Politique
La création de la commune de Minembwe suscite des tensions en RDC. La controverse tourne autour de l'acceptation des Banyamulenges.
Ce jeudi (08.10.2020), lors de la plénière à l'Assemblée nationale, des députés de l'opposition ont exprimé leur mécontentement à propos de ce sujet. La controverse engendrée par cette commune est d'ordre politique et tourne autour de l'acceptation des Banyamulenge par les autres communautés. A ceci s'ajoutent des questions de terre et de délimitation de territoire.
La commune et son maire ont été installés officiellement le 28 septembre. Mais la nouvelle ne plaît pas à tout le monde, surtout dans la province du Sud-Kivu.
Au centre des enjeux, plusieurs revendications : le non-respect des procédures pour cette commune qui existe sur le papier selon un décret datant de 2013.
Conflit d'attributions ?
Hervé Diakiese est le porte-parole du Comité laïc de coordination qui a publié un communiqué de presse à ce propos le 6 octobre.
"Dans notre communiqué, nous nous focalisons d'abord sur cette question d'empiètement et d'attribution entre le ministère de la Décentralisation et celui de l'Intérieur. Mais aussi sur le non-respect des procédures : la non-consultation obligatoire de l'Assemblée provinciale pour avoir son avis conforme, la non-consultation des autorités coutumières locales et donc le fait d'empiéter sur des terres qui sont dévolues à des communautés locales", dénonce cet acteur de la société civile.
Si les Banyamulenge restent une minorité dans le Sud-Kivu, cela fait de nombreuses années qu'ils réclament d'être traités comme des citoyens congolais à part entière et de pouvoir disposer des terres comme leurs concitoyens.
Difficile cohabitation
Mais la cohabitation entre cette communauté et les autres habitants des hauts plateaux est loin d'être pacifique.
Pour Enoch Sibineza, député honoraire, notable du Sud-Kivu issu de la communauté banyamulenge,"c'est à cause d'une haine qui a été construite il y a quarante ans autour de la question de la nationalité des Banyamulenge que certains leaders du Kivu ont qualifiés d'étrangers. Les leaders du Kivu sont revenus sur cette question et jusqu'à la guerre de 1996, on voulait nous chasser de RDC".
Pour Jason Stearn, chercheur et fondateur du Groupe de recherche sur le Congo de l'université de New York, il y a clairement eu une maladresse politique. Il aurait fallu d'abord initier le dialogue entre les communautés avant de créer cette commune.
"Il y a une histoire légale mais aussi une histoire plus vaste, culturelle et politique derrière la question de Minembwe. Je pense qu'il y a eu une maladresse politique. Cela vaut la peine de parler de la cohabitation dans le Sud-Kivu, ça vaut la peine de parler des droits de la communauté Banyamulenge d'avoir un accès à l'administration. Mais on ne peut pas le faire en l'imposant depuis Kinshasa. C'était clair que la création de la commune de Minembwe allait susciter une très large controverse", explique l'expert.
Selon le député Jacques Amani Kamanda, rapporteur de l'Assemblée provinciale du Sud-Kivu, le président Félix Tshisekedi aurait promis d'ordonner la suspension de l'installation de la commune de Minembwe, pouvait-on encore lire ce jeudi matin dans la presse en ligne congolaise.
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