dossiers des candidatures contenant des spécificités électorales.

Le bon sens aurait voulu qu’après avoir enregistré toutes les 24 candidatures, le secrétariat technique de la plateforme se déclarât incompétent de faire la présélection et la sélection des candidatures en les confiant pour traitement à une équipe indépendante des techniciens et experts électoraux.

DÉFICIT DE VULGARISATION DE LA CHARTE

Qui connaît l’existence, l’élaboration et l’adoption de la Charte qui régit la plateforme des chefs des confessions religieuses ?

Quelles sont les dispositions et articles de la Charte qui seraient violés par les groupes de Nshole et Kafuta ?

Silence radio de la part des « oints » de Dieu qui ont agi sans faire appel à la descente du Saint Esprit. On voudrait savoir si la charte donne trop de pouvoir à l’abbé Nshole au point de se permettre de convoquer pour les réunions les chefs des confessions religieuses qui ne sont pas ses collègues. C’est au Président de la plateforme, Mgr Marcel Utembi qui est habilité à convoquer ses collègues chefs de la plateforme des confessions religieuses et non le contraire.

UNE RÉFORME DE LA PLATEFORME S’IMPOSE

Pour redorer l’image ternie des confessions religieuses et de leurs chefs spirituels, une réforme profonde de la plateforme et une redéfinition du rôle de chacun. Cette réforme consisterait à éviter de concentrer tout le pouvoir entre les mains de l’abbé Nshole et lui montrer les limites de son rôle. Définir le job description de la CIME et renforcer ses relations avec églises catholique et protestante.

SAVOIR SE REPENTIR ET SE RATTRAPER

Le retour à Kinshasa du Président attitré de la plateforme des chefs des confessions religieuses, Mgr. Marcel Utembi après son confinement à Kisangani est vivement souhaité pour introduire des facteurs correctifs dans le processus de désignation du candidat Président de la Ceni.

Il pourrait relancer tous les six candidats, y compris les trois arbitrairement exclus en établissant la procédure crédible et les critères objectifs de désignation du candidat Président de la Ceni.

Tel est le point de vue d’un chrétien.