Santé
Quinze jours après son apparition en Afrique du Sud, le variant Omicron n’a pas encore livré tous ses secrets. Les dernières études révèlent qu’il serait moins pathogène que prévu, mais plus contagieux. Si les scientifiques y voient plutôt une nouvelle encourageante, l’heure reste à la prudence.
Son apparition a suscité un vent de panique sur l’Europe. À peine identifié, il a entraîné de nombreux pays à suspendre leurs vols avec l’Afrique australe. Son nom, c’est Omicron. Ce nouveau variant du coronavirus, a été détecté pour la première fois le 24 novembre en Afrique du Sud.
Depuis, les données le concernant arrivent au compte-gouttes, mais une lueur d’espoir point ces derniers temps. S’il est plus contagieux, Omicron serait finalement moins dangereux que prévu. Une bonne nouvelle ? C’est un peu plus compliqué que cela. On fait le point.
Une très forte contagiosité confirmée
Cela ne fait gère plus de doute : le variant Omicron est très contagieux. En quelques jours, il est devenu majoritaire en Afrique du Sud. Le nombre de nouveaux cas connaît une croissance exponentielle, passant de 600 par jour il y a deux semaines à près de 12 000 aujourd’hui. Cela s’explique par le fait qu’« Omicron s’accroche mieux aux récepteurs cellulaires ACE2 », précise Hervé Fleury, virologue et professeur au CHU de Bordeaux, joint par Ouest-France.
Pour autant, en Europe et dans le reste du monde, le Delta reste très largement majoritaire. À peine une trentaine de cas du variant Omicron ont été détectés en France. Au Royaume-Uni sa présence est plus forte avec près de 400 cas recensés au total en début de semaine. Faut-il s’attendre à une vague d’Omicron dans les pays du Nord ? « Difficile à dire », estime Hervé Fleury. « Rappelez vous le variant Bêta, à l’époque appelé variant sud-africain. Il avait été présenté comme le variant le plus dangereux qu’on ait vu et finalement, il ne s’est pas diffusé autant que prévu. »
Pour le docteur Michael Ryan, responsable des urgences de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) interrogé par l’AFP, « il est possible qu’Omicron se propage aussi rapidement en Afrique du Sud parce qu’il exploite un déclin de la transmission de Delta ». En résumé, la situation d’un pays ne vaut pas pour tous.
L’OMS a aussi souligné que le variant Omicron semble avoir un taux de réinfection plus élevé, « mais plus de données sont nécessaires pour tirer des conclusions plus fermes ».
Moins pathogène ? C’est possible, mais…
Si le variant Omicron prend le dessus sur le Delta dans le monde, cela pourrait s’apparenter à une bonne nouvelle, même s’il est plus contagieux. Pourquoi ? Car les derniers éléments en date en provenance d’Afrique du Sud évoquent une virulence moindre que son cousin indien, deux semaines après sa détection.
Les premières études menées en Afrique du Sud révèlent que le ratio entre les contaminations et le nombre d’hospitalisations « semble moins élevé que pour Delta », a indiqué Anthony Fauci, le monsieur Covid-19 de la Maison-Blanche, à l’AFP mardi. Il est même allé jusqu’à affirmer que « quelques signes montrent qu’il se pourrait même qu’il soit encore moins grave ». Olivier Véran, ministre de la Santé, l’a également dit lors d’une conférence de presse lundi 6 décembre. Pour l’instant, aucun décès lié à une contamination par ce nouveau variant n’a été recensé par l’OMS.
« Il pourrait, dans l’avenir, devenir un virus commun qui circule lors de la période hivernale sans risque important d’encombrer les hôpitaux », avance Hervé Fleury, virologue et professeur au CHU de Bordeaux. Car c’est bien là l’enjeu de l’épidémie : maîtriser la tension hospitalière.
Pour autant, la communauté scientifique appelle à rester prudent sur ces premières données. Comme le rappelle Anthony Fauci, la population d’Afrique du Sud, pays de près de 60 millions d’habitants, est particulièrement jeune et donc moins susceptible de développer des formes graves de la maladie.
Le scientifique américain affirme qu’il faudra encore « au moins deux semaines » pour confirmer cette thèse. « Les hospitalisations puis les décès surviennent après les infections, donc il faut tenir compte du délai avant que certaines personnes infectées ne développent des formes graves », précise Florence Débarre, chercheuse au CNRS et spécialiste de biologie évolutive, dans les colonnes du Parisien mercredi.
Faut-il craindre une résistance au vaccin ?
C’est l’une des principales inquiétudes des autorités de santé. Mais ce matin, l’OMS a tenu à rassurer en affirmant qu’il « n’y a aucune raison de douter que les vaccins actuels protègent » contre Omicron.
Une première étude de l’Africa Health Research Institute publiée mardi 7 décembre tempère quelque peu ces propos. Les scientifiques ont comparé deux types de profils : d’un côté des personnes qui ont reçu deux doses de vaccin Pfizer et de l’autre des personnes qui ont été infectées par le Covid et ont reçu une dose du même vaccin. « Les résultats sont meilleurs pour la deuxième catégorie de gens, précise Hervé Fleury. Ils présentent suffisamment d’anticorps pour neutraliser Omicron ce qui est moins vrai pour les autres. »
C’est aussi ce qu’a constaté Anne-Claude Crémieux, spécialiste de maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Louis à Paris, sur franceinfo mercredi. « Il y a une baisse de l’efficacité du vaccin, qui a l’air importante », estime-t-elle. « Importante mais partielle », a-t-elle ajouté.
Le virologue du CHU de Bordeaux Hervé Fleury voit en cette étude menée sur seulement douze personnes « un verre à moitié plein et à moitié vide. D’un côté, c’est rassurant, car on se rend compte qu’il y a encore des anticorps neutralisants, et de l’autre, les personnes vaccinées deux fois et qui n’ont pas été infectées peuvent basculer dans la catégorie des gens susceptibles de développer une forme grave de la maladie ». Pour lui, il n’y a qu’une solution : la troisième dose. « Il faut faire sa dose de rappel dès que possible », appuie-t-il. Anne-Claude Crémieux le rejoint également sur ce point.
Les laboratoires Pfizer/BioNTech n’ont pas tardé à évacuer le sujet dans la matinée en assurant, après la réalisation d’une étude, qu’une troisième dose de leur vaccin « fournit un niveau d’anticorps neutralisants contre Omicron similaire à celui observé après deux doses ». Ils prévoient tout de même de développer un vaccin adapté à ce nouveau variant d’ici mars.
« On a encore beaucoup de choses à apprendre de ce variant »
Quinze jours après sa découverte, le variant Omicron suscite encore beaucoup de questions et d’incertitude. « Il nous reste beaucoup de choses à apprendre, appuie Hervé Fleury. Les résultats de l’étude sud-africaine sont intéressants, mais le panel est très réduit avec seulement douze personnes ». D’autant que la détection d’Omicron ne date que de deux semaines : un délai insuffisant pour vraiment mesurer son impact, après une infection, sur les hospitalisations ou les décès.
« Il est prématuré de dire « on va avoir une pandémie générale d’Omicron » ou bien « ce variant ne va pas se développer »», affirme le virologue et professeur du CHU de Bordeaux. Pour lui, la seule chose à faire en attendant d’en savoir davantage est de ne pas relâcher sa vigilance, « d’appliquer les gestes barrières et de faire sa dose de rappel ».
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