Dossier
Le président Felix Tshisekedi, dans son discours devant la diaspora à Londres a menacé de dissoudre l’Assemblée nationale à majorité FCC. Ce à quoi la présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda, une des proches du président honoraire Joseph Kabila, a répondu en évoquant la menace d’une destitution.
Félix Tshisekedi a-t-il allumé définitivement la mèche de la discorde avec son prédécesseur Joseph Kabila ? Dans une adresse fracassante, en tout cas inédite, à la diaspora congolaise de Londres le dimanche 19 janvier, le chef de l’Etat a lancé qu’il pourrait sanctionner les ministres qui refusent d’appliquer ses ordonnances, avant de laisser entendre que « si les circonstances arrivaient à le pousser à dissoudre le parlement, il le ferait » ! Une sortie devant un parterre de supporters et qui a été accueillie par une salve de vivats mais qui, du reste, suscite le débat dans les salons politiques, surtout du côté de ses alliés de la plateforme politique de Joseph Kabila, le Front Commun pour le Congo (FCC), dispose d’une majorité plus qu’absolue dans cette Assemblée nationale.
Le mardi 21 janvier, vu l’ampleur prise par cette déclaration présidentielle, la présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda, a pris la parole devant la presse congolaise pour mettre les choses au point. Mme Mabunda a rappelé l’article 148 de la Constitution qui évoque le scénario d’une destitution de l’Assemblée nationale en cas de « crise persistante entre le gouvernement et l’Assemblée nationale, le président de la République peut, après consultation du Premier ministre et des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale. »
Pour la présidente de la chambre basse, Tshisekedi ne peut donc dissoudre l’Assemblée nationale sans la consulter, elle, son collègue du Sénat, Alexis Thambwe, et le Premier ministre. Un trio installé à ces places stratégiques par Joseph Kabila. Et si Tshisekedi était tenté par la dissolution sans consulter ces trois « interlocuteurs », la dame brandit l’article 165 de la Constitution qui parle ni plus ni moins de « trahison » et de la destitution du président de la République en cas de viol intentionnel de la Constitution.
Dans le registre, « tu me menaces, je te menace », on peut difficilement faire mieux...
Par ailleurs, cette sortie musclée de Félix Tshisekedi en rappelle une précédente, faite lors de son premier voyage en dehors du continent africain, en avril 2019, aux États-Unis. À cette occasion, portée par une administration américaine qui lui déroulait le tapis rouge, tout en ne lui ouvrant quand même pas les portes de la Maison-Blanche, Félix Tshisekedi avait annoncé son intention de « "déboulonner" le "régime tyrannique" de Joseph Kabila. »
Une déclaration saluée par ses hôtes mais sans lendemain. De retour au pays, le président et son prédécesseur s’étaient rapidement entretenus et tout « malentendu » semblait levé.
Et peut donc se demander s'il n'y a pas eu, une nouvelle fois, confusion dans le chef du président de la République ? Sinon, va-t-il oser ? Difficile de le savoir. Mais, ce qui est sûr est que le discours du Chef de l’Etat a sonné, chez ses partenaires du FCC, comme un cri de guerre et a paru comme un péché mortel que même le Pape, qu’il a rencontré un jour plutôt, ne saurait absoudre. Surtout que cette déclaration de plus, et donc de trop, semble être en droite ligne avec celle prononcée il y a peu par le Président a.i de l’Union pour la Démocratie et le Progrès social, et qui ne serait pas de nature à apaiser consolider la cohabitation, déjà difficile et fragile, entre ces 2 partenaires...
Source: La Libre Afrique / Matininfos
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