Chroniques & Analyses
Dans une enquête effectuée du 16 au 30 juillet 2020, Elan RDC et la Fédération des entreprises du Congo ont interrogé 239 entreprises sur l’effet de la COVID-19. Selon cette enquête menée sur l’ensemble du territoire national, les impacts de la pandémie sont globalement négatifs.
En effet, près de 76 % des entreprises interrogées déclarent une diminution significative de leurs revenus avec une pointe à 82 % pour la province de Kinshasa. Cependant, les résultats sont contrastés et parfois surprenants.
Demande d’allègements fiscaux
% de chefs d›entreprise qui souhaiteraient un soutien du gouvernement dans certain domaines
Première surprise de ce sondage, les entreprises sont plus demandeuses d’allégements fiscaux (61 %) que d’injection d’argent frais dans leur activité notamment à travers des prêts concessionnels (23 %). Et dans les allégements demandés, celui relatif à la fiscalité (61 %) est plus important que celui de la dette (13 %). La dépense fiscale reste ainsi un élément déterminant dans la vie des entreprises congolaises.
Cependant, il faut nuancer ce constat car l’allègement fiscal intéresse beaucoup plus les grandes entreprises (72 %) que les petites (40 %) et les moyennes (64 %). De même, l’intérêt pour des prêts à des taux inférieurs à ceux du marché oscille entre 12 % (grandes entreprises) et 32 % (moyennes entreprises). Cela témoigne d’une maîtrise des mécanismes de financement et donc du peu d’appétit pour des prêts aussi favorables soient-ils.
Quasi absence de politique de travail à domicile
Trois mesures ont marqué les dirigeants des sociétés interrogés, à savoir la distanciation sociale (85 %), le confinement (20 %) et l’isolement (16 %). Ils ont constaté une quasi-absence de politique de travail à domicile (4 %). En outre, deux mesures principales ont été prises par les entreprises pour s’adapter à la pandémie : d’une part, les dirigeants ont donné congé à leurs employés ou les ont licenciés (33 %) et,d’autre part, le travail par créneaux ou par rotation a été favorisé.
Le licenciement est une réponse assez étonnante puisque la circulaire n°001/CAB/MINETAT/METPS/01/2020 du 23 mars 2020 de la ministre du Travail détermine les conditions de travail pendant la pandémie COVID-19 et interdit les licenciements massifs.
% de sociétés ayant licencié ou mis en congé leur personnel. (Petites entreprises = moins de cinq employés; Moyennes entreprises = entre 5 et 99 employés, grandes entreprises = plus de 100 employés)
Ces mesures sont suivies par la modification du lieu de travail (27 %) et le télétravail (23 %).
Les entreprises ont besoin de l’État
Une délégation de la FEC, conduite par Albert Yuma, reçue par le Président Felix Tshisekedi, le 6 août 2020. (© Photo Présidence)
De la lecture du rapport et de l’analyse des données, il ressort que le besoin d’Etat est significatif pour les entreprises. Ce besoin est aussi bien normatif afin de redéfinir les règles au temps de la COVID-19 que financier, puisque 75 % des chefs d’entreprises déclarent une baisse significative des revenus en raison de la COVID-19. Dans les faits, seulement 3 % des sociétés ont pu bénéficier de subventions étatiques.
Cette aide s’avère nécessaire puisque 96 % des entreprises ont dû adapter leur activité économique et faire face à des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement dans 77 % des cas.
Ainsi, près de 61 % des chefs d’entreprises reconnaissent devoir recourir à des aides étatiques.
Des mesures en faveur des entreprises
Depuis avril 2020, l’Etat a pris un ensemble de mesures en faveur des entreprises : suspension des contrôles fiscaux, une période de grâce en faveur des sociétés sur les arriérés d’impôts et la déductibilité fiscale de tout don fait au fonds de secours COVID-19.
En juin de la même année, une exonération des droits, taxes et redevances à l’importation et à la vente des intrants et produits pharmaceutiques ainsi que les matériels et équipements médicaux a été prise par décret du Premier ministre.
Une cartographie des besoins des entreprises
Ce rapport sur l’effet de la pandémie COVID-19 propose ainsi une cartographie des besoins des entreprises. Avec des prévisions de croissance ne dépassant pas les 3 %, l’économie congolaise subit de plein fouet les effets de la pandémie. Il est donc important d’apporter rapidement à un tissu économique déjà fragilisé une aide pertinente, massive et préventive, afin de réduire les effets de la COVID-19 et surtout de relancer l’appareil productif congolais.
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