Santé
Une équipe suisse a présenté un nouveau test vérifiant la présence d’anticorps anti-SARS-CoV-2 à partir d’une goutte de sang. Il est actuellement utilisé dans une étude genevoise visant à analyser la dynamique de la transmission du Covid-19 chez les enfants
Il y a tout juste un an, le marché des dispositifs médicaux avait vu émerger des dizaines de tests sanguins rapides censés détecter, en quelques minutes, si une personne était immunisée ou non contre le Covid-19. Ces dispositifs qui fonctionnaient en prélevant deux gouttes de sang au bout du doigt pour les déposer ensuite sur une bandelette s’étaient vite révélés de mauvaise qualité, la faute à une spécificité et une sensibilité faibles rendant leur verdict difficilement interprétable.
Restait alors l’option de réaliser une prise de sang, puis d’envoyer l’échantillon en laboratoire pour analyse. Problème: ces tests, bien que fiables, utilisent des réactifs coûteux (entre 3 à 10 francs suisses environ par unité) et nécessitent d’être effectués par du personnel soignant formé, ce qui représente un obstacle de taille à la réalisation d’études visant à surveiller à grande échelle la prévalence des anticorps anti-SARS-CoV-2 au sein de la population, ou encore pour suivre la réaction du système immunitaire à la suite de l’administration d’un vaccin.
Une étude publiée dans la revue PNAS par une équipe de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), de l’Université de Genève (Unige) ainsi que des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) lève aujourd’hui le voile sur un nouveau procédé permettant d’analyser plus de 1000 échantillons à la fois sur un seul petit appareil, ne nécessitant qu’une seule goutte de sang et utilisant des quantités 1000 fois inférieures de réactifs qu’un test sérologique standard. Ces tests auraient en outre une spécificité de 100% (ce qui veut dire que le dispositif n’a jamais détecté de faux positifs, autrement dit d’anticorps chez des personnes qui n’avaient jamais été infectées par le SARS-CoV-2), et une sensibilité de 98% (soit 2% de faux négatifs, des personnes ayant bien des anticorps que le test n’a pu déceler). Ces résultats ont été obtenus sur la base de l’analyse de 134 échantillons de sang de personnes n’ayant pas contracté préalablement le Covid-19 et de 155 autres ayant obtenu un test PCR positif par le passé.
Potentielles économies
Concrètement, cette nouvelle plateforme consiste en un réseau de très petits tubes taillés dans une puce en plastique dite «microfluide» de la taille d’une clé USB. Pour effectuer le test, les chercheurs introduisent des échantillons de sang individuels et les réactifs dans les canaux de cette puce. Si des anticorps contre le SARS-CoV-2 sont présents, une molécule génère un signal pouvant être détecté au microscope sous la forme d’une lueur fluorescente.
Au sein de leur étude, les chercheurs ont aussi démontré qu’une petite quantité de sang, y compris séché, pouvait être utilisée, éliminant de facto la nécessité de réaliser une prise de sang.
Pour ce faire, les auteurs ont testé trois dispositifs de prélèvement sanguin commerciaux et montré qu’il était possible d’utiliser de simples bandelettes de test de glycémie à faible coût pour la collecte et l’expédition des échantillons, ceux-ci pouvant être stockés jusqu’à six jours à température ambiante avec une dégradation minimale. «Le fait de réaliser des centaines de tests sur une seule plateforme signifie par ailleurs qu’une seule personne peut effectuer plus de tests en moins de temps, permettant de potentielles économies, note Sebastian Maerkl, directeur du Laboratoire de caractérisation du réseau biologique de l’EPFL et coauteur de l’étude, dans un communiqué diffusé ce 3 mai. Si l’on fait un calcul approximatif en tenant compte de tout, y compris des coûts des salaires et des réactifs, cela revient à environ 0,5 franc suisse par test, ce qui est quasiment négligeable.»
Tests dans les écoles et jardins d’enfants
Hormis son coût, cette approche aurait également pour avantage, selon ses concepteurs, de pouvoir facilement être réalisée à la maison, le procédé consistant à effectuer une simple piqûre au bout du doigt avant que l’échantillon soit envoyé à un laboratoire central se chargeant, quant à lui, de son analyse et du renvoi des résultats par e-mail ou via une application de smartphone. «Cette méthode pourrait également être utilisée pour des régions géographiques éloignées qui ne disposent pas d’une capacité de laboratoire suffisante ou, de par son aspect rapide et quasiment indolore, chez l’enfant, note Isabella Eckerle, autre coauteur de l’étude et médecin responsable du Centre des malades virales émergentes des HUG. Cela offre la possibilité d’évaluer les taux de prévalence dans des garderies ou des jardins d’enfants.»
Et justement: il s’avère que ces tests sont actuellement utilisés dans le cadre de l’étude SEROCoV-Schools, lancée au mois de mars par l’Unité d’épidémiologie populationnelle (UEP) des HUG. Cette dernière vise à décrire la transmission du virus SARS-CoV-2 parmi les enfants âgés de 2 à 6 ans et fréquentant les crèches et les écoles du canton de Genève. «L’étude comprend un volet de surveillance qui durera jusqu’à la fin de l’année scolaire et un volet d’investigation dans le cas où des infections devaient survenir au sein d’une école ou d’une crèche, détaille au Temps la professeure Silvia Stringhini, responsable de l’UEP et membre de la task force scientifique Covid-19. Dans ce cadre, nous effectuons systématiquement, au départ, un test PCR oropharyingé ainsi qu’un test sérologique à tous les enfants et enseignants ayant accepté de participer. Puis l’on surveille les symptômes rapportés au cours du temps, ainsi que les tests positifs déclarés au sein de la population d’écoliers, dans les jardins d’enfants ainsi que parmi les éducateurs et professeurs. Dans le cas d’une infection, notre objectif est d’identifier les clusters potentiels en testant non seulement les élèves au sein des classes, mais aussi les familles d’enfants positifs, afin de mieux comprendre dans quelle mesure les plus jeunes sont des vecteurs de l’infection.»
Déjà particulièrement difficile, la démarche visant à convaincre les parents de laisser participer les enfants aurait été encore plus compliquée si les tests sérologiques avaient nécessité une prise de sang. «Le fait d’avoir à disposition ces tests capillaires nous a été particulièrement utile sur le terrain, ajoute Silvia Stringhini. Comme la démarche était expérimentale et que nous sommes encore dans l’attente des résultats, il est encore un peu tôt pour savoir si ces outils sont aussi performants que les tests sérologiques standard. Néanmoins, il est fondamental d’avoir des données sérologiques si l’on veut comprendre la dynamique d’une épidémie, et des méthodes plus invasives auraient été pratiquement impossibles à mettre en place au sein des écoles.»
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