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A Kinshasa, le fléau des pesticides dans l’agriculture urbaine

2021-02-18
18.02.2021
Provinces
2021-02-18
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L’usage massif de produits hautement toxiques dans les cultures de la capitale congolaise et de ses environs est une bombe sanitaire et écologique à retardement.

Un travailleur agricole sur le site maraîcher de Kimwenza, à Kinshasa.

Le Monde Afrique

Il en parle comme de la mission de sa vie. Celle de « préserver la beauté » de son pays, l’un des poumons verts de la planète. A 39 ans, Jean de Dieu Minengu, clinquant professeur d’agronomie à l’université de Kinshasa, a la lourde tâche de coordonner la transition écologique en République démocratique du Congo (RDC), une mission que lui a confiée le président Félix Tshisekedi en février 2020. Dans ce pays grand comme quatre fois la France, les défis de la toute nouvelle Agence congolaise de transition écologique et du développement durable (Actedd) sont titanesques. L’une de ses priorités : la lutte contre les pesticides interdits qui empoisonnent les cultures maraîchères, principalement à Kinshasa.

Pour mesurer l’ampleur du phénomène, Jean de Dieu Minengu sillonne, sous escorte policière, les environs cultivés de la capitale. Ce jour-là, direction Kimwenza, une localité située sur les hauteurs de Kinshasa. Ici, les exploitations s’étendent sur plusieurs hectares. Donatien M., un maraîcher qui fait travailler une dizaine de personnes, assure n’utiliser qu’occasionnellement des pesticides. Mais ses légumes aux feuilles sans défaut laissent Jean de Dieu Minengu sceptique. « Des cultures comme le céleri, le gombo ou l’aubergine sont difficiles à réaliser sans pesticides. On pulvérise trop facilement. Certains produits sont même utilisés pour chasser les serpents », assure-t-il.

L’Afrique ne représente encore que 2 % à 6 % du marché mondial des pesticides, mais le continent est un débouché prometteur pour les traitements agricoles. Confrontés au rejet de plus en plus fort des opinions publiques européennes et aux régulations imposées par Bruxelles, les fabricants ont tout intérêt à se tourner vers le Sud. En 2018, 7 500 tonnes de pesticides « made in Europe » contenant des substances interdites dans l’Union européenne (UE)ont été expédiées dans une vingtaine d’Etats africains, selon l’ONG Public Eye. Les produits chinois et indiens sont également présents en abondance, mais en l’absence de données officielles, les parts de marché des uns et des autres restent difficiles à chiffrer.

Des légumes contaminés au plomb

D’après le professeur Minengu, l’agriculture urbaine génère à elle seule 100 millions de dollars par an (plus de 80 millions d’euros) à Kinshasa et dans ses environs. « Un maraîcher gagne entre 40 et 60 dollars par an par plate-bande de céleri, ça rapporte », souligne-t-il.

Cette économie, perçue par l’Etat comme une réponse au chômage, s’est développée dans la ville de manière anarchique. Le maraîchage, organisé par les Belges pendant la colonisation pour assurer l’approvisionnement de la ville en légumes « européens », s’est répandu à toutes les couches sociales.Dans les années 1990, les tensions politiques et les crises économiques successives ont contraint des familles à cultiver leur lopin de terre en ville. « Parmi les 100 000 maraîchers de Kinshasa, beaucoup sont diplômés. Des fonctionnaires trouvent dans cette activité un revenu complémentaire », explique Jean de Dieu Minengu.

Jean de Dieu Minengu, coordonnateur adjoint de l’Agence congolaise de la transition écologique et de développement durable, à Kimwenza, le 15 décembre 2020.Le Monde Afrique

Face à la pression démographique et foncière – la population kinoise a été multipliée par quinze en cinquante ans, pour atteindre 15 millions d’habitants –, certaines artères de la capitale se sont transformées en zones cultivées, mettant en danger la santé des consommateurs. Une étude parue en 2005 et menée par l’environnementaliste Dieudonné E. Musibono révélait ainsi la contamination au plomb de légumes cultivés le long du boulevard Lumumba du fait du trafic automobile…

Aujourd’hui, le danger provient de l’usage massif d’endosulfan. Cette substance active de la famille des organochlorés, bannie dans plus de 80 pays dont la RDC, est soupçonnée d’avoir causé la mort de treize enfants au Bangladesh en 2012. Une étude menée par Georgette Ngweme Ngakiama, de l’Ecole de santé publique de Kinshasa, a révélé que malgré son interdiction, 94 % des maraîchers kinois utilisent le Thiodan, une marque d’insecticides composée d’endosulfan. La chercheuse craint une bombe sanitaire et écologique à retardement. « Il est urgent de créer un laboratoire de toxicovigilance pour détecter les cas d’intoxication. Consommer régulièrement des produits chargés en pesticides entraînera à long terme une hausse des cancers, des malformations d’enfants, de l’infertilité… », alerte-t-elle.

« On doit miser sur les biopesticides »

Pour se procurer ces pesticides interdits à la vente, il suffit de se rendre dans l’un des marchés de la capitale. Entre deux étals de légumes et pour 2 000 francs congolais (0,83 euro), une marchande ambulante propose deux petits flacons de Thiodan. Aucune étiquette n’indique la composition exacte ou les conseils d’usage à respecter. L’analyse du contenu par un laboratoire indépendant à Vénissieux (France) révèle l’absence d’endosulfan mais la présence de plusieurs substances hautement toxiques et interdites au sein de l’UE, comme la zeta-cyperméthrine, la perméthrine et le chlorpyrifos-ethyl. Neurotoxique, le chlorpyrifos-ethyl est soupçonné d’endommager le cerveau des enfants de manière irréversible, de provoquer des troubles du spectre autistique et d’importants retards de développement.

Chez un revendeur de pesticides au marché de Sendwe, à Kinshasa.Le Monde Afrique

A Kinshasa, des magasins agréés vendent également des pesticides homologués provenant d’Europe, de Chine et d’Inde. Mais ces produits autorisés et moins nocifs sont jusqu’à 20 fois plus chers que ceux écoulés de manière informelle. Des prix qui les rendent inaccessibles pour la plupart des petits maraîchers, réduits à se procurer des produits dans le circuit informel. Le recours à ces pesticides bon marché est d’autant plus dangereux que, mal accompagnés, seuls 5 % des cultivateursont été formés à leur usage, selon la revue International Journal of Innovation and Applied Studies, et peu disposent d’un équipement de protection censé assurer leur sécurité, selon les fabricants.

Pour lutter contre ces mauvaises pratiques, Jean de Dieu Minengu veut croire que son pays réussira le pari de l’agriculture durable. En se tournant notamment vers des alternatives aux produits issus de l’industrie chimique. « On doit miser sur les plantes pesticides, qui font l’objet de recherches à l’université de Kinshasa. C’est un savoir ancestral à revaloriser », prône-t-il. Certaines de ces plantes, comme le neem (margousier) ou le tithonia (tournesol mexicain), sont déjà testées par des associations de maraîchères. Mais s’ils sont naturels, ces biopesticides ne se révèlent pas moins toxiques pour l’homme s’ils ne sont pas appliqués avec soin. Leur développement est une gageure pour la troisième ville d’Afrique, dont la population devrait atteindre 30 millions de personnes en 2050.

Coumba Kane(Kinshasa, envoyée spéciale)
Le Monde / MCP, via mediacongo.net
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TONTON BABOU @7D7ADLF   Message  - Publié le 18.02.2021 à 11:17
LES PESTICIDES SONT UN GRAND DANGER POUR LES POPULATIONS. LE GOUVERNEMENT DEVRAIT S'Y METTRE SERIEUSEMENT EN INTERDISANT D'OFFICE L'IMPORTATION DE CES PRODUITS. LES OCCIDENTAUX ET LES CHINOIS S'ENFOUTENT QUE LE AFRICAINS EN MEURENT POURVU QU'ILS ECOULENT LEURS PRODUITS MORTELS

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