Provinces
Huit mois après avoir été décrété par le chef de l'État, Félix-Antoine Tshisekedi, l'état de siège en Ituri est à l'heure de son évaluation.
C'est ce qui explique la sortie médiatique fait le week-end dernier par le gouverneur de province de l'Ituri, le Lieutenant général Johnny Luboya.
Quid du bilan ?
Ce dernier a énuméré les premières actions de son administration, notamment la sécurisation de la ville de Bunia, la réouverture de la RN4 et la RN27, la récupération de grands bastions de groupes armés notamment Kobu, Bambu, dans le territoire de Djugu ainsi que les localités de Tchabi et Boga, dans le territoire d’Irumu, qui ont également recouvré la paix.
La deuxième phase des opérations a-t-il poursuivi, était consacrée à la poursuite de l’ennemi dans son retranchement de Mungwalu, en passant par Bambu, Kobu, Nyangaray, jusque dans d’autres localités avoisinantes récupérées par les forces armées.
Par ailleurs a dit le gouverneur militaire, les Fardc (Forces armées de la République démocratique du Congo), ont facilité, ensemble avec les casques bleus de la Monusco (Mission de l'ONU pour la pacification de la RDC), l’escorte des convois de véhicules et camions entre Komanda-Luna.
Dans le même ordre d'idées, et en vue d’enrayer les cas des embuscades sur le même tronçon par les bandits armés, les FARDC et les casques bleus de la Monusco, se sont engagées dans les travaux de suppressions de bourbiers.
Quelques infrastructures réhalitées
D'autre part, le Lieutenant Général Johnny Luboya s’est dit satisfait du niveau de réalisation des travaux de réhabilitation de la RN27 Bunia-Mahagi, Bunia-Kasenyi, Makeke-Mambasa, exécutés par les entreprises privées grâce au financement de son gouvernement.
Il a également relevé d’autres travaux financés par son administration à savoir : la réhabilitation du bureau administratif du territoire d’Irumu, vandalisé par les forces négatives ; les travaux de modernisation du gouvernorat de province, de l’hôpital général de référence de Bunia avec la construction d’une clinique VIP, ainsi que la réhabilitation de l’hôpital général de Boga.
Il a certes reconnu que, les efforts restent encore à fournir, en vue d'atteindre les résultats escomptés. «Nous ne pouvons pas dire que nous avons tout fait, mais nous disons qu’avec le peu que nous avons réalisé, nous voulons faire beaucoup avec le peu que nous avons», a-t-il souligné.
Le pessimisme persiste
Pour plusieurs analystes, l'état de siège n'a pas donné de résultats escomptés jusque-là, malgré les promesses faites le 3 mai 2021 par le chef de l'État, Félix-Antoine Tshisekedi.
"J'ai entendu le cri de détresse de notre population et je ressens les douleurs qu'éprouvent nos mères, nos soeurs, nos filles dans ces provinces ravagées par la barbarie", avait-il dit sur les antennes de la RTNC, la télévision nationale congolaise, trois jours après avoir décrété l'état de siège en Ituri et au Nord-Kivu.
En novembre 2019, M. Trésor Kibangula, chercheur du Groupe d'études sur le Congo (GEC), avait indiqué que, le mouvement ADF se revendique comme islamique et s'est radicalisé depuis 2015 (...) son nouveau chef Musa Baluku ayant opéré un rapprochement avec le groupe Etat islamique (...), mais les ADF opérant dans une zone essentiellement animiste et chrétienne ne sont pas dans une logique de conversion des populations ".
Pas de guerre sainte dans l'Est de la RDC, certes, mais des tueries qui n'en finissent pas.
A la fin 2019 indiquait ce chercheur, les ADF étaient accusées d'avoir massacré plus de 1000 hommes, femmes et enfants dans le territoire de Béni.
Depuis 2017, dans les provinces de l’Ituri, du Nord et du Sud-Kivu (non concernée par l'état de siège), les violences avaient occasionnées la mort de 4.592 personnes, avait encore dit ce chercheur du GEC.
Une multitude des groupes rebelles
Par ailleurs, des études affirment que, 122 groupes rebelles sont recensés dans l'Est de la RDC. La rébellion d'origine ougandaise est incontestablement la plus meurtrière, mais elle est loin d'être la seule.
Selon le groupe d'experts du baromètre sécuritaire du Kivu (KST), des dizaines de groupes armés plus ou moins importants sont encore actifs dans l'Est de la RDC. Le KST donne un nombre de 122.
Pour en venir à bout, le 6 mai 2021, les autorités civiles du Nord-Kivu et de l'Ituri ont donc été mises sur la touche, remplacées par des militaires.
Rapidement, les conditions de cet état de siège et le choix des personnalités chargées de le conduire, avait soulevé l'inquiétude des organisations de défense des droits humains. Dans un communiqué intitulé "L’état de siège dans l’Est de la RD Congo ne doit pas servir de prétexte pour commettre des abus", l'Ong internationale Human Rights Watch (HRW) avait souligné que, "en vertu des ordonnances proclamant l’état de siège, les autorités militaires sont habilitées à perquisitionner les domiciles de jour et de nuit, à interdire des publications et des réunions considérées comme portant atteinte à l’ordre public, à interdire la circulation des personnes et à interpeller quiconque pour perturbation de l’ordre public. Les civils seront poursuivis devant des tribunaux militaires, ce qui est contraire aux normes régionales."
HRW avait par ailleurs noté que, "le profil des nouveaux gouverneurs militaires de ces deux provinces ne peut qu’accroître les inquiétudes au sujet des droits humains et de la protection des civils (...).
La réforme des Fardc : l'une des solutions ?
Dans les colonnes de l'hebdomadaire Jeune Afrique paru en mai 2021, Jean-Jacques Wondo, analyste sécurité, mettait déjà les autorités de la RDC en garde. Pour lui, : " L’armée est plus un problème qu’une solution en RDC, et cela restera le cas, tant qu’elle ne sera pas réformée en profondeur ". Cet analyste considérait que, " installer l'armée à la tête des deux provinces (NDLR : Ituri et Nord-Kivu) étant donné son état de délabrement structurel et fonctionnel, revient à mettre la charrue avant les boeufs", avait-il averti.
Au regard de toutes les critiques et analyses ci-haut évoquées, les congolais, particulièrement ceux des provinces concernées par l'état de siège, attendent des résultats susceptibles de leur ramener la vie normale qu'ils ont perdu depuis près de deux décennies. Certes, des efforts ont été fournis, mais beaucoup reste encore à faire.
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Lieutenant Général Johnny Luboya Nkashama, gouverneur militaire de l'Ituri