Le panel de trois experts, dirigé par Mary Robinson, considère que les seize accusations de mauvaise gestion qui visaient Akinwumi Adesina avaient été correctement examinées par le comité d'éthique de la BAD.
Le panel d'experts indépendants a validé, lundi 27 juillet 2020, la disculpation totale du président de la Banque africaine de développement (BAD) Akinwumi Adesina d'accusations de mauvaise gestion par le comité d'éthique interne, selon son rapport dont l'Agence France Presse (AFP) a obtenu copie.
« Le panel [...] estime que les allégations ont été correctement examinées et rejetées par le comité », conclut le panel dans son rapport adressé lundi à la BAD.
Ce panel de trois experts, dirigé par l'ancienne présidente irlandaise Mary Robinson, avait été chargé début juillet par le conseil des gouverneurs de la BAD d'une « revue indépendante » sur le travail du comité d'éthique de l'institution basée à Abidjan, qui avait totalement blanchi Akinwumi Adesina de multiples et embarrassantes accusations portées par des «lanceurs d'alerte» anonymes.
Une enquête sur le fond, pas la forme
Ce feuilleton médiatico-financier qui dure depuis avril, lorsque les accusations ont fuité dans les médias, a déstabilisé l'institution panafricaine de développement, et particulièrement son président, élu en 2015 et seul candidat à sa succession, prévue fin août.
Akinwumi Adesina, 60 ans, ancien ministre de l'Agriculture du Nigeria, s'est dès le début vigoureusement défendu, rejetant en bloc toutes les accusations et clamant son « innocence ».
Le panel a considéré que les seize accusations qui visaient Akinwumi Adesina avaient été correctement examinées par le comité d'éthique de la BAD, au regard des règlements et procédures internes de la Banque, considérant notamment que les lanceurs d'alerte n'avaient pas apporté de preuves.
Mais Mary Robinson et les deux autres experts, le magistrat gambien Hassan B. Jallow et le Sud-Africain Leonard F. McCarthy, ancien vice-président pour l'intégrité à la Banque mondiale, n'ont pas enquêté sur les accusations elles-mêmes, ce qui n'était pas leur mandat.
Une réélection ternie par l'enquête et les accusations
Les Etats-Unis, deuxième actionnaire de la BAD après le Nigeria, avaient exigé fin mai le lancement d'une enquête indépendante sur ces accusations, remettant en cause le travail du comité d'éthique qui avait disculpé Akinwumi Adesina quelques semaines plus tôt. Avant de se ranger à la position du conseil des gouverneurs de la BAD, favorable à une simple « revue ».
Les lanceurs d'alerte, qui se présentaient comme des « employés préoccupés de la BAD », accusaient Akinwumi Adesina d'enrichissement personnel, de favoritisme dans de nombreuses nominations de hauts responsables, en particulier de compatriotes nigérians, d'avoir nommé ou promu des personnes soupçonnées ou reconnues coupables de fraude ou de corruption, ou encore de leur avoir accordé de confortables indemnités de départ sans les sanctionner.
Si le rapport du panel d'experts indépendants va évidemment soulager Akinwumi Adesina, ces accusations ont cependant terni l'image du flamboyant président de la BAD, dont la réélection semblait assurée au début de l'année, avec le soutien de l'Union africaine et après une augmentation de capital géante de 115 milliards de dollars réussie en octobre 2019.
En interne, la gestion du personnel menée par Akinwumi Adesina a causé des remous depuis cinq ans, entrainant le départ de nombreux cadres de la BAD, l'une des cinq principales banques multilatérales de développement au monde.
AFP / Le Temps / MCP, via mediacongo.net