Monde
Selon le plus haut responsable militaire de l'Australie, 39 civils afghans ont été tués par des soldats de l'île-continent entre 2007 et 2013.
Des années après des révélations publiées par des médias, l'Australie a officiellement reconnu jeudi 19 novembre avoir « tué illégalement » au moins 39 civils non combattants en Afghanistan. « Au peuple afghan, au nom de la force de défense australienne, je présente sincèrement et sans réserve mes excuses pour tout acte répréhensible de la part de soldats australiens », a déclaré le général Angus Campbell, le plus haut responsable militaire d'Australie.
« Certaines patrouilles ont fait fi de la loi, des règles ont été enfreintes, des histoires inventées, des mensonges racontés et des prisonniers tués », a ajouté le chef de l'armée australienne. Les 25 membres des forces spéciales accusés de méfait dans 23 incidents ont laissé une « tache » sur leur régiment, sur les forces armées et sur l'Australie, a-t-il ajouté, recommandant des poursuites pour crimes de guerre.
Un « bilan honteux »
« Ce bilan honteux comprend des cas présumés dans lesquels de nouveaux membres de patrouille ont été contraints de tirer sur un prisonnier afin d'effectuer leur premier meurtre, dans une pratique effroyable connue sous le nom de "blooding" », a aussi relevé le général Campbell. Il a par ailleurs demandé la révocation de certaines médailles décernées aux forces d'opérations spéciales qui ont servi en Afghanistan entre 2007 et 2013.
Après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, plus de 26 000 soldats australiens en uniforme ont été envoyés en Afghanistan pour combattre aux côtés des forces américaines et alliées contre les talibans, Al-Qaïda et d'autres groupes islamistes. Les troupes de combat australiennes ont quitté le pays en 2013, mais depuis, une série de récits souvent brutaux ont émergé à propos de la conduite des unités d'élite des forces spéciales.
Des pressions sur les lanceurs d'alerte
Et depuis, les médias australiens se sont fait l'écho de nombre d'accusations très graves contre les forces australiennes, comme le cas d'un homme qui aurait été abattu pour faire de la place dans un hélicoptère, ou celui d'un enfant de six ans tué lors d'un raid contre une maison. Le gouvernement avait initialement cherché à fermer les comptes de lanceurs d'alerte faisant état de ces accusations, alors que la police s'en prenait aux journalistes d'investigation les relayant.
L'affaire avait éclaté en 2017, quand la chaîne publique ABC avait publié les « Afghan Files », une série d'enquêtes qui accusait les forces australiennes d'avoir tué des hommes non armés et des enfants en Afghanistan. La police avait en riposte ouvert une enquête sur deux journalistes d'ABC, Daniel Oakes et Sam Clark, soupçonnés d'avoir eu en leur possession des informations classifiées. Une perquisition avait même eu lieu l'an passé au siège de la chaîne à Sydney, avant que l'enquête ne soit classée.
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