Economie
Le marché des véhicules électriques est le principal moteur de la croissance de la demande de cobalt du fait de son utilisation dans les batteries électriques. Si la hausse des prix du métal conduit certains acteurs à lui rechercher des alternatives, la demande ne devrait pas faiblir à moyen terme.
La hausse de la demande mondiale de cobalt et l’augmentation des prix qui y est liée constituent une bulle spéculative. C’est du moins ce que pense Louis Watum, président de la Chambre des mines de RDC, qui estime que les technologies de substitution du métal dans les batteries électriques devraient en réduire la consommation.
« Je ne suis pas un fan du cobalt [c’est] une bulle qui va éclater », a déclaré lundi, celui qui dirige également la mine de zinc-cuivre-argent de Kipushi, propriété d’Ivanhoe Mines en RDC.
Si la sortie de Louis Watum a été surtout l’occasion d’inviter les investisseurs à s’intéresser plutôt au cuivre congolais, secteur dans lequel sa société est présente, ses propos ne sont pas dénués de fondements. Face à la hausse des prix du cobalt et aux critiques liées à l’extraction du minerai en RDC, les producteurs de batteries électriques et les géants de l’automobile explorent en effet des alternatives au métal. Ceci devrait permettre de réduire les coûts de production des véhicules électriques afin de les rendre davantage accessibles aux consommateurs.
Tesla a ainsi annoncé l’année dernière son intention d’abandonner le cobalt dans la production des batteries utilisées pour ses véhicules. La société d’Elon Musk travaille notamment avec le chinois Contemporary Amperex Technology Ltd. (CATL) pour fabriquer des batteries utilisant peu ou pas du tout de cobalt.
Plusieurs sociétés comme la chinoise SVOLT ont déjà produit des prototypes de batteries sans cobalt, alors que des scientifiques danois et américains ont découvert chacun de leur côté des méthodes de substitution qui sont même plus efficaces que le cobalt.
L’abandon du cobalt n’est pas proche
Les différentes avancées soulignées plus haut peuvent laisser penser que la fin du cobalt comme matériau indispensable dans les véhicules électriques est proche. Il n’en est rien pourtant. À titre d’exemple, alors qu’il collabore avec Tesla pour supprimer le cobalt, CATL a déboursé récemment 137,5 millions de dollars pour prendre une participation dans la mine de cuivre-cobalt Kisanfu en RDC et sécuriser ainsi un futur approvisionnement.
Les compagnies minières, les producteurs de batteries électriques et même les constructeurs automobiles sont par ailleurs plus que jamais impliqués dans l’assainissement de l’extraction du cobalt congolais, afin de rendre, in fine, l’approvisionnement du métal responsable. Ils ne consentiraient logiquement pas ces efforts si le remplacement du cobalt était déjà un projet réaliste à court ou moyen terme.
Pour l’heure donc, la RDC n’a pas de sérieuses raisons de s’inquiéter et peut poursuivre sereinement l’amélioration du paysage minier local. Comme l’a demandé Louis Watum, il faut surtout garantir aux investisseurs davantage de stabilité dans la réglementation, améliorer l’accès à l’énergie et construire des infrastructures pour faciliter le transport des produits miniers vers les points d’expédition.
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Louis Watum, président de la Chambre des mines de RDC