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Infos congo - Actualités Congo - 08 Mars 2024
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Politique

Frédéric Van Leeuw : « La dent de Patrice Lumumba est remise à sa famille et non pas à l'État congolais »

2022-06-16
16.06.2022
Société
2022-06-16
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Patrice-Emery Lumumba

La semaine dernière, le roi Philippe de Belgique était en RDC. Un voyage au cours duquel le souverain belge a, à nouveau, exprimé « ses plus profonds regrets » pour les blessures liées à la colonisation du pays.

Le 20 juin, nouveau temps fort entre Bruxelles et Kinshasa : les autorités belges vont remettre la dépouille de Patrice Lumumba à sa famille. Une dent lui appartenant a été retrouvée il y a six ans chez la fille d’un policier belge chargé à l’époque de faire disparaître le corps. C’est cette dent qui va être rendue à ses proches. Elle sera restituée par Frédéric Van Leeuw, le procureur fédéral belge. Il est l'invité de RFI.

RFI : La dépouille de Patrick Lumumba va donc être restituée ce lundi à sa famille, un geste que ses descendants réclamaient depuis longtemps. Pourquoi cela a-t-il pris autant de temps ?

Frédéric Van Leeuw : La date avait déjà été prévue il y a quelques mois, mais ça n’allait pas pour les autorités congolaises parce qu’il fallait aussi quand même une certaine solennité. La dent n’a pas pu accompagner la mission royale, parce que c’est un dossier judiciaire et c’est une exécution d’une décision d’un juge d’instruction de remettre la dent et la dent est remise à la famille et non pas à l’État congolais.


Frédéric Van Leeuw, procureur fédéral belge

Cette dépouille, c’est donc une dent qui a une histoire terrible. Racontez-nous la façon dont la police, puis la justice en Belgique sont parvenues à mettre la main dessus.

L’histoire au départ, c’est un gendarme belge, Gérard Soete, qui est là-bas au Congo, à qui on demande de faire disparaitre le corps qui avait été enterré sommairement quelques jours avant, juste au moment de l’exécution. Mais les autorités du Katanga ont eu très peur qu’à un certain moment, cet assassinat soit révélé dans la population et provoque des mouvements. Donc, il a fallu faire disparaître le corps avec une cuve d’acide. Et c’est ce que Gérard Soete avec d’autres ont fait. Gérard Soete s’est, quelques années plus tard, vanté d’avoir pris avec lui deux dents et même deux doigts. Puis ce récit est un peu tombé dans l’oubli et est remonté à la surface avec la commission parlementaire importante qui a eu lieu en 2000 suite à un livre d’un historien, Ludo de Witte [« L’assassinat de Lumumba » aux Editions Karthala]. Et dans une interview un peu plus tard, Gérard Soete a rappelé qu’il avait ces deux dents en disant qu’il s’était débarrassé d’une des dents. Et après la plainte qui a été déposée par la famille, à un certain moment la fille de Gérard Soete, qui était entretemps décédé, a montré la dent. Et à ce moment-là, la justice a été recherchée la dent lors d’une perquisition. Depuis lors, je pense que c’est depuis 2016 que cette dent est saisie.

Cette dent est aujourd’hui dans un coffre-fort du parquet fédéral belge que vous dirigez…

Tout à fait. Vu la valeur et le respect dû à ce qui reste finalement de la dépouille de Patrice Lumumba, il fallait que cette dent soit bien protégée. Et donc elle l’est dans un écrin qui a été fabriqué tout spécialement pour la protéger et elle se trouve dans un coffre du parquet fédéral effectivement, puisqu’on voulait éviter qu’elle soit simplement considérée comme une vulgaire pièce à conviction qui se trouverait au greffe du tribunal.

Cette dent va donc être remise ce lundi à sa famille. Comment précisément va se dérouler cette restitution ?

Au début de la cérémonie, il y aura un moment plus intime rien qu’avec la famille. C’est à ce moment-là que je remettrai la dent. Il ne s’agit pas de faire du spectacle ni quoi que ce soit. Et après il y aura une cérémonie plus officielle.

Cette restitution ne marque tout de même pas la fin de l’histoire, car il y a toujours une enquête en cours ouverte en 2011 par la justice belge pour crime de guerre. Où en est cette enquête aujourd’hui ?

L’enquête continue. J’ai justement parlé de la commission parlementaire qui avait eu lieu en 2000. Il y a eu lors de cette commission parlementaire une série d’auditions à huis clos et le juge d’instruction a décidé il y a quelques mois de faire une perquisition au Parlement pour obtenir le contenu de ces auditions qui avaient été faites à huis clos. Actuellement, il y a un tout un débat juridique qui se fait. Les pièces sont sous scellés. Nous avons soutenu, en tout cas en tant que parquet, qu’il n’était justifiable ni légalement ni moralement de garder secrètes les auditions qui ont été faites à huis clos il y a plus de 20 ans. Il y a un point de vue différent qui a été développé au niveau du Parlement et cette question-là doit être tranchée. Le dossier a été plaidé le 1er juin et l’arrêt de la cour d’appel est prévu vers le 14 septembre.

Outre cette perquisition au Parlement fédéral, la juge en charge de l’affaire a-t-elle entrepris d’autres actes ces dernières mois ?

Je ne peux évidemment pas trop m’exprimer là-dessus. Il y a effectivement d’autres devoirs d’enquête dont certains sont connus vis-à-vis des Nations unies et autres pour obtenir l’accès à certaines archives. C’est un dossier très particulier puisqu’on fait une enquête plus de 60 ans après. Quelque part, les preuves matérielles à part justement cette dent n’existent plus vraiment et encore, pour éviter de détruire complétement la dent, il n’y a pas eu d’ADN qui a été faite sur la dent. Donc, c’est un faisceau de présomptions qui fait que nous sommes sûr qu’il s’agit de la dent de Patrice Lumumba, mais il n’y a pas de certitude scientifique par rapport à cela, parce que si on avait prélevé de l’ADN, on aurait détruit complètement la dent.

Pierre Firtion
RFI / MCP, via mediacongo.net
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