James Bond : l'espion qui aimait les montres

Le 5 octobre 1962 marque la date de la première mondiale du film Dr. No. Rolex, Breitling, Seiko, Omega, en ce jour anniversaire, retour sur les garde-temps préférés de l'agent 007.

Il aime les voitures rapides, le Martini, la belle compagnie… Si les goûts de 007 n'ont pas (ou peu) de secrets, un mystère demeure, enfoui sous la manche gauche d'une veste Brioni taillée sur mesure. Comment s'égrènent les heures du plus célèbre agent secret ? Avec élégance et précision, suisse de préférence. Pour Frédéric Liévain, auteur de L'Espion qui aimait les montres, la question du temps est centrale. « Le spectre des missions de Bond s'étend de la guerre froide à la cyberguerre, mais son véritable ennemi est toujours le même, le temps », explique-t-il.

Si le temps est un ennemi, la montre est une alliée. Elle lui permet d'arrêter le détonateur d'une bombe atomique, à 007 secondes près, à la fin d'Octopussy (1983). Dans GoldenEye (1995), elle l'aide à s'échapper en perçant le plancher métallique du train grâce à un laser intégré. James Bond est aussi le double idéalisé de son auteur. « Ian Fleming aimait les montres et portait une Rolex Explorer 1, rien d'étonnant à ce que son avatar entame sa carrière cinématographique une Rolex au poignet », pointe Frédéric Liévain. Dr No est ainsi l'occasion de découvrir Sean Connery, Ursula Andress et… la Rolex Submariner 6538. Si la postérité fait d'elle la première montre de James Bond, la vérité est tout autre. C'est une Gruen Precision que revêt initialement l'espion. Une pièce en or, très plate, caractéristique des années 1950, que Fleming portait en alternance avec sa Rolex. Bond s'entiche des Submariner jusqu'en 1974, mais cet infidèle devant l'éternel ne s'interdit pas de tester la concurrence. La première montre gadget remonte à Opération Tonnerre, en 1965. La Breitling Top Time, dotée d'un compteur Geiger, peut repérer les radiations émises par les bombes atomiques. Ce modèle unique, produit pour les besoins de la franchise, a été vendu 30 euros dans un vide-greniers, avant d'être authentifié et adjugé 122 000 euros chez Christie's, à Londres, en 2013.

Télex, téléviseur ou téléphone...

Dans Vivre et laisser mourir (1973), Roger Moore s'offre une Pulsar digitale. Révolutionnaire pour l'époque, cette pièce à diodes rouges lit l'heure en chiffres et sans aiguille. « Dix ans durant, les montres de l'espion surfent sur la vague du quartz et du digital qui bouscule le paysage horloger », note Frédéric Liévain. La franchise noue alors son premier partenariat avec le japonais Seiko. Modernes, précises, pratiques et agrémentées de fonctions avant-gardistes, les montres se muent en télex, téléviseur ou téléphone. Les années 1990 marquent le retour de la montre à aiguilles au poignet de 007. Pas n'importe laquelle : une Omega. En 1941, le gentleman espion intègre la Royal Naval Reserve. Il en sort avec un grade de commander. Il porte à ce titre une Seamaster. Ce modèle phare de la manufacture a vu le jour en 1948. Il est en réalité l'héritier du premier modèle étanche de l'Histoire que la firme fournissait aux soldats anglais durant la Seconde Guerre mondiale.

GoldenEye, premier James Bond à ne pas être adapté d'une nouvelle de Fleming, est le film de tous les changements. 007 prend les traits de Pierce Brosnan, M devient une femme et Omega fait son entrée dans la vie de l'agent secret. La Seamaster Diver 300 M se dévoile dès le générique. Une chance pour la maison qui cherche à se relancer après la crise du quartz. Albert Broccoli, le producteur historique de la franchise, a lui-même approuvé ce partenariat. Le réalisateur doit faire apparaître la montre, mais la marque n'a aucun droit de regard sur le script. Elle ne connaît ni le contexte, ni la durée d'apparition avant la première projection. En 2006, Daniel Craig arrive sur les écrans dans Casino Royale. À son poignet ? Deux nouvelles Seamaster. Une Diver 300 M animée par le mouvement Co-Axial, brevet d'Omega, et une Planet Ocean en acier sur bracelet caoutchouc étanche à 600 mètres de profondeur. Cette dernière apparaît aussi dans Quantum of Solace (2008), dans un diamètre inférieur, à la demande de l'acteur.

Amateur de montres aux proportions tenues, il choisit pour Skyfall (2012) et Spectre (2015) des Seamaster Aqua Terra. Pour Mourir peut attendre, l'acteur s'implique encore davantage. « La légèreté de la montre est aujourd'hui un critère essentiel pour un soldat comme 007. J'ai également suggéré d'ajouter des détails rétro », explique Daniel Craig lors de la présentation du bijou, en novembre 2019. Héritière d'une Seamaster de 1993, elle se compose d'un boîtier de 42 millimètres en titane grade 2 ultraléger, abritant un mouvement Co-Axial Master Chronometer 8806. Les montres de James Bond sont éternelles...