Afrique
RÉSILIENCE. Alors qu'on lui promettait le désastre, l'Afrique tient pour le moment, de manière inégale, la dragée haute au Covid-19, en tout cas dans sa dimension sanitaire.
Drôle de rentrée pour l'Afrique. Si la nouvelle de l'éradication du poliovirus a suscité joie et soulagement à la fin du mois d'août, c'est désormais l'inquiétude qui prime. Bien que le continent reste un des territoires les moins touchés par la pandémie actuelle, depuis quelques semaines, le nouveau coronavirus s'y répand de manière exponentielle : de 500 000 cas le 7 juillet dernier, l'Afrique est passée le 15 septembre à 1,359 million de cas selon Covid-19 Africa. La plateforme, qui compile les données des ministères de la Santé, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'AfricaCDC, recense également 32 788 morts du virus sur le continent. Un chiffre relativement faible au regard d'autres régions du monde, mais à prendre en considération.
Selon le Centre d'étude stratégique de l'Afrique basé à Washington, le nombre de cas sur le continent augmente à un taux d'environ 6 % par jour. Malgré tout, la directrice régionale Afrique de l'OMS, Matshidiso Moeti, se veut confiante. « La situation reste très grave […] mais « nous semblons avoir atteint un pic », a-t-elle déclaré fin août.
Une information qui vaut pour l'ensemble de l'Afrique. Mais qui ne s'applique pas forcément à tous les pays, très inégaux face à la pandémie. Si la majorité voit effectivement le nombre de cas baisser depuis la fin de l'été, une dizaine sont encore dans une situation très délicate. Concernant la proportion de personnes qui contractent le Covid-19, onze pays africains ont en effet des taux comparables ou supérieurs au taux moyen mondial de 3,3 %, a prévenu l'OMS le 10 septembre dernier.
L'incertitude en Afrique du Sud…
L'Afrique du Sud est de ceux-là. La nation arc-en-ciel est de loin le pays le plus touché. Elle concentre à elle seule près de la moitié des décès liés au Covid-19 sur le continent. Selon le Conseil sud-africain de la recherche médicale (SAMRC), le bilan pourrait même être bien plus lourd. Les chercheurs ont en effet comptabilisé 17 000 décès supplémentaires sur la période étudiée, par rapport à la moyenne habituelle. Soit une augmentation de 59 % par rapport aux années précédentes. D'autant plus que le système de détection des cas mis en place par les autorités, qui consiste à ne dépister que les personnes présentant des symptômes, « rend difficile l'interprétation complète du nombre de cas », d'après l'OMS. Ces derniers jours, le nombre de cas marque toutefois une baisse significative. En juillet, le pays enregistrait près de 13 000 nouveaux cas par jour, et au cours de ces dernières 24 heures, moins de 2 000 nouvelles contaminations ont été détectées. S'appuyant sur ces données, le gouvernement a baissé le niveau d'alerte sanitaire à 2 (sur une échelle de 5), permis la réouverture des bars et des restaurants et la vente de cigarettes et d'alcool. Les frontières internationales restent en revanche fermées et un couvre-feu est toujours en vigueur à partir de 22 heures.
… et au Maroc
Si la pandémie tend à se stabiliser en Afrique du Sud, elle semble malheureusement regagner du terrain à l'autre bout du continent. Dans la semaine du 7 au 15 septembre, c'est au Maroc que l'on a signalé le plus grand nombre de nouveaux cas, devant l'Afrique du Sud et l'Éthiopie, en proie également à un regain épidémique. Un confinement de près de trois mois et des mesures drastiques appliquées dans tout le royaume avaient permis au Maroc d'endiguer l'épidémie sur son territoire. Mais depuis quelques semaines, la situation s'envenime. Après 88 203 cas, il est devenu le troisième pays le plus touché d'Afrique. Le nombre de patients infectés a ainsi plus que doublé en un mois ainsi que celui des décès qui, établi aujourd'hui au nombre de 1 614, a triplé sur la même période. Avec une capacité de 3 000 lits dans les services de réanimation, le pays peut faire face à l'afflux de malades. Mais la fatigue du personnel soignant, éreinté par des mois de pandémie et privé de vacances cet été, pourrait fortement peser dans la balance.
La situation est particulièrement critique à Casablanca où on trouve 42 % des cas notifiés quotidiennement, 40 % des formes graves et 38 % des décès. Depuis le 7 septembre, tous les accès à la capitale économique ont été fermés, tout comme ses établissements scolaires. À l'échelle du pays, l'état d'urgence sanitaire a été levé ce 10 septembre, mais les rassemblements restent interdits, les mosquées, les cinémas et les théâtres sont fermés et les restaurants et cafés sont limités aux commandes à emporter.
En revanche, depuis le 7 septembre, le gouvernement a autorisé la réouverture des frontières aux citoyens étrangers non soumis aux formalités de visa. Une mesure qui concerne les ressortissants français, allemands, canadiens, portugais ou italiens, habitués du tourisme au Maroc. Pour se rendre dans le royaume chérifien, ces derniers doivent au préalable réserver une chambre dans un établissement hôtelier, présenter à l'embarquement un test PCR négatif de moins de 48 heures ainsi qu'un test sérologique.
« Une phase d'accalmie » pour un nombre limité de pays
Chez le voisin algérien, la tendance est toute autre. Comme l'Égypte, le Ghana, le Kenya ou le Nigeria, l'Algérie connaît depuis un mois une baisse des cas confirmés. Une situation qui doit amener le Comité scientifique de suivi de l'évolution du Covid-19 à donner son avis, cette semaine, sur la question de la réouverture des frontières. « La situation épidémiologique en Algérie connaît une tendance baissière nette ces derniers temps », a affirmé un de ses membres, le professeur Noureddine Smail au site d'informations TSA. « Donc tout laisse à dire que nous sommes dans une [phase d'] accalmie et de stabilité de l'épidémie qui est en train de régresser », a-t-il ajouté. Un constat qui a permis la réouverture, partielle, des universités.
Tout comme au Sénégal. Le pays ouest-africain – qui compte 297 décès pour 14 306 cas – est d'ailleurs érigé en exemple de la gestion pandémique aux côtés du Danemark et de la Nouvelle-Zélande par le magazine américain Foreign Policy. Dans son étude, le média salue les décisions des autorités, parmi lesquelles la réquisition des hôtels pour les quarantaines et la rapidité de publication des résultats des tests.
Pour Judd Devermont, directeur du programme Afrique au Centre d'études stratégiques et internationales interrogé par USA Today, le succès sénégalais résulte de la conjugaison de plusieurs facteurs dont : « une rapidité d'action », « une communication claire » et « un savoir-faire acquis après l'épidémie d'Ebola en 2014 ». « Ce n'est pas une question de ressources financières, il y a une grosse part d'organisation. C'est ce qui a été mis en valeur au Sénégal », a assuré pour sa part Abdoulaye Bousso, le directeur du Centre des opérations d'urgence sanitaire du ministère sénégalais de la Santé à TV5 Monde. Pour le médecin, la décentralisation des tests – dix régions sur quatorze sont équipées – est aussi une des clés du succès sénégalais. Un espoir pour toute l'Afrique.
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