Politique
L’implication d’un membre de la famille présidentielle d’une part, et du corps d’élite de l’armée de l’autre explique sans doute ce mutisme.
Au lendemain de la folle journée du mercredi 12 janvier qui a vu la garde rapprochée de Jean-Marc Kabund brutaliser physiquement un élément de la Garde Républicaine qui conduisait, rapporte-t-on, un des membres de la famille du Président de la République, et la «descente punitive » au domicile du premier vice-président de l’Assemblée nationale, la Chambre basse et l’UDPS officiel, jusqu’au moment où nous mettons sous presse, n’ont toujours pas réagi.
Quarante-huit heures après ces malheureux événements, aucun animateur des instances officielles n’a daigné s’exprimer sur ces incidents qui ont sérieusement écorné l’Etat de droit que prône le parti tshisekediste au sommet de l’Etat. Des observateurs se demandent ce que signifie ce silence quand on sait que celui qui est au centre de cette affaire de bout en bout, en amont comme en aval, est l’un des hommes forts du pouvoir de Fatshi !
A part les combattants qui ont donné de la voix hier matin, et constitué un véritable bouclier humain autour de la résidence de leur président, rien d’autre n’est sorti de l’UDPS. En tout cas rien d’officiel.
Ce mutisme amène les observateurs à se perdre en conjectures sur les tenants et aboutissants de graves incidents d’avant-hier. Des questions se bousculent. Simple coïncidence ? Règlement de comptes ? Version congolaise de la révolution qui bouffe ses propres enfants ? Ce qui est certain, les jours à venir apporteront un peu de lumière à ce questionnement. Même alors, il y aura un avant et un après «attaque de la résidence de Kabund».
Motus et bouche cousue au Bureau de l’Assemblée nationale
Outre l’UDPS officielle, l’opinion ne s’explique pas que le Bureau de l’Assemblée nationale ou tout au moins son président tarde encore à réagir à l’attaque du domicile du premier vice-président de la Chambre. Car, il s’agit d’un cas de violation de domicile d’un citoyen, d’un élu, et qui, plus est, d’un membre du Bureau de la Chambre basse du Parlement.
Pour nombre de Congolais, quelle que soit la faute qu’aurait commise antérieurement Jean-Marc Kabund, rien ne pouvait autoriser les éléments de la Garde républicaine à violer son domicile. Si plainte devait y avoir, soutient-on, c’est au niveau de l’Auditorat militaire que le lésé aurait dû se plaindre pour d’éventuelles poursuites judiciaires.
Même là aussi, on s’interroge sur le silence de l’institution mère de l’Etat de droit qu’est le Parlement, en l’occurrence l’Assemblée nationale. On pouvait s’attendre au minimum à un message de protestation contre la violation de la propriété du député Kabund, ou à un message de solidarité voire de sympathie par rapport au saccage de sa résidence, indépendamment des raisons qui ont conduit à ces incidents.
Peut-être que dans les deux situations, le cas Kabund est suffisamment sensible pour que l’on se prononce sans tourner sa langue 7 fois, l’homme étant un pilier du régime. Quelque part, la deuxième personnalité de l’Assemblée nationale a maille à partir avec d’une part, un membre de la famille présidentielle – le propriétaire de la Toyota Range Rover – et d’autre part, le corps d’élite de l’Armée. On ne peut affronter impunément ces deux-là. Avec recul, ces enjeux expliquent peut-être ce double silence.
Rappel des faits
On explique que des éléments de la Garde républicaine ont attaqué la résidence du premier vice-président de l’Assemblée nationale, dans la nuit du mercredi 12 janvier à la suite d’un incident survenu la journée.
Selon des sources, lors d’un accrochage sur la route des Poids lourds à Kingabwa dans la commune de Limete, des éléments de la police commis à la sécurité de Jean-Marc Kabund ont procédé à l’arrestation et au désarmement d’un élément de la garde républicaine. Celle-ci aurait mal digéré l’incident. Tard la nuit, ses compagnons d’armes se sont rendus au domicile du président de l’UDPS. La suite, on la connait.
Des voix s’élèvent déjà pour solliciter l’implication personnelle du Chef de l’Etat afin de ramener la sérénité, surtout au sein du parti.
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