Société
Au quartier Mombele, la récurrence d’un phénomène secoue les réalités sociologiques et matrimoniales depuis plusieurs années déjà.
Dans presque tous les quartiers de Kinshasa, existent des milliers de jeunes femmes de la vingtaine et plus et même moins que ça, avec un enfant à charge, sans la présence effective du géniteur. Elles sont jeunes, pas mariées mais déjà mères. Habituellement appelées » filles-mères ou » But d’avance » pour le Kinois, ces jeunes femmes qui portent la charge d’un ou plusieurs enfants sont de plus en plus présentes dans le quartier Mombele. Et ici, elles pullulent les avenues (Mombele, Ngaliema, Mayimpili, Mbe, Mpila, Butulu, Impwi, Kwilu, Lukamawa,…) et font partie de notre entourage. Seules, elles sont pour la plupart confrontées à d’énormes difficultés pour élever leurs enfants. Entre les diverses pressions sociales et celles liées à la survie personnelle et celui de leur enfant, l’existence de ces dernières est loin d’être un lit de confort. Avec 2000 CDF, elles sont prêtes à tout pourvu que le nourrisson trouve quelque chose à mettre sous la dent.
Fuite des responsabilités
Jeunes et parfois adolescentes, elles ont la charge d’un rejeton dont le géniteur refuse d’assumer la responsabilité ou même dont l’on ignore l’identité. Ces derniers disparaissent déjà dès l’annonce de la grossesse. Ainsi, livrées à elles-mêmes, les jeunes femmes font face à une réalité à laquelle elles n’étaient pas préparées. Si certaines d’entre elles ont la chance de bénéficier du soutien de leurs parents, d’autres se retrouvent seules devant toutes les charges et les responsabilités. Certaines n’hésitent pas à se lancer dans la prostitution.
Marginalisées
Approchée, Sarah, une fille-mère de la contrée s’est confiée: " Quand j’étais enceinte, j’étais encore très jeune, je venais à peine d’avoir 18 ans. Je savais que ce que j’avais fait n’était pas bien. Je me sentais coupable et très frustrée. Je m’en voulais de ne pas avoir suivi le conseil des parents, de les avoir déçus ". Si celle-ci vit la déception de sa maternité précoce, elle n’est pas également épargnée du mépris de la société. En effet, les filles-mères dérangent par leur présence. Elles sont rejetées par une société qui voit en elles une indignité, une honte ou des filles de mœurs légères.
Dans la ville de Kikwit, province du Kwilu, comme la commune de Lemba ou encore à Bandundu Ville, selon la conscience collective, une femme de valeur et de bonnes mœurs ne se donne pas au premier venu, sans ficeler de façon claire les bases de la relation. Ainsi, elles sont mal appréciées sur la base de cette idée. Interrogée par la rédaction, Sarah témoigné de sa discrimination à l’école : » mes propres amis qui me jugeaient m’ont mise à l’écart. A l’école, pendant la pause et dans la cour, on me regardait comme si j’étais la personne la plus sale du monde. Les garçons ne m’approchaient plus. Dans la rue également, les gens me regardaient avec mépris. Ce n’était du tout pas agréable ». Les parents devraient davantage prendre à cœur ce phénomène à Mombele qui fait de nombreuses victimes parmi les filles abandonnées à leur sort et les enfants à moitié éduqués. Les autorités sont appelées à sensibiliser les filles-mères par le biais de divers programmes de sensibilisation du Ministère du Genre, famille et enfants. De même pour le ministère des Affaires sociales priées de renforcer les mesures d’assistance à l’enfant et la mère. Il urge de circonscrire le mal et penser la réinsertion familiale de ces nombreuses filles qui pullulent les coins du quartier Mombele sans réel encadrement.
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