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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Chroniques & Analyses

Valentins et Valentines: les choses que les parrains ne vous diront pas ! (Analyse d’Oasis Kodila Tedika)

2023-02-10
10.02.2023
Economie / Société
2023-02-10
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Pour beaucoup d'amoureux, le mois de février ne sonne pas comme tous les autres mois. On ne les appellera plus pendant un temps les amoureux ou à cet adjectif, on adjoindra celui de Valentin ou Valentine. Ce 14 février, l'amour-passion atteindra son pic. Peut-être aussi l'amour-engagement. Mais quel avenir pour ces amoureux du mois de février ?

A Kinshasa, le marché matrimonial est de plus en plus fluide, surtout en termes de sortie en dépit de la rigidité réglementaire. Le coût de sortie étant visiblement de moins en moins important. Pour éviter le jargon économique et le dire simplement, les gens divorcent de plus en plus. L'Annuaire statistique de l'Institut National de Statistique de 2020 n'est pas à jour : les dernières informations y relatives remontent à 2016. Au courant de cette année-là, on a assisté à 18 divorces pour 2789 de mariages célébrés à Kinshasa.

Des chiffres apparemment biaisés. Une façon de contourner ces données administratives, considérons les données d'enquête. Selon MICS-Palu 2018, le taux de divorcé/séparé s’est élevé à 4,45%. Ce taux a augmenté dans l’ensemble du pays à 5,1% en 2020 selon les données de l’enquête EGI-ODD. Kinshasa a connu un taux de divorce de 7%.

Parmi les contraintes à la maximisation de l'utilité du mariage qui vous évitera le divorce pour les valentins prétendant au mariage, il y a incontestablement des choses que l'on ne voit pas a priori. Frédéric Bastiat ne disait-il pas qu’« il y a ce que l'on voit et ce que l'on ne voit pas ». Ce que les valentins ne voient pas, ce sont déjà les choses que ni les parrains ni les conseillers conjugaux ne vous diront forcément. Pourtant, les économistes vous éviteront cette tentation : se marier le jour de Saint-Valentin, car ce n’est pas votre jour de chance. En effet, les économistes Jan Kabátek et  David C. Ribar ont constaté que les amoureux ont tendance romantiquement à choisir des jours symboliques pour célébrer leurs unions, notamment à des dates spéciales avec des valeurs numériques identiques ou séquentielles (par exemple, 12.12.12,  9.9.99, 1.2.03) ou carrément le jour de la Saint-Valentin. Or, se marier à des dates spéciales comme celles-ci augmente la probabilité de divorce de 18 à 36% plus élevés par rapport aux mariages à date ordinaire. 

La Saint-Valentin peut encore être un cauchemar pour un couple pour une autre raison. Becca R. Levy, Pil H. Chung et Martin D. Slade ont montré que les représentations culturelles tendent à influencer notre comportement. L’exemple immédiat est l’effet de cette fête sur la maternité : ils trouvent par exemple que le jour de la Saint-Valentin, qui véhicule un symbolisme positif, on assiste à une augmentation de 3,6 % des naissances spontanées et une augmentation de 12,1 % des naissances par césarienne avec les données américaines. Or, il est démontré que l’utilité marginale (satisfaction) du premier enfant n’est pas la même avec les enfants qui viendront après. Dans cette logique, un couple avec des difficultés déjà installées peut arriver à se séparer avec l’arrivée de la nième enfant Saint-Valentin, car cette fête ne va nécessairement pas apporter une réconciliation.


La fluidité du marché matrimonial à Kinshasa n’est pas constatée quand il faut y entrer, contrairement au discours tenu jusque-là. Pour cause, les barrières à l’entrée, entre autres culturelles. Certes, les mariages arrangés ont diminué. Selon l’enquête MICS-Palu 2018, le pourcentage de femmes (20-24 ans) mariées ou en union avant 18 ans s’est situé à 29,1%. Autrement dit, il y a une bonne partie de femmes qui se marient par amour ou du moins volontairement. Mais en dépit de cette diminution, il y a une autre barrière à l'entrée dans le marché matrimonial qui s'est érigée, à savoir le coût du mariage.

On estime qu'un mariage ordinaire à Kinshasa peut coûter entre 7000 à 12000 USD, dans une ville où le revenu par habitant (en Parité Pouvoir d’Achat) est à peine supérieur à 2000 USD l’an. Ce n'est peut-être pas hasardeux qu'un député ait voulu légiférer sur cette question. Avait-il raison ou tort ? Là n'est pas la préoccupation ici. Toujours est-il que la dot comme les cérémonies nuptiales affectent le budget des valentins. Récemment, les accessoires autour de la célébration ont pris de l'ascenseur soit par effet de Veblen ou effet de Snobisme (se marier cher pour se distinguer) soit s’inspirer du bling-bling de la modernité, copié particulièrement ailleurs.

Les maisons de weeding planer ou l’augmentation du nombre de salles de fêtes constituent particulièrement la preuve de cette demande liée aux accessoires sus-évoqués. Or, ce que l'on ne voit pas derrière ces accessoires, ce sont les résultats très sérieux des économistes Andrew Francis-Tan et Hugo M. Mialon. Ces derniers ont montré que plus le coût de la cérémonie du mariage s'avère important, plus le couple va connaître rapidement un clash, qui se soldera par un divorce.

En somme, la Saint-Valentin arrive, avec elle un certain nombre de comportements des valentins. Comme toujours, chacun d’eux aura naturellement des conséquences, parmi lesquelles la probabilité de divorce. Telle est la conclusion de la science économique. Si les économistes peuvent être des rabat-joie, ils sont néanmoins des gens très sérieux. Alors, prenez garde. « Un homme averti en vaut deux », dit-on. 

 

*Oasis KodilaTedika est un économiste et auteur récemment du livre Financement du développement en RDC : diagnostic, opportunités et perspectives.


congo-press.com (MCP) / mediacongo.net
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