Kaboul : à la limite de la surcharge, un avion militaire américain décolle avec 640 Afghans à bord

C’est une image impressionnante qui a circulé ces dernières heures, alors que les évacuations se poursuivent en Afghanistan et que les scènes de chaos se sont multipliées à l’aéroport international Hamid Karzai de Kaboul. Ce dimanche 15 août, alors que les forces talibanes entraient dans la capitale et s’emparaient du pouvoir, des centaines d’Afghans apeurés tentaient de fuir. Ce qui a créé d’importants mouvements de foule dans l’aéroport de la capitale, où l’on pouvait voir des Afghans s’agripper aux avions.

De son côté le gouvernement américain de Joe Biden a décidé, d’envoyer 5000 militaires en Afghanistan pour procéder aux évacuations de leur personnel diplomatique, de leurs ressortissants et de leurs alliés. Dans la cohue et face à ces images d’Afghans désespérés s’accrocher coûte que coûte à l’avion militaire américain, 640 Afghans ont été évacués direction Doha, au Qatar. Une évacuation rocambolesque, décidée in extremis par l’équipe à bord.

Une décision de l’équipage ?

Selon le think tank spécialisé Defense One, cette évacuation de centaines d’Afghans n’était pas prévue par les militaires américains. Mais, ils se sont engouffrés par la rampe à moitié ouverte de l’avion. Selon le think tank, les passagers afghans sont passés par des vérifications et ont été autorisés à évacuer.

L’équipage du C-17, aurait pu faire descendre ces personnes apeurées de l’appareil. A la place, il a pris la décision de partir du tarmac de l’aéroport avec les 640 passagers à son bord. "L’équipage a pris la décision de partir", indique une source anonyme de la défense américaine, qui s’est confiée au Think Tank.

Le C-17 s’est ensuite envolé pour Doha, la capitale du Qatar, où les passagers ont pu être débarqués.

Un record ?

C’est d’ailleurs à ce moment que le chiffre précis du nombre de passagers a pu être connu, lorsque les passagers de fortune sont descendus de l’avion militaire. Les premières estimations parlaient au départ de 800 personnes évacuées.

Cette évacuation rocambolesque frôle d’ailleurs un record en termes de personnes à son bord. L’appareil est, semble-t-il, un des rares qui soit capable d’embarquer autant de monde.

Sur les images on peut voir des centaines de personnes assises, recroquevillés à même le sol du C-17. Parmi elles, des femmes et des enfants. Une technique d’évacuation déjà utilisée en 2013 aux Philippines pour permettre l’évacuation de 670 personnes qui risquaient de mourir à cause d’un typhon. Le typhon Hayan qui avait causé la mort de 10.000 personnes et comptabilisé 2000 disparus.

Selon le département de la défense américaine, environ 2500 troupes ont été déployées en 72h et entre 3000 et 3500 sont attendues.

Quid des Afghans en danger ?

Ce lundi, le directeur d’État-major américain des opérations en cours en Afghanistan expliquait au cours d’une conférence de presse, que près de 700 Afghans qui avaient fait une demande de visas spéciaux avaient pu être évacués en dehors du pays. Ce qui porte à 2000 le nombre d’Afghans ayant été évacués avec le programme de visas spéciaux mis en place par les Etats-Unis.

Face à l’urgence de la situation, depuis que les talibans sont parvenus à prendre Kaboul, la défense américaine a expliqué que les efforts se concentraient désormais, au sein de l’aéroport dont ils ont encore le contrôle, sur l’évacuation de leur personnel diplomatique, mais aussi d’Afghans "at risk", c’est-à-dire en danger. "Notre mission est de sécuriser l’aéroport (international Hamid Karzai, ndlr) afin que nous puissions évacuer, comme dit précédemment, les citoyens américains, ceux et celles qui disposent d’un visa spécial et les Afghans à risque", a indiqué directeur d’État-major des opérations, le major général Hank Taylor.

Le fait est qu’au-delà de ceux qui ont enregistré dans le programme de visas spéciaux, de nombreux Afghans risquent de se retrouver en danger suite à la prise du pouvoir par les talibans. Un phénomène dont est bien conscient le Pentagone qui affirme que leur objectif est bien de pouvoir les sortir du pays.

La situation aurait-elle pu être évitée ?

C’est l’une des questions qui a été posée ce lundi aux représentants des opérations lors d’une conférence de presse du Pentagone, ce lundi. Le fait est que le retrait des troupes américaines a commencé il y a déjà plusieurs semaines et qu’il est prévu de s’achever pour le 31 août prochain. Alors comment est-ce possible que de telles scènes de chaos à l’aéroport international Hamid Karzai aient eu lieu ?

A cette question, le porte-parole du Pentagone, John F. Kirby, a expliqué : "oui, nous avions prévu des opérations d’évacuation de civil dès le mois de mai dernier. Des exercices étaient en cours ici au Pentagone pour expliquer à quoi pourraient ressembler les différentes opérations d’évacuation des non-combattants. Il y en a eu un autre récemment fait il y a à peine deux semaines. Un exercice était également sur la table pour, spécifiquement, examiner ce que donnerait une évacuation à l’aéroport Hamid Karzai en lui-même. Je veux dire spécifiquement à l’aéroport et nous pensons que ces exercices nous ont préparés à avoir les ressources en avant".

Mais, dit-il, la meilleure des préparations n’est pas infaillible. Et la rapidité avec laquelle les forces talibanes ont pris le contrôle du pouvoir et de la capitale a été surprenante. "L’une des choses que nous ne pouvions anticiper et que nous n’avons pas anticipées est la mesure dans laquelle les forces afghanes capituleraient, parfois sans combattre".