Un ancien Premier ministre se rend ridicule

Tant qu’ils sont aux affaires, la RDC est semblable au paradis parce que tout marche à merveille. Ils sont les meilleurs dirigeants. Mais une fois mis de côté, le pays devient subitement les ténèbres. Tout est mal jugé alors que, si réellement ils avaient érigé des fondations solides grâce à une gestion transparente, l’édifice ne s’écroulerait pas aussi vite après leur départ. Cette drôle de façon de peindre en noir le tableau du pays parce qu’on n’est plus aux affaires dénote d’une certaine jalousie   " mal placée  » comme aiment bien le dire les Kinois.

Pour étayer nos allégations, nous en voulons pour preuve, la dernière sortie médiatique d’un ancien Premier ministre qui a déclaré urbi et orbi que la RDC est un pays sans budget. Nous voulons bien partager ce point de vue. Mais à quelle période remonte cette situation ? En tout cas, elle n’est pas récente. Si nous pouvons comprendre que le pays ait connu pareille gestion obscurantiste à l’époque de la deuxième République caractérisée par un désordre indicible tant sur le plan organisationnel de l’Etat que de la tenue de la trésorerie, rien cependant ne peut la justifier après la démocratisation du pays.

Pourtant, ce  " Premier" est parmi les premiers qui sont arrivés aux affaires après les premières élections réellement démocratiques en RDC après 32 ans de dictature . En principe, c’est sous son règne que le pays devait revivre la gestion saine des finances publiques telle que le tout premier Président de la République Joseph Kasa-Vubu l’avait léguée à la nation. Au contraire, nous avions assisté à une telle désarticulation que le chef de l’Etat a dû intervenir pour remettre de l’ordre pour éviter la catastrophe au pays. Joseph Kabila avait décidé en son temps que des dépenses dépassant un certain seuil soient avalisées par lui. C’est un désaveu implicite qui aurait dû pousser l’occupant de la Primature à rendre le tablier. Rien n’était venu dans ce sens.

Cette Primature-là, nous nous en souvenons, a été marquée par une pléthore historique de ses membres de cabinet dont le chiffre a dépassé le nombre de cinq cents (500). Des conseillers, par manque de locaux, passaient le clair de leur temps sous les arbres. Mais à la fin du mois, le trésor public devait leur payer  des salaires pour des prestations qu’ils n’ont pas rendues.

Cette Primature-là est aussi entrée dans les annales de l’histoire de la RDC suite à la déclaration combien tonitruante du Premier ministre qui a qualifié de  " costaud  " le budget de l’Etat chiffré à 7 milliards de dollars américains. Et si ce budget était de 9 milliards comme c’est le cas actuellement, comment aurait-il été qualifié ? Curieusement et contre toute attente, ce budget costaud n’a laissé aucun impact sur la vie de la nation. Même les bâtiments de la Primature qui dataient tous de l’indépendance du pays n’avaient subi aucune couche de peinture pour donner tant soit peu une image neuve de ce haut lieu de la politique du pays. Nous ne savons pas quelle mine arborent aujourd’hui les anciens occupants de vieillots locaux dont certains abritaient des restaurants de fortune communément appelés  » malewa  » par des Kinois au regard de la transformation totale de la Primature.

Pourquoi n’avoir pas remis les choses en ordre ?

Sans vouloir faire un procès d’intention à l’endroit de cette personnalité qui a stigmatisé la gestion du pays en faisant remarquer que la RDC est un pays sans budget, nous pouvons néanmoins nous permettre de nous poser la question de savoir pourquoi n’avait-il pas remis de l’ordre lorsqu’il était à la tête du gouvernement ?

Aux termes de la Constitution de 2006, c’est le Premier ministre qui gère au quotidien le pays. C’est le gouvernement qui élabore le budget et l’exécute après sa promulgation par le chef de l’Etat une fois qu’il est voté par les deux chambres législatives. Si donc il y a indiscipline budgétaire, il revient à l’Exécutif de sanctionner les auteurs de délits financiers. Qu’est-ce qui a empêché ce grand clerc d’arrêter la gabegie en son temps au lieu de claironner aujourd’hui sur tous les toits ?

A une année de grands enjeux électoraux où les congolais vont se choisir leur futur président de la République et leurs députés nationaux, tous les coups sont permis soit pour se dédouaner soit pour  » ensevelir les concurrents. » La stratégie adoptée par cet Honorable paraît simpliciste. Implicitement il voudrait dire:  »  je n’ai pas bien dirigé parce que je n’avais pas les mains libres ;  d’ailleurs ce pays (RDC) n’a pas de budget. Ce n’est donc pas de ma faute si les choses n’ont pas bien marché lorsque j’étais aux affaires. Mais si vous me votez cette fois-ci, je n’agirai pas comme par le passé étant donné que j’aurai la plénitude du pouvoir ".

Nous devons nous attendre à entendre pareilles déclarations dans les mois à venir. Nous ne devons pas pour autant être déboussolés parce que nous savons à quelle race de politiciens nous avons affaire en RDC. Lorsque sonne l’heure de grands choix, nous assistons à des reniements. L’histoire de trahison n’a pas pris fin avec Judas Iscariote.