Quatre ans après son exil forcé aux USA, le pasteur François David Ekofo sort de son silence

Quatre ans après son exil forcé aux États-Unis d’Amérique où réside une partie de ses enfants, le pasteur protestant François David Ekofo est enfin sorti de son silence. Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux datée du 20 janvier 2022, le pasteur protestant parle pour une première fois.

Les ennuis du pasteur protestant débutent à l’occasion de la commémoration du 17ème anniversaire de l’ignoble assassinat de l’ancien président de la République, feu Mzée Laurent-Désiré Kabila. Retransmis en direct à la télévision nationale et en présence des membres de famille de Joseph Kabila, des responsables des institutions du pays et des courtisans de la dernière heure comme le premier ministre Bruno Tshibala ; le culte d’actions de grâce restera dans les annales.

Ce jour-là, le Révérend François David Ekofo, héraut de la bonne gouvernance et de l’alternance démocratique administrait à tous et à chacun, présents et absents ; une leçon de « bonne gouvernance » qui rester dans les mémoires.

La fin de la prière affichera les premiers signes en commençant par ce « geste d’humeur » de Mme Olive Lembe Disita, épouse Joseph Kabila à la ville qui refuse de le saluer comme ça se fait de coutume après le culte. Mais aussi ces propos d’un cadre du PPRD et ministre du gouvernement déjà rapportés par notre site : « « Maintenant que vous avez allumé le feu, j’espère que vous tiendrez bien le coup… ».

Que voudrait signifier ces paroles pour les moins ambigus mais surprenant à l’endroit du pasteur Ekofo de la part d’un haut responsable du parti au pouvoir de l’époque et pourquoi les avoir prononcées se demandaient déjà certains collègues du pasteur Ekofo ?

La réponse vient du pasteur Ekofo lui-même : « l’objectif était de l’arrêter dans les heures qui suivaient avant de le liquider » en confirmant qu’il avait été bel et bien l’objet de menaces de mort de la part du régime Kabila. De sa sortie de son domicile sous la protection des forces de Mission des Nations unies au Congo (Monusco) sur demande de plusieurs ambassades étrangères accréditées à Kinshasa, le pasteur relate tout.

Du régime de Félix Tshisekedi

Alors que bon nombres d’exilés sont rentrés au pays depuis l’avènement de Félix Tshisekedi à la tête du pays, le pasteur François David Ekofo n’a pas sauté le pas pour des raisons qu’il n’a pas évoqué au cours de cette rencontre.

Contrairement au « climat délétère » et au « pessimisme ambiant » dans le pays contre le nouveau régime, le pasteur Ekofo estime que Félix Tshisekedi est celui que Dieu utilise comme Jean-Baptiste pour baliser le chemin et il est chargé de remettre le pays sur les rails et qu’il faut beaucoup prier pour lui.

Se basant sur la « prophétie » de Simon Kimbangu dite depuis trop longtemps et dont il partage la foi, le pasteur Ekofo rappelle que certes il viendra « des moments difficiles mais l’actuel chef de l’État n’est pas celui qui lancera le développement de la RDC, il est plutôt celui que Dieu utilise comme Jean-Baptiste pour préparer la transition. Il est chargé de remettre le pays sur les rails, afin que le développement s’en suive par celui ou ceux qui viendront après lui ».

Malgré « le faux départ qu’il a eu en acceptant de diriger avec un parti qui est resté au pouvoir 18 ans [PPRD NDLR] sans rien faire ; il faut beaucoup prier pour notre Président et notre pays » conclut-il.

Une vraie douche froide

Pour un rappel des faits, ce fut une douche froide à « la face des autorités congolaises et courtisans » présents dans le Temple protestant en ce mardi 16 janvier 2018 notait un spectateur. Etalant toutes les insuffisances du régime Kabila de l’époque, le pasteur Ekofo aboutit à l’humiliante conclusion que « nous sommes en situation de non Etat ».

C’est fut têtes baissées, confus et mine de mauvais jours que toute l’assemblée avait encaissé toutes ces vérités qui font mal. « On aurait cru entendre ce jour-là un Cardinal Monsengwo protestant parler » explique un participant à la fin du culte.

« L’Etat Congolais n’existe pas. Nous devons léguer à nos enfants un pays de droit où tous les hommes sont égaux, tout le monde doit être traité sur un même pied d’égalité par la justice quel que soit son rang » avait martelé le prédicateur du jour. Et de poursuivre : « Le Congo nous appartient, Dieu a donné la gestion du pays aux Congolais, pas aux étrangers et c’est devant Dieu que les congolais rendront compte. Dieu nous a donné beaucoup de richesses, il nous jugera sur base de ce qu’il nous a donné ».

Du délabrement de l’état général du pays et à l’endroit de tous, le pasteur Ekofo avait rappelé que : « Quand on parcourt l’Afrique, il y a des routes qui permettent aux gens de circuler librement mais c’est seulement en arrivant à la frontière de la RDC qu’on remarque qu’il n’y a pas de route. Que ce soit du côté Nord ou Sud, c’est la même chose. Pourtant la libre circulation des personnes et des biens pourra permettre aux Congolais de se connaitre davantage et d’apprendre à cohabiter. La libre circulation permet aussi de consolider l’unité nationale ».

Et de finir son sermon par cet avertissement directe et sévère aux pays voisins de « Ne pas être tenter de prendre une partie du Congo car même s’il est faible aujourd’hui, il se réveillera un jour et nos enfants récupéreront ce que les voisins ont ravi ».