Dossier
C’est donc la rupture entre Joseph Kabila, « Autorité morale » du FCC (Front Commun pour le Congo), et Modeste Bahati, « Autorité morale » de l’Alliance des forces démocratiques du Congo et Alliés (AFDC-A). Suspendu ce mardi 09 juillet 2019 pour une durée indéterminée du FCC, Modeste Bahati Lukwebo a décidé de claquer la porte le lendemain.
C’en est donc fini avec la petite guéguerre autour de la multiplicité des candidatures à la Présidence du Sénat. Le FCC qui réitère son soutien à Alexis Thambwe Mwamba a décidé d’en découdre avec la confusion. Ainsi, au terme d’une déclaration dévoilée mardi à Kinshasa, le FCC a constaté l’auto-exclusion de Modeste Bahati de ses rangs. Or, ce dernier, selon des sources interposées, a pris acte de sa suspension à durée indéterminée et confirmé, en même temps, sa candidature à la Présidence du Sénat.
Donc, le moment venu, il devra affronter Alexis Thambwe, le candidat avalisé par Joseph Kabila, l’Autorité Morale du FCC, dont l’ombre plane, pourtant, sur la majorité au Sénat. Seul contre tous, la démarche de Bahati apparaît, aux yeux des maints analystes, comme un pari risqué.
Néanmoins, au sein du FCC, Modeste Bahati n’était pas un nain politique. Il figurait parmi les têtes pensantes de la plateforme politique créée par Joseph Kabila à la veille des élections générales du 30 décembre 2018. Pour cette législature, la plateforme de Bahati a remporté un total de 127 sièges dont 44 à l’Assemblée nationale, 13 au Sénat et environ 70 dans les Assemblées provinciales.
Avec ce résultat, l’AFDC-A se positionne comme la deuxième force politique du FCC. Il y a de quoi nourrir des ambitions... des désirs que Modeste Bahati ne cachait même plus depuis la publication de la nouvelle configuration électorale : diriger une institution, soit le Sénat, soit l’Assemblée nationale ou encore la Primature. Les deux dernières étant déjà occupées par les PPRD Jeanine Mabunda et Sylvestre Ilunga Ilunkamba, seule la présidence du Sénat restait en ballotage.
Dans les rangs du FCC, l’on estime que Bahati Lukwebo devait payer pour cette "arrogance politique" alors qu’aux yeux d’une certaine opinion, il est un lésé, un frustré, car depuis la législature passée, il réclame plus de postes au sein des institutions au regard du nombre important des élus AFDC.
Cependant, nombreux sont ceux qui pensent que cette affaire aurait dû être gérée autrement, sans passion, ni réactions épidermiques. Car, à tout prendre, toute mauvaise gestion de la suite du feuilleton peut induire le FCC en erreur et engendrer des contre-performances politiques aussi surprenantes qu’inattendues dans les autres instances législatives nationales et provinciales.
A ce titre, le revirement de Modeste Bahati ne semble pas être un fait isolé. C’est un acte de haute portée politique qui va certainement bousculer les lignes. Avec 44 députés nationaux et 13 sénateurs, est perçu par nombre d’observateurs comme un signe annonciateur de la recomposition de la majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat.
On retient d’emblée que le FCC (Front commun pour le Congo), qui revendiquait les 3/4 des effectifs au sein de la Chambre basse du Parlement, doit revoir ses calculs car ce ne sera plus le cas. En effet, tout peut changer du jour au lendemain si les indécis qui peuplent les rangs de ce regroupement politique à l’Assemblée nationale ainsi que les élus de l’Ensemble de Moïse Katumbi, du MLC et d’autres plateformes satellitaires s’avisaient à faire bloc avec ceux de CaCH contre le FCC.
En attendant cette marmite qui bouillonne, il faudra se préparer à la déflagration qui risque de s’en suivre et dont personne ne saura calculer les conséquences pour le pays dans un avenir proche...
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