Interviews
SEBASTIEN ADAMBU, interview croisée d'un Congolais vivant aux Etats-Unis, " Le seul pays au monde ou le fils d'une texane et d'un kenyan, armé de courage et de ténacité, a pu faire triompher la voix de la démocratie. Le rêve américain n'est pas un mythe, mais bien une réalité ".
Né en 1976, Sébastien Adambu, dit Adams pour les amis, est le troisième enfant de Sébastien et Marie Adambu. Marié et père d'un petit Emmanuel, il vit aux USA depuis trois ans. Après avoir étudié en Europe et en Afrique, en 2006 il décide d'émigrer au pays de l'Oncle Sam. Diplômes et cv en poche, il quitte son Congo natal et part vivre son " American dream ". Son parcours académique et professionnel est à l'image du personnage : dynamique et encourageant. Détenteur d'une Licence en Droit (Privé et Judiciaire) de l'Université Protestante au Congo et d'un Certificat en Analyse et Résolution des Conflits de l'Université George Mason, dans l'Etat de Virginie (USA). Loin de s'arrêter là, le jeune homme poursuit actuellement d'autres études en quête d'un double Master en Droit (George Mason University) et en Conflict Analysis & Resolution. Et parce qu'il suit de très près l'actualité de son pays, Sébastien entend bien contribuer à l'instauration définitive de la paix dans la région des grands lacs. D'ailleurs, plusieurs projets sont en cours, dont la création d'une ONG et d'une Fondation Munyi Namujimbo (à Bukavu). Mais pourquoi a-t-il choisi les Etats-Unis comme terre d'accueil ? C'est la première question que nous avons posé à ce juriste de formation qui nous jure de dire toute la vérité et rien que la vérité
Sébastien Adambu : Pourquoi les USA? C'est le pays de réelles
opportunités. Ou l'égalité des chances est une réalité.
C'est le pays de braves, de ceux qui se lèvent tôt et se couchent
tard, et récoltent le fruit de leurs efforts. Les gens ne travaillent
pas en vain. Chaque jour, des millions de self-made men se créent. C'est
le seul pays au monde ou le fils d'une texane et d'un kenyan, arme de courage
et de ténacité, a pu faire triompher la voix de la démocratie.
Le rêve américain n'est pas un mythe, mais une réalité.
Je voudrais offrir à mon fils, un avenir ou ses congénères
ne le jugeront pas selon qu'il est noir ou blanc, juif ou arabe, tutsi ou hutu,
rwandais ou congolais, mais selon ce qu'il peut apporter a son pays en tant
qu'individu, par sa loyauté, ses compétences, son talent et son
dévouement.
Pendant des décennies, on nous a parlé de l'Etat de droit, de
la restauration de l'autorité de l'Etat, de la justice, de l'égalité
entre citoyens, de liberté et de sacrifice. Tout ce beau charabia n'était
qu'un son inaudible. Une chimère. Du bla-bla. Je pense qu'il est important
aujourd'hui d'apprendre à nos enfants que toutes ces valeurs sont possibles
et applicables. Parmi les pays qui, un tant soit peu, offrent cette possibilité,
les USA sont une belle illustration du "tout est possible". C'est
une terre d'accueille qui valait la peine d'être foulée. Elle fait
susciter rêves et projets de dupliquer sur la terre natale, toutes les
choses positives, vues et expérimentées. C'est un travail de longue
haleine...
mediacongo.net : Justement en tant que congolais vivant aux USA, comment
avez-vous perçu l'arrivée de Barack Obama au pouvoir ?
Sébastien Adambu : Le 20 Janvier 2009 a été d'un froid
glacial ici à Washington. Avec d'autres, j'ai assisté à
la prestation de serment du Président Obama. Nul n'est besoin de rappeller
ici, l'espoir euphorique suscité par son accession fulgurante au pouvoir.
Cela démontre la maturité politique du peuple américain,
car en élisant Barack Obama, ils ont élu non seulement le premier
président noir de leur histoire, mais aussi, l'homme qu'il fallait à
cette place. Un homme compétent, proche du peuple, issu du métissage
ayant fortifié l'Amérique et dont les valeurs de courage et d'humanité,
ont mis le monde en émoi.
Alors bien évidemment, le regard que l'on peut porter est multiple, mêlé
de fierté, d'admiration mais aussi d'attentes. Cela est bon non seulement
pour les USA, mais aussi pour la démocratie en générale.
C'est un exemple à suivre dans de nombreuses capitales européennes
et africaines. Personnellement, je n'attends ni plus, ni moins du Président
Obama par rapport a la situation en RDC, que du "common sense" dont
il a fait preuve jusqu'ici dans les dossiers cubain, afghan, iraquien, nord-coréen
et plus récemment iranien. Pour tout vous dire, pendant toute la campagne
présidentielle américaine, les primaires, l'élection générale,
tous les leaders politiques durant les débats, affichaient la même
ambition (malgré la divergence des programmes politiques) de rendre l'Amérique
plus forte et plus sure, et de donner au peuple américain le bâton
de commandement. Ils ont tous quelque chose en commun: l'amour et le dévouement
à leur pays. Nous devons prendre exemple et rompre avec les injustices
partisanes et les politiques troubles de la gestion de la chose publique en
RDC. Que le peuple congolais décide de son avenir. Espérons que
ce voeu ne restera pas pieu. Pour cela, nous autres congolais devons nous assumer.
C'est primordial!
mediacongo.net : Votre parcours académique et professionnel est pour
le moins atypique
Sébastien Adambu : Mes études primaires ont été
effectuées en France, à Dreux, à l'Institut Saint-Pierre
Saint-Paul. Mes études secondaires ont commencé en Belgique au
Collège Cardinal Mercier, se sont poursuivies au Burundi (Ecole Autonome
Belge de Bujumbura) et en RDC (Collège Alfajiri de Bukavu) puis, ont
pris fin à Namur (Institut Saint-Berthuin de Malonne). Par la suite,
j'ai travaillé six ans à Kinshasa comme Assistant Juridique au
Cabinet Yoko & Associes d'abord, et après comme Superviseur du Service
Clientèle à Vodacom RDC. Arrivé aux Etats-Unis, j'ai été
affecté au Service Clientèle de Randstad (Washington D.C) et je
travaille depuis 2007 en tant que conseiller en gestion de Crédit et
Ventes à Intersections Inc. (Chantilly, VA).
mediacongo.net : Quel regard portez-vous sur le Congo ?
Sébastien Adambu : Je pense que vous avez posé cette question
à tous ceux qui s'intéressent à la question congolaise.
Comme les millions de mes compatriotes vivant à l'étranger, l'actualité
de la RDC fait partie de mes préoccupations. D'abord, je suis fier de
mon pays la RDC. Nous sommes toujours là, debout. Apres des décennies
d'exploitation, de pillages, de guerres, de crimes et génocide, de déstabilisation,
de tentative de balkanisation, le Congo est toujours un et indivisible. Cela
grâce à la mémoire collective de notre nation.
Nous sommes restés congolais avant tout. Mais dans les faits, lorsqu'on
regarde plus attentivement, il y a quand même lieu de s'inquiéter.
Pendant combien de temps encore, tiendrons-nous de la sorte?
Dans ce contexte, mon souci majeur, c'est le délabrement, la fragilité,
la décomposition de la RDC en tant qu'Etat. Incapable, par le biais d'une
armée forte, restructurée, républicaine, performante et
dissuasive, d'assurer partout la sécurité, la libre circulation
des personnes et des biens sur le territoire nationale et aux frontières.
A cela s'ajoute, la responsabilité individuelle et commune de nous autres
congolais, à s'assumer, a aimer, protéger les intérêts
de notre pays. Au lieu de cela, nous continuons à faire de la politique
politicienne, trouble et maffieuse, sans s'inquiéter du lendemain.
Nous louons facilement ce qui se passe a l'extérieur du pays, acceptons les solutions extérieures toujours inefficaces, continuons d'espérer qu'une solution viendra de Londres, Paris ou Washington, pour résoudre nos propres problèmes. Et passons notre temps à faire des discours pompeux et alambiques, sans avoir de vraies solutions aux problèmes de nos populations. Notre élite doit se remettre en cause et s'amender. Le leadership ne réside pas dans les paroles, mais dans l'action. Celle qui bénéficie directement au peuple.
La RDC est victime de ses richesses. Elle est entrain de se faire assassinée
en direct. Violée, pillée, trahie, par ses propres enfants. Offerte
en holocauste, par ses propres gardiens, à des dieux étrangers.
C'est en fait un lent et inconscient suicide collectif dont le seul rempart,
est l'émergence d'un renouveau patriotique et d'une fierté nationale
retrouvée. C'est l'espérance de chacun, mais il n'y a rien d'impossible
à cela. Nous pouvons stopper notre déclin et reconstruire sur
nos ruines ce "pays plus beau qu'avant" chante dans notre hymne national.
Il est temps de nous redresser et lever nos fronts toujours courbés,
en l'occurence. La bonne volonté, d'abord, est nécessaire à
l'établissement d'une RDC forte et stable. Ensuite, vient l'action, l'agir.
Il nous faut du "common sense" dans notre manière de gérer
nos finances, notre armée, notre administration, notre justice, nos écoles.
De la jugeotte. Nous devons cesser d'être ce géant aux pieds d'argile,
qui se méconnait. Le regard que je porte envers mon pays en définitive,
importe peu, car j'aime mon pays, et je sais ce dont nous sommes capables. Comme
des millions d'autres, je pense qu'ensemble, nous pouvons réussir. Mais
comment rendre une telle synergie possible? Ou est le maillon faible de notre
pays? Comment rectifier le tir? Si nous répondons à ces interrogations,
le meilleur dès lors, reste à venir. Ainsi donc, ce qui est important,
c'est plutôt les regards extérieurs, intéressés,
portés par ceux qui nous voient exposer nos faiblesses, que nous devons
changer. Nous devons changer d'attitude et transformer avec courage nos faiblesses
en points forts. Le respect ne se donne pas, il se mérite.
mediacongo.net : Un tout grand merci !
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