Interviews
Professeur en Sciences politiques et administratives à l’Université de Kinshasa (UNIKIN) et expert en Andragogie, Robert Ndiabadila Kwanza est auteur d’une thèse de doctorat sur les dédoublements constitutionnels et institutionnels en République démocratique du Congo, une étude critique des enjeux et des stratégies politiques antagonistes de 1960 à 1997. Ce travail de haute facture qui semble ne pas échapper au contexte actuel du pays, retrace le parcours d’un pays qui reste exposé à des risques récurrents de bipolarisation de la vie politique tant que persisteront les convoitises et les hantises de ses ennemis internes et externes ; sujets qui rendent problématique son processus de démocratisation. La guerre dans l’Est de la RDC depuis mai 2012 dont la quête des solutions a suscité en décembre 2012 les pourparlers de Kampala suivis de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, des rencontres d’envergure mais qui pourtant n’arrivent pas au bout de la crise qui sévit dans l’Est du pays, jusqu’à la convocation des concertations nationales pour restaurer la paix et développer le pays. Que ces assises tant attendues censées unifier la population congolaise aboutissent à un simple partage de pouvoir en lieu et place de la résolution des problèmes des congolais, est un sujet qui laisse d’aucuns perplexes. Robert Ndiabadila, membre de l’Apukin (Association des professeurs de l’UNIKIN) a quant à ce, échangé avec mediacongo.net. Rencontre.
mediacongo.net : que pensez-vous des concertations nationales ?
Prof. Ndiabadila: Le développement de la République démocratique du Congo étant avant tout endogène, les concertations nationales sont une initiative à louer. C’est un lieu qui peut permettre la création d’un esprit de coexistence, de dialogue qui favorise le choc des idées desquelles jaillit la lumière qui éclaire le peuple. L’expérience du passé devrait nous enseigner. L’ingérence des autres (étrangers) dans les affaires des congolais nous a toujours opposé les uns aux autres.
mediacongo.net : sans la participation de certains partis de l’Opposition, croyez-vous que ces assises aboutiront à une cohésion nationale ?
Prof. Ndiabadila:Nous sommes à la deuxième année du mandat quinquennal de la IIIe république. Les concertations nationales doivent avoir une seule visée : aboutir au respect des élections et du verdict des urnes en vue d’une alternance pacifique, légale et légitime. La gestion commune de l’Etat est l’argument de base émis par les politiciens pour profiter des avantages qu’offrirait le partage d’un pouvoir équitable et équilibré. Cependant, que les parties prenantes ne remettent pas en cause le processus électoral de 2011.
mediacongo.net : que dire du gouvernement d’union nationale annoncé par le co-président du Présidium, Léon Kengo wa Dondo à l’issue des concertations nationales…
Prof. Ndiabadila: Une astuce qui a exposé les velléités de chacun des participants. Le gouvernement d’union nationale conduirait certes, au partage équilibré et équitable du pouvoir, et inévitablement, ouvrirait le pays à une nouvelle transition qui le remettra alors à la case de départ : la remise en cause des institutions en place. Et rien n’empêcherait dès cet instant, la modification de la constitution tant crainte aussi bien par quelques politiques que par la population. A ce stade, les élections provinciales que la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) planifie seraient prises de court pour une période qu’on ne saurait estimée même si légalement, le sursis d’une transition est de deux ans (24 mois). Et lorsque la roue des provinciales est bloquée, que dire des sénatoriales… Le statu quo va demeurer. Une chose sur laquelle tous les congolais peuvent s’accorder, c’est la soif de pouvoir qui anime les politiciens congolais. Ceci se rapporte à la théorie anarchiste behavioriste d’appropriation politique, principe d’inculture politique qui amène des gens à confondre leur propre personne à celle de l’Etat ; à s’accrocher au pouvoir et à faire la recherche du pouvoir pour le pouvoir. Un viol délibéré de l’éthique de la gouvernance et du caractère impersonnel de l’Etat.
mediacongo.net : en cas de transition, qu’adviendra-t-il au chapitre développement l’un des piliers de cette rencontre ?
Prof. Ndiabadila:La période transitoire intégrera le Parlement actuel, élu, et le Sénat. Sans nul doute, le programme de développement en place continuera son bonhomme de chemin.
mediacongo.net vous remercie.
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