Dossier
Ce 19 décembre 2016, la République Démocratique du Congo sera à un tournant critique de son histoire avec le délai de la fin du mandat du président Joseph Kabila, à qui la Constitution interdit de se représenter et l’impossibilité pour le peuple congolais d’élire la personne devant lui succéder.
En effet, vers la fin de l’année 2015, le gouvernement Matata révélait que la situation de crise financière mondiale (qui affectait aussi l’économie nationale), tout comme la guerre à l’Est du pays, le rendait incapable de prendre les mesures constitutionnelles pour organiser les élections dans les délais impartis. Ce que réfuta l’opposition considérant qu’il ne s’agissait-là ni plus ni moins que des manœuvres dilatoires du président Kabila pour se maintenir au pouvoir ouvrant ainsi le débat de la crise politique sur les prochaines échéances électorales ; la succession du président Kabila ; et la passation à venir du pouvoir.
Pour résoudre cette situation d'impasse électorale, le président Kabila en appellera au sens élevé de la Nation et organisera, sous l’égide de la communauté internationale, un dialogue national inclusif pour qu’au travers de ce consensus politique un processus électoral crédible, mais surtout apaisé, puisse avoir lieu.
Bien qu’avec peine et moult rebondissement, puisque finalement boycotté par une frange de l’opposition, ce Dialogue national, sous la modération de l’ancien Premier ministre Togolais Edem Kodjo, débouchera sur un accord politique et une feuille de route fixant en avril 2018, les élections présidentielles couplées aux législatives et provinciales tout en maintenant à son poste durant toute cette période transitoire, le « président sortant » Joseph Kabila ; comme, par ailleurs, l’avait déjà stipulée la Cour Constitutionnelle en mai 2016 dans son célèbre arrêt en interprétation au sujet de la date de la fin du second mandat du chef de l’Etat si la présidentielle n'est pas organisée dans les délais constitutionnels.
Si, en vue de faciliter cette transition, un gouvernement d’union nationale est désormais en formation et, bien que, le poste de Premier ministre fut attribué à l’opposition en la personne de Samy Badibanga, il se fait toutefois que la frange de l'opposition – unie dans « Le Rassemblement » autour d’Etienne Tshisekedi – qui ne s'était pas jointe au dialogue ainsi que des mouvements citoyens entendent toujours vouloir un soulèvement populaire le 19 décembre pour faire échec à ce qu'elle estime être « un coup d'État constitutionnel ».
Face à cette situation de tension qui ne cesse de s’amplifier à l’approche de la date butoir et qui, d’autre part, est attisée par des manifestations et démonstrations de force de chaque faction, dont jusqu’ici le point culminant fut les évènements sanglants de septembre 2016 où – suivant le bilan du gouvernement ou de l’ONU – 30 à 50 personnes ont trouvé la mort, l’Eglise catholique, encouragé en cela par le président lui-même, tente ces dernières semaines, une médiation de la dernière chance entre d’une part les signataires de l’accord d’octobre et d’autre part, ceux qui avaient boudé le Dialogue national.
Si jusqu’à présent ce « nouveau dialogue » – invitant de manière désespérée chaque camp à une « réponse consensuelle » à la crise politique – semble avoir apaisé les tensions, cependant concrètement dans les faits, cette course contre la montre se révèle être plus ardue que prévue tant chaque clan ne cesse de souffler le chaud et le froid avec des déclarations tantôt incendiaires et intransigeantes tantôt conciliantes.
Et bien que l'opposition ne semble cependant pas avoir mobilisé ses troupes outre mesure en vue de manifestations. Signe néanmoins d'une certaine fébrilité, le gouvernement a demandé depuis jeudi aux opérateurs internet de filtrer ou couper les réseaux sociaux à compter de 23h59 dimanche et aux forces de l’ordre de se déployer dans les principales artères de la capitale et des provinces.
Bref, l'incertitude plane toujours sur les chances de conclusion d'un accord politique permettant de trouver une sortie de crise avant la fin du mandat du président Joseph Kabila le 19 décembre à minuit ainsi que sur les conséquences ou évènements à venir en cas dudit échec…
MCN Team / RTBF
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