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C’est un mot dont les non-initiés ignoraient l’existence avant le printemps dernier. Un mot dont le nombre de "y" et de "x" permet de faire un maximum de points au Scrabble : "hydroxychloroquine".
Son chantre, le Panoramix de la molécule, le professeur Didier Raoult, de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée – Infection de Marseille, n’a cessé de clamer son efficacité. Il compte aussi ses disciples : les agressifs de l’HCQ (abréviation de la molécule). Ils insultent et harcèlent en ligne les scientifiques qui tentent, études à l’appui, d’établir l’évidence, la preuve scientifique, à propos de l’hydroxychloroquine.
La semaine dernière, un groupe de chercheurs de l’Inserm (institut de la santé et de la recherche médicale) en France, de l’Université de Lausanne et de celle de Neuchâtel ont publié une grande étude, pour examiner les conclusions de publications d’autres études scientifiques. C’est ce qu’on appelle une "méta-analyse". Leur conclusion : la seule prise d’hydroxychloroquine n’a aucun effet notable sur la mortalité des patients : elle ne l’augmente certes pas, mais elle ne la diminue pas non plus ; elle l’augmente même, lorsque combinée à un antibiotique, l’azithromycine.
L’équipe de recherche initiale a répertorié 839 articles, dont 29 articles répondaient à leurs critères d’inclusion. Toutes les études sauf une ont été menées sur des patients hospitalisés et ont évalué les effets de l’hydroxychloroquine avec ou sans azithromycine. Ils ont exclu les études présentant un risque de biais et ont finalement inclus dans la méta-analyse 11.932 participants pour le groupe hydroxychloroquine, 8081 pour le groupe hydroxychloroquine avec azithromycine et 12.930 pour le groupe témoin.
Nathan Peiffer-Smadja, interniste à l’hôpital Bichat à Paris, explique la démarche : "On s’est rencontrés via Twitter parce qu’on défendait la même position scientifique : essayer d’affirmer des choses quand on a des données. On s’est dit qu’il serait intéressant de faire la part des choses avec l’ensemble des données qu’on a, vis-à-vis de l’hydroxychloroquine. Il a fallu identifier les mots-clés pour aller chercher l’ensemble des articles, les sélectionner de façon transparente. On l’a fait de façon très large, puis on a regardé ce qui traitait de l’HCQ et de l’azithromycine et donnait des données de mortalité. Ensuite, on a analysé les risques de biais de chaque article, pour voir si le groupe ciblé et le groupe de contrôle étaient comparables. Parce qu’une méta-analyse ne corrige pas les études qui ne sont pas interprétables."
Les conclusions sont catégoriques : "C’est vraiment un tout, toutes ces analyses vont dans le même sens. Pas d’effet de l’hydroxychloroquine, et augmentation de la mortalité dans le cas de l’hydroxychloroquine combinée à l’azithromycine."
Depuis lors, les auteurs subissent un vague de harcèlement et de menaces, à commencer par Nathan Peiffer-Smadja : "On s’est retrouvés attaqués de façon extrêmement virulente, par des gens qui pour la plupart ne sont pas médecins et ne supportent visiblement pas le message de cet article. Moi, j’ai reçu des mails, comme mon chef de service, des attaques sur Twitter, énormément d’insultes en message privé, des attaques sur Facebook, des insultes vraiment violentes, des menaces… Ils me disent "venez dans le Sud, on va s’occuper de vous". Mes adresses ont été partagées en disant "venez le remercier, il habite là". Vraiment, des choses assez violentes. Et je pense que derrière, c’est attisé par la réponse institutionnelle de l’IHU du professeur Raoult qui défend ce traitement. Ils ont dit que notre étude était une blague, qu’elle était frauduleuse… Cela encourage les gens à nous attaquer violemment".
En Belgique, le débat n’a heureusement pas atteint un tel niveau de violence. Aujourd’hui, il y a un consensus scientifique sur l’inefficacité de l’hydroxychloroquine qui a été retirée des guidelines pour traiter le COVID-19 dans tous les hôpitaux du pays.
Pour rappel, aucun médicament n’a encore fait ses preuves contre la maladie. Pour l’instant, le traitement administré aux patients sous oxygène en Belgique est la dexaméthasone, qui enregistre une réduction de la mortalité pour ce type de patients.
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