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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Colombie : 5 minutes pour comprendre les violences qui secouent le pays

2021-05-11
11.05.2021
2021-05-11
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Des manifestations contre la corruption se multiplient le pays depuis plusieurs jours. La violente répression policière a fait au moins 26 morts. Malgré tout, les protestataires continuent de descendre dans la rue pour réclamer la démission du président, Iván Duque.

Malgré la peur, ils continuent de descendre dans les rues. Depuis le 28 avril, des centaines de milliers de Colombiens manifestent contre le gouvernement de droite du président Iván Duque, 44 ans. La réforme fiscale, souvent mise en avant, n’est qu’un problème parmi tant d’autres. Ils dénoncent la corruption, l’oubli des minorités et des pauvres. Dans certaines villes, comme à Cali, la police réprime violemment ces protestations pacifiques. Les chiffres officiels recensent au moins 26 morts (l’ONG Tembor en comptabilisait déjà 37 le 6 mai) et plus de 1500 blessés.

Quelle est l’origine de ces manifestations ?

Une réforme fiscale. Pour soutenir l’économie en berne à cause de la pandémie, un projet de loi prévoyait une hausse de la TVA sur l’alimentation, ainsi que l’augmentation de l’impôt sur le revenu de la plupart des Colombiens (en taxant les revenus à partir de 656 dollars, soit 542 euros par mois). Cette Loi de solidarité durable vise principalement les classes moyennes et pauvres, alors que près de la moitié de la population active occupe des emplois informels et que près de 45 % des habitants vivent dans la pauvreté.

Pourtant, « en 2019, la Loi de financement a baissé les impôts pour les riches, au prétexte soi-disant de créer des emplois. Cela a coûté au pays 20,5 milliards de pesos », rappelait dans nos colonnes le sénateur Gustavo Bolívar, l’un des leaders de l’opposition. Le gouvernement tablait ainsi sur une hausse de collecte de 6,3 milliards de dollars sur les dix prochaines années. Mais opposants politiques, syndicats et même des cadres du parti au pouvoir l’ont rejeté en bloc.

Si bien que le président Iván Duque a fait marche arrière : au bout de quatre jours, il a retiré son projet de réforme fiscale, en promettant une nouvelle mouture sans ses points les plus contestés. Son ministre des Finances, à l’origine du texte, a été remplacé.

Que réclament les manifestants ?

Si cette réforme fiscale a bien été l’élément déclencheur de la crise, elle s’intègre dans un projet gouvernemental plus global. « Ce mouvement de contestation, qui à mon sens porte au cœur de sa raison d’être la question sociale, est réapparu plus qu’apparu, explique Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS spécialiste des mouvements sociaux et de la société civile latino-américaine. Il était déjà très puissant juste avant la pandémie : fin 2019, il y avait en Colombie de fortes mobilisations avec les mêmes acteurs, à savoir les syndicats, associations, partis de gauche colombiens. »

A l’époque, le pays était secoué par la réforme des retraites. « Ce mouvement réapparaît à la faveur d’une réforme qui n’est pas tout à fait nouvelle non plus. Duque a été élu sur un programme avec plusieurs projets, que l’on connaît aussi en Europe : réformes des retraites, fiscale, flexibilité du marché du travail sont dans les tiroirs ».

Certains Colombiens expriment aussi leur colère contre un gouvernement qu’ils jugent corrompu. « Les gens pensent qu’on manifeste uniquement contre la réforme fiscale, mais on manifeste contre tout. Contre la corruption pendant la pandémie, contre le glyphosate, contre plein de choses, on n’en peut plus du gouvernement », lâche Natalia Zapata, une photographe de 27 ans, dans une vidéo relayée sur son compte Instagram.

Pourquoi la réponse du gouvernement est-elle si violente ?

Depuis le début, les manifestations sont pacifiques, festives et émergent sur tout le territoire. Mais à Cali, troisième ville du pays, dans le sud-ouest de la Colombie, la panique règne : l’essence vient à manquer et les rayons des supermarchés sont dévalisés. Dans cet épicentre des manifestations, « le pire se pressentait depuis plusieurs jours, souligne la correspondante de Libération en Colombie. Les manifestants, des journalistes, des voisins avaient alerté sur la présence de voitures, le plus souvent des 4x4 de luxe aux vitres teintés, faisant de drôles de rondes, souvent à la nuit tombée. Des passages parfois accompagnés de rafales de tirs inquiétantes, dans différents quartiers ». Des membres de la Garde Indigène, qui défilaient pacifiquement, ont été blessés.

Comme à Cali, certaines manifestations ont été marquées par des violences qui ont fait au moins 26 morts (observateurs et ONG en dénombrent environ 40) et plus de 1500 blessés chez les civils et agents des forces de l’ordre. La vidéo ci-dessous, relayée par le sénateur (centriste) Armando Benedetti, montre Cali en feu. « Les habitants dénoncent les explosions et les abus des forces de l’ordre dans toute la ville », alerte le sénateur sur son compte Twitter.

Tous les jours, Natalia Zapata arpente les rues de Cali « militarisée » avec son appareil photo pour documenter les manifestations. « Actuellement, j’ai peur pour ma vie, celle de ma famille, de mes amis », confie-t-elle dans sa vidéo, émue aux larmes. La photographe évoque « des chars » et une utilisation « disproportionnée » de la force policière.


2, 3 mai 2021. Manifestation et répression dans la ville de Cali (Colombie), épicentre des manifestations depuis le 28 avril 2021. Yeiderman Cortés Yeiderman Cortés

« La réponse est violente pour plusieurs raisons : c’est un gouvernement de droite dure, qui a une culture de la répression, analyse Christophe Ventura. Tout son jeu a été de dire : voilà un mouvement erratique, manipulé par la délinquance, les FARC, les terroristes. Il joue l’ordre contre le chaos. Et c’est vrai qu’il y a dans ce mouvement des violences et des scènes de pillage, car il charrie aussi des gens en rupture sociale et politique. Ils sont également instrumentalisés par les pouvoirs pour disqualifier le mouvement. »

Comment réagit la communauté internationale ?

La répression policière a suscité de sévères critiques, notamment de l’ONU, de l’Union européenne, des Etats-Unis et d’ONG internationales de défense des droits humains. L’ambassade canadienne en Colombie a réagi en condamnant « l’usage disproportionné de la force par les forces de sécurité », et « demande instamment que la violence cesse ». La France reste pour le moment mutique, ce que dénoncent plusieurs élus de la France Insoumise.

Pour l’analyste Laura Gil, « les vidéos (de la répression) sont si nombreuses que les chiffres importent peu » et « avec la militarisation des villes et les abus policiers […] Iván Duque a perdu le soutien de la communauté internationale ».

Anissa Hammadi
Le Parisien / MCP, via mediacongo.net
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