Goma : le pape François aurait été déconseillé de se risquer

La saison diplomatique de Félix Tshisekedi inaugurée par la visite en grande pompe du roi des Belges, a tout d’un coup été troublée par l’annulation, sinon, le report de la tournée papale en Afrique centrale.

Pourtant, avec les deux visites d’honneur de deux grands hôtes de très haute facture internationale, le roi Philippe de Belgique et le pape François, Tshisekedi réunissait un très bon cap diplomatique pour gêner les ambitions rwandaises sur la RDC. Un monarque et un Saint-Père qui visitent un pays vermoulu de tensions militaires sous-régionales avec notamment la brouille diplomatique avec Paul Kagame, président du Rwanda que la RDC accuse de soutenir militairement le M23, groupe armé désigné terroriste par les autorités, conforterait remarquablement le leadership de Félix Tshisekedi.

D’après certaines sources non officielles, le Rwanda a dû précipiter sa machine militaire contre la République démocratique du Congo, entre autres pour semer la peur et décourager le pape François qui avait programmé une messe symbolique à Goma. Alors que le souverain pontife tenait nécessairement à sa visite, des lobbies pro-rwandais auraient pesé sur le comité de sécurité du successeur de Benoît XVI afin qu’il reprogramme sa tournée dans cette région agitée et troublée par une insécurité organisée et planifiée par Kigali.

De l’avis de plusieurs observateurs, il est incompréhensible que la même période où le pape a décidé d’annuler sa visite en RDC (début juillet 2022), soit programmée par le Vatican pour un autre voyage papal au Canada. Ça veut tout dire. Si c’était la maladie qui a concouru à l’annulation de sa visite au Congo, il est certain que le pape François ne bougerait pas. Mais quand le Vatican annonce une nouvelle visite au Canada en juillet, les Congolais lucides s’accordent à dire que le prélat a tout simplement zappé l’étape de la RDC ayant entraîné aussi celle du Sud Soudan. Des officines auraient travaillé pour convaincre le pape à ne pas visiter le pays de Tshisekedi. Un message pour démontrer au monde que le grand Congo n’est pas encore fréquentable. Et pour ce grand coup, le voisin, hôte du sommet de Commonwealth, ne peut que se frotter les mains.

Les soutiens occidentaux des anti-Congo ont obtenu ce report au moment où l’armée rwandaise a multiplié les attaques sur le territoire congolais pour faire reculer le Vatican. Et le pape François devait-il annuler l’étape de Goma et ne se limiter qu’à Kinshasa. La réponse a été réfléchie. Il fallait tout simplement renvoyer à plus tard la visite en RDC, analyse un fidèle catholique bien introduit dans l’Église. Mais, la pilule est toujours amère à avaler pour la population congolaise dont les efforts de son gouvernement en termes de mobilisation de moyens pour assurer un accueil digne au chef de l’Église catholique universelle, étaient manifestes.