Dossier
L'affaire fait actuellement grand bruit sur les rives du fleuve Congo et la scène internationale. Clément Kanku, le député national et ministre honoraire, se trouve au-devant de la scène depuis les révélations, par le très sérieux journal américain New York Times, de son implication présumée dans les massacres des civils, militaires, policiers et autres fonctionnaires onusiens dans l’espace Kasaï.
Il s'agit d'un échange téléphonique qu'aurait eu le député Clément Kanku, par ailleurs ancien ministre avec un milicien présumé Kamuina Nsapu dans les Kasaï devenus depuis peu l'épicentre de la violence sous toutes ses formes en RD Congo.
L'enregistrement audio - en fait des écoutes téléphoniques réalisées par les Services congolais de renseignements - diffusé sur les réseaux sociaux, à ce qu'on dit, a été capturé de l'ordinateur d'un des experts onusiens tués en mars dernier en la personne de Michael Sharp. Très accablant, il l'est pour Clément Kanku à qui le membre supposé du Kamuina Nsapu donne des détails sur une attaque en cours.
Pendant que la justice militaire s’apprête à ouvrir le dossier des auteurs présumés des massacres, l’autre versant de l’affaire se trouve être celui des commanditaires, où Clément Kanku est abondamment cité. Sans aller vite en besogne, tous les paramètres d’un dossier susceptible d’être pris en charge par la Cour Pénale Internationale sont perceptibles à l’œil nu. Les éléments d’informations fournis par le New York Times paraissent si concordants que d’aucuns voient déjà Clément Kanku en route pour le quartier pénitencier de cette juridiction, à La Haye.
Clément Kanku, l'unique suspect ?
D’aucuns pensent que non. Car, avant que son nom n’apparaisse au niveau des médias, des enquêtes de la justice militaire congolaises ont ciblé sept officiers supérieurs et sous-officiers des FARDC, sans compter de nombreux miliciens, dont certains étaient relâchés en marge des missions de bons offices des autorités tant nationales que provinciales, et d’autres toujours en détention préventive. Il y a tellement de personnalités politiques et notables, cités à tort ou à raison, dans l’affaire Kamuina Nsapu ainsi que tant d’éléments sonores et filmés, que la liste des candidats à la CPI risque de s’allonger.
Par ailleurs, pour autant qu'elle soit authentique, cette enregistrement ne manquera pas d'apporter de l'eau au moulin de tous ceux qui pensent que le chef de l'Etat congolais est impliqué dans les violences aux Kasaï. On en vient même à se poser la question suivante: le pouvoir congolais est-il derrière l'assassinat des deux experts onusiens ?
En tout cas, on voudrait bien absoudre les autorités de Kinshasa à bons comptes, si dès qu'il a été saisi de l'affaire, il avait pris des sanctions, ou pour le moins entrepris une enquête sérieuse sur ces éléments à l'encontre du député Clément Kanku.
Mais au lieu de cela, le député indélicat a été promu au rang de ministre du Développement en décembre dernier dans le gouvernement de Samy Badibanga jusqu'à la démission de son gouvernement en début avril alors même que les autorités connaissaient l'existence de ces enregistrements pour les avoir réalisés !
L'Etat congolais a-t-il choisi de couvrir l'élu du Kasaï ? Et pour quel(s) mobile(s) ? La question mérite d'être posée...
Autres questions tout aussi pertinentes: qui a choisi de rendre publiques ces deux conversations téléphoniques et de les mettre en ligne, sachant que ce n'est pas le New York Times ? Qui a donc, demandons-nous, balancé ces éléments et à quelles fins ?
Certes, depuis les révélations du New York Times, le Procureur général de la République dit avoir ouvert une enquête judiciaire afin de situer les responsabilités mais, connaissant toute les implications que cela entraineraient tant au niveau nationale qu'internationale, cette démarche p-t-elle réellement aboutir ?
Un peu comme pour les massacres de Beni - où l’on n’attend toujours les traces d’une quelconque enquête pour désigner les commanditaires - les Congolais dans leur ensemble attendent avec impatience que toute la lumière soit faite sur ces affaires de tueries de leurs frères, victimes d'un embrasement venu d'on ne sait où ? Incité par qui ? Et pourquoi ? D’autant que cette fois-ci, il existe des preuves matérielles tangibles pouvant... parler.
Source: Le Pays/RFI/Le Phare/MCN, via mediacongo.net
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