Afrique
Alors que l’Afrique n’a vacciné que 3% de sa population, l’OMS appelle une nouvelle fois les pays riches à partager davantage de doses avec le continent, confronté à une troisième vague meurtrière.
«La famine vaccinale est le vrai problème de l’Afrique», déclarait le 8 août le Dr John Nkengasong, directeur de l’Africa Centres for Disease Control and Prevention (Africa CDC), dans un tweet. Alors que la campagne de rappel de vaccination contre le Covid-19 auprès des plus vulnérables vient de débuter en France, l’Afrique souffre toujours d’un manque cruel de doses. Le continent, qui a franchi mardi le cap des 200 000 morts depuis de début de la pandémie, a vacciné moins de 3 % de sa population.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a revu ses objectifs à la baisse : «L’Afrique va manquer l’objectif mondial urgent de vacciner les 10 % les plus vulnérables de chaque pays d’ici la fin septembre.» L’agence onusienne reconnaît que huit pays africains sur dix n’atteindront pas ce taux si le rythme des livraisons de vaccins et de l’administration des doses n’évolue pas.
«Nous ne voulons plus de promesses»
Les appels à l’équité vaccinale n’ont pourtant pas manqué. Le 8 septembre, le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a une nouvelle fois déploré que les pays riches n’aient donné que 15 % du milliard de doses promises aux pays les plus défavorisés. «Nous avons les solutions pour arrêter la transmission [du virus] et sauver des vies. Mais ces solutions ne sont pas bien utilisées ni bien partagées. Nous ne voulons plus de promesses. Nous voulons juste les vaccins !» a-t-il fustigé.
Depuis le début de la pandémie, les pays les plus riches n’ont cessé d’accaparer les doses de vaccins. A lui seul, le Canada a par exemple réservé 9,5 doses par habitant. Pas étonnant, donc, qu’il se retrouve désormais dans le peloton de tête du G20 pour la vaccination, avec près des trois quarts de sa population complètement vaccinée. A ce jour, 80 % des habitants des pays à revenu élevé ont reçu leur première dose, contre 20 % dans les pays à faible revenu. Pour réduire cet écart, l’Union européenne prévoit de donner 200 millions de doses supplémentaires aux pays pauvres d’ici mi-2022, s’ajoutant aux 250 millions déjà promises.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer de telles inégalités. D’abord, l’accaparement des doses par les pays les plus riches a entravé la mission du dispositif Covax, censé garantir aux pays défavorisés de recevoir gratuitement des vaccins financés par des nations plus prospères. Si plus de 20 millions de vaccins sont arrivés en Afrique via le mécanisme en août, soit une quantité égale à celle des quatre mois précédents réunis, l’arrivée de l’ensemble des précieuses doses promises ne s’est pas encore matérialisée.
En cause, selon les fondateurs de Covax, les interdictions d’exportation, la priorité accordée aux accords bilatéraux entre fabricants et Etats, ou encore la difficulté à augmenter la production. Les acteurs du secteur pharmaceutique continuent de s’opposer farouchement à la levée des brevets sur les vaccins, pourtant réclamée par de nombreuses ONG pour réduire les inégalités vaccinales.
La ministre tanzanienne de la Santé, la ministre tanzanienne des Affaires étrangères et l'ambassadeur des Etats-Unis en Tanzanie récupèrent des doses de vaccin, le 24 juillet. (Domasa Sylivester/AP)
Défis logistiques
Les pays africains ne sont pas tous égaux face à la vaccination. Les Seychelles (70 % de la population entièrement vaccinée), l’île Maurice (60 %), le Maroc (43 %) ou encore la Tunisie (16 %) font partie des bons élèves du continent. En revanche, des pays comme la Tanzanie, le Burkina Faso, la République démocratique du Congo, l’Ouganda ou le Tchad n’ont même pas vacciné 1 % de leur population. Et ce même si certains Etats ont reçu des doses. Selon l’OMS, plus de 148 millions de doses ont été reçues en Afrique, mais plus de la moitié des pays ont utilisé moins de 50 % de leurs réserves de doses de vaccin.
Au-delà de l’irrégularité des approvisionnements, certains pays africains se heurtent en effet à des défis logistiques : manque de personnel qualifié, problèmes de financement, de transport ou encore de respect de la chaîne de froid. «Le manque de financement et d’anticipation a contribué à ce que certains pays du continent ne soient pas suffisamment préparés à l’arrivée des vaccins. La présence de nombreux vaccins en Afrique – neuf au total – a ajouté une couche supplémentaire de complexité aux défis logistiques», analyse Richard Mihigo, coordinateur du programme de vaccination et de développement des vaccins au bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.
Le continent fait aussi face à la défiance d’une partie de sa population. Avant d’être confrontée à une troisième vague meurtrière, l’Afrique a longtemps connu une épidémie silencieuse et invisible. Un peu plus de 4 % des personnes décédées du Covid-19 dans le monde l’ont été sur le continent, bien que l’OMS estime que les chiffres sont largement sous-estimés. A cela sont venues s’ajouter les campagnes conspirationnistes sur les réseaux sociaux, alimentées par les souvenirs des scandales médicaux qui ont, à plusieurs reprises, entaché la crédibilité des vaccins occidentaux sur le continent. Mais, face à la flambée des cas cet été, «la population est de moins en moins hésitante à se faire vacciner. La situation s’améliore, nous sommes optimistes», assure Richard Mihigo.
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