Dossier
Moise Katumbi, l'ancien Gouverneur du Katanga, à qui le régime de Kabila promettait un châtiment très sévère. « Il se retrouvera entre les mains de la justice », déclarait récemment Léonard She Okitundu, ministre congolais des Affaires étrangères, s'est pourtant vu refuser ce vendredi 03 août le droit d'entrer en RDC où il est pourtant sous le coup d'un mandat des autorités judiciaires par suite de sa condamnation dans une affaire de spoliation de biens et parce qu'il est recherché pour une tentative de déstabilisation du régime en place par le recrutement de mercenaires.
Dès jeudi, les pressions de Kinshasa se sont accumulées pour Moïse Katumbi. Dans un premier temps, ce sont les autorités aériennes congolaises qui ont interdit au jet privé de l’homme d’affaires d’atterrir à l’aéroport Luano de Lubumbashi. Puis, le maire de la capitale de l’ex-Katanga a ensuite informé l’ancien gouverneur que son retour n’était pas souhaitable en ville et pouvait créer des troubles à l’ordre public. Enfin, le parquet a prévenu dans un communiqué, que Moïse Katumbi était « inculpé » pour « atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’État » et qu’il serait « en état d’arrestation immédiate » en cas de retour.
... Et Katumbi de tenter le forcing par la Zambie
Vendredi matin, alors que les points stratégiques de Lubumbashi étaient sous contrôle policier et la route de l’aéroport interdite, les proches de Moïse Katumbi ont annoncé renoncer à prendre l’avion pour la République démocratique du Congo et décidé de passer par la Zambie voisine. L’opposant a rejoint la ville de Ndola, au nord de la Zambie, en jet privé, avant de prendre la route pour Kasumbalesa, la ville frontière congolaise.
A Lubumbashi, la route vers Kasumbalesa a été mystérieusement bloquée par des camions, empêchant la délégation du mouvement de Katumbi, Ensemble, de rejoindre la frontière. Au poste de Kasumbalesa, la tension est montée d’un cran dès l’arrivée du convoi de Moïse Katumbi sous escorte zambienne. Côté congolais, les forces de l’ordre ont riposté aux manifestants en tirant en l’air et un camionneur tanzanien a été légèrement blessé, selon la police congolaise.
Après plusieurs heures d’attentes au poste frontière zambien, l’homme d’affaires a décidé de rebrousser chemin vers Ndola et de revenir tenter sa chance ce samedi. « Le régime interdit mon atterrissage et barricade la frontière » a fustigé l’opposant sur Twitter. « Mon crime ? Vouloir entrer dans mon pays et déposer ma candidature. En tentant de me bloquer, on veut retirer aux Congolais leur droit à de vraies élections. »
Mais d'après les autorités congolaises, les activités de la douane se sont déroulées normalement avec, certes, un certain ralentissement à Kasumbalesa mais c’est plutôt Moïse Katumbi qui n’aurait pas obtenu de la douane zambienne l’autorisation d’entrée en RDC pendant plusieurs heures et a du rebrousser chemin vers Ndola.
Bemba prend de l’avance… sans Katumbi
Deux jours après le retour triomphal, mais tout aussi tendu, de l’ancien vice-président et sénateur Jean-Pierre Bemba à Kinshasa et le dépôt de sa candidature sans difficulté à la CENI le lendemain, on ne peut que s’interroger sur la différence de traitement avec Moïse Katumbi, que visiblement Kinshasa n’a pas envie de voir concourir à la présidentielle de décembre. Autant les autorités ont facilité le retour de Bemba après son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI), autant elles ont été intraitables avec l’ancien allié de Joseph Kabila.
Enfin, après cette incroyable journée qui ressemble surtout à un baroud d’honneur de Katumbi, on peut aussi se demander si les chances de voir l’ancien gouverneur déposer sa candidature aux élections, ne sont pas en train de s’éloigner… inexorablement. Car au même moment, à Kinshasa, le paysage politique continue de se recomposer à grand pas. Jean-Pierre Bemba est revenu au Sénat reprendre sa place, perdue il y a 10 ans, et s’est affiché désormais aux côtés de Félix Tshisekedi (UDPS) et Vital Kamerhe (UNC). Comme un goût d’union sacrée de l’opposition… mais pour le moment sans Moïse Katumbi.
Afrikarabia /MCP, via mediacongo.net
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