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Le candidat démocrate s’est rapproché un peu plus de la Maison Blanche grâce à des victoires précieuses dans deux Etats-clés face au président sortant, qui se lance dans une guérilla judiciaire.
Le suspense reste entier. Pour la première fois depuis 2000, les Américains ne connaissaient pas le nom de leur prochain président (qui prêtera serment le 20 janvier 2021) au lendemain du scrutin. Aucun des deux candidats à la présidentielle américaine n’a encore atteint, jeudi 5 novembre au matin, le seuil des 270 grands électeurs. Joe Biden en totalise actuellement 253, et Donald Trump, 213, selon les résultats provisoires. Le dépouillement est toujours en cours dans plusieurs Etats.
Avec le Wisconsin et le Michigan, Joe Biden se rapproche de la victoire
Dans la nuit de mercredi à jeudi, le candidat démocrate Joe Biden s’est rapproché encore un peu plus de la Maison Blanche grâce à des victoires précieuses dans deux Etats-clés face à Donald Trump. Avec le Wisconsin et le Michigan en poche, Joe Biden dispose désormais de 253 grands électeurs.
Le Monde a décidé de revenir sur son interprétation des résultats provisoires en Arizona. L’agence de presse AP, sur laquelle Le Monde s’appuie exclusivement, a attribué cet Etat-clé à Joe Biden dès mercredi matin, mais alors que le décompte des voix est encore en cours, l’écart se resserre fortement entre le candidat démocrate et Donald Trump. Nous considérons jeudi matin que tous deux peuvent encore l’emporter en Arizona.
En Géorgie, l’écart entre les deux candidats se resserre ; il était réduit à un peu plus de 25 000 voix jeudi vers 8 heures (heure de Paris). Donald Trump est en tête avec 49,6 % des suffrages, Joe Biden en compte 49,1 %.
En Pennsylvanie, Donald Trump avait mercredi plus de 160 000 voix d’avance au total, mais celle-ci fondait rapidement au fur et à mesure de la prise en compte de bulletins envoyés par courrier. Ceux qui étaient déjà comptés plébiscitaient majoritairement Joe Biden.
« Je suis venu vous dire que nous pensons, lorsque le dépouillement sera terminé, que nous allons gagner », a déclaré Joe Biden lors d’une brève allocution dans son fief de Wilmington, dans le Delaware. Une fois le résultat connu, il sera temps « de mettre les discours agressifs de la campagne derrière nous », a-t-il poursuivi, se posant en rassembleur d’un pays meurtri : « Pour avancer, nous devons arrêter de traiter nos opposants comme des ennemis. »
Comme pour mieux afficher sa confiance dans le résultat final, Joe Biden a souligné, dans un Tweet, que les Etats-Unis rejoindraient l’accord de Paris sur le climat, dont les Etats-Unis sont officiellement sortis mercredi, au premier jour de sa présidence, « dans exactement 77 jours ».
A Phoenix, en Arizona, plusieurs dizaines de sympathisants de Donald Trump ont manifesté dans la soirée, dans une ambiance tendue, devant un bureau de dépouillement des bulletins de vote.
Donald Trump se lance dans une guérilla judiciaire
L’équipe de campagne de Donald Trump a annoncé une première offensive judiciaire, dans le Wisconsin, remporté par Joe Biden avec un écart de moins de 1 % d’après des résultats quasi complets, selon plusieurs médias américains. Les républicains veulent un recomptage des suffrages et ont demandé à un juge local de réexaminer les bulletins déjà comptés.
Ils ont également déposé un recours pour obtenir la suspension du dépouillement dans l’Etat-clé de Pennsylvanie, à l’issue toujours incertaine. « Nous agissons en justice pour suspendre le dépouillement en attendant plus de transparence », a indiqué Bill Stepien, le directeur de campagne de M. Trump. Le président sortant avait lui-même menacé, dans la nuit de mardi à mercredi, lors d’une allocution confuse, de saisir la Cour suprême, tout en restant évasif quant aux motifs.
Le système électoral américain est, par ailleurs, fragilisé par une persistante campagne de désinformation. Ses lieutenants commençaient à répandre des rumeurs sur les réseaux sociaux et les ondes à propos de tricheries et d’irrégularités. L’Organisation sur la sécurité et la coopération en Europe a critiqué mercredi les « allégations infondées » du président américain concernant l’élection. « Notre démocratie est mise à l’épreuve dans cette élection », a déclaré, de son côté, le gouverneur de Pennsylvanie, Tom Wolf, appelant à la patience.
Mais même chez les républicains, la menace du président de saisir la justice choquait. « Stop. Les bulletins seront comptés et soit vous perdrez, soit vous gagnerez. Et l’Amérique l’acceptera. La patience est une vertu », a tweeté le parlementaire républicain Adam Kinzinger.
Une participation record
Au terme d’une longue campagne d’une virulence exceptionnelle, perturbée par la pandémie, les résultats partiels montrent que Donald Trump n’a pas subi la répudiation électorale que les sondages présageaient, ce qui prouve que, même s’il était battu, sa base d’électeurs lui reste largement fidèle. Le milliardaire a dénoncé un ratage d’ampleur « historique » chez les sondeurs. « Hier soir, j’avais une bonne avance, dans de nombreux Etats-clés, a-t-il tweeté mercredi matin. Puis, un par un, ils ont commencé à disparaître comme par magie avec l’apparition et le comptage de bulletins surprise. »
Il n’y a pas de bulletins surprise démontrés, mais des bulletins envoyés par courrier et traités lentement par les autorités. Ils viennent majoritairement d’électeurs démocrates, ce qui explique qu’ils aient fait fondre l’avance initiale du président, dont les électeurs ont privilégié le vote en personne mardi. « Nous ne nous accorderons aucun répit jusqu’à ce que chaque bulletin de vote soit compté », a tweeté, de son côté, l’ancien vice-président de Barack Obama.
Jamais autant d’Américains n’avaient participé à l’élection présidentielle : 160 millions d’électeurs ont voté, soit une participation estimée à 66,9 %, contre 59,2 % en 2016, selon le US Elections Project. Nombre d’Etats ont été débordés par le déluge de bulletins envoyés par correspondance, encouragés en raison de la crise sanitaire. Ouvrir les enveloppes et scanner ces bulletins va prendre dans certaines villes plusieurs jours, en particulier à Philadelphie, fief démocrate. Et si la justice s’en mêlait, comme en 2000, « cela pourrait durer des semaines », a dit mercredi Ed Foley, spécialiste du droit électoral à l’Ohio State University.
Décompte encore en cours pour le Sénat
Quoi qu’il arrive, le prochain président devra composer avec le Congrès. L’ensemble des députés de la Chambre des représentants et un tiers des sénateurs ont remis leur siège en jeu, le 3 novembre. Comme cela était largement anticipé, les démocrates ont gardé le contrôle de la Chambre des représentants, mais les chances d’un basculement du Sénat du côté démocrate s’amenuisaient après la réélection de plusieurs républicains, selon des résultats encore partiels.
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