Recherche
  Home Actualités Petites annonces Offres d’emploi Appels d’offres Publireportages C'est vous qui le dites Medias & tendances Immobilier Recherche Contact



Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 02 mai 2024
mediacongo
Retour

Economie

Elections 2023 : un lendemain électoral inquiétant économiquement… (Analyse d’Oasis Kodila*)

2024-01-11
11.01.2024
Spécial Elections / Politique
2024-01-11
Ajouter aux favoris
http://www.mediacongo.net/dpics/filesmanager/actualite/2024_actu/01-janvier/08-14/elections_en_rdc_un_lendemain_inquietant_economiquement.jpg -

Les élections sont finies, les furies d’idées se sont sans nul doute ennuyées. Rien de croustillant de manière générale. Et visiblement, on cogitait déjà sur autre chose. Pour preuve, les noms pour le poste du Premier ministre circulent déjà dans les médias. Ce casse-tête, on peut le laisser au Président de la République. L’économiste qui somnole en moi surtout à cause des élections s’inquiète pour tout autre chose : l’année 2024, notamment. À première vue, les gens ne semblent pas conscients que l’angle mort de cette année qui commence s’avère aussi économique.

Certains pensaient rapidement balayer les élections avec les résultats vertigineux proclamés par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). La récente sortie des églises (Conférence Épiscopale Nationale du Congo – CENCO et Église du Christ au Congo (ECC) est venue jeter le pavé dans la mare. On dirait ce n’était pas assez. Avec l’annonce de de la CENI, le balai peut d’abord être apparemment remis à sa place. Car, cette déclaration d’invalidation de certains candidats aux élections est une couche épaisse d’incertitude. Cette bombe à puissance H (bombe H) – dont l’énergie principale provient de la fusion de noyaux légers et dans le cas de la CENI de l’assemblage, de la tricherie de plusieurs candidats selon la version officielle – assombrit l’horizon. Rien n’est plus certain.

Déjà, l’implosion de l’Union sacrée de la nationale (UNS) n’est plus une vue de l’esprit. Et même si cette proposition tourne court, on ne peut pas nier, en vertu de la tradition politique congolaise, qu’il faudrait contenter les déçus. Hélas ! Ceci passerait par les nominations pour calmer les ardeurs de déçus. Bienvenue les moins qualifiés dans la gestion. Encore ! Dans l’hypothèse miraculeuse d’un scénario différent – ce qui sera une bonne chose pour l’économie et le pays, la Cour constitutionnelle devra oublier la notion du repos. L’horloge va s’arrêter.

À côté de cet élément, il y a un deuxième non négligeable. Rassemblant toute sa force intellectuelle, le célèbre poliste polonais et américain, Adam Przeworski, a dans son compte un livre critique et très riche sur les élections, intitulé « À quoi bon voter ? », publié en 2019 pour la version française. Il y balaye rapidement toutes les vertus citées des élections – ce que je ne partage pas pour des raisons empiriques documentées. Là n’est pas la discussion. Le plus important, ce qu’il développe un autre argument à fond pour justifier les élections : « La principale vertu des élections, celle qui justifie à elle seule que nous y tenions tant, se trouve ailleurs : les élections nous permettent […] de gérer les divers conflits qui peuvent exister au sein d’une société, tout en maintenant une liberté et une paix civile relatives. » (p. 17). Voter devient un instrument de réglementation de la violence sociale. À l’occasion des élections, les forces des uns comme des autres sont révélées à l’autre. Le pouvoir en place arrive à sentir l’odeur de testostérone de l’opposition. Et cette dernière arrive à la même conclusion. Cette situation peut arriver à un équilibre intéressant : on évite les tensions, car l’adversaire peut faire mal.

En transposant cette situation à la RDC et en prenant les résultats de la CENI argent comptant, Moise Katumbi arrive en deuxième position avec près de 3,3 millions de personnes. Ceci n’est pas rien économiquement. Les agents économiques sont suffisamment rationnels pour craindre la réaction de cette masse. Ceci vaut tout autant pour les 73 % du Président Tshisekedi. Cette « odeur » fait grossir rapidement l’épaisseur du flou de l’horizon économique.

En vue d’un tableau complet, cette incertitude politique qui se profile pour une bonne partie de l’année devra être couplée à l’incertitude « institutionnelle ». Rappelons que depuis la reprise régulière du cycle électoral, chaque élection s’accompagne d’une forme d’incertitude institutionnelle – entendue ici comme le temps qui sépare les élections à la nomination gouvernementale, freinant ainsi l’action de l’exécutif. Ce temps devient de plus en plus important à mesure que l’on organise des élections. Faits : aux élections de 2006, le pays a mis 152 jours d’attente. En 2011, il a fallu attendre 163 jours. Enfin, en 2018, la patience était de 250 jours.

Pendant ces temps, les agents économiques doivent geler leurs décisions. Conséquence : l’économie congolaise en pâtit. En moyenne, les différences de taux de croissance entre l’année électorale et l’année suivante permettent de dégager un écart de -0,425 entre 2006 et 2024. Pour bien comprendre l’étendue de la perte par rapport au Produit Intérieur Brut (PIB) – ensemble de richesse produite – de l’année 2023, c’est une perte de l’ordre de 4,7 milliards d’USD, soit près de l’équivalent du Budget du pays de 2018. On ne prétend nullement que cette perte est totalement due aux élections. Néanmoins, l’incertitude post-électorale y contribue fortement. 

Une autre manière de regarder ce que l’incertitude post-électorale induit est de considérer seulement les deux dernières élections : en 2018, le pays a caracolé avec une croissance du PIB de 5,8 %. L’année suivante, la chute en point de pourcentage a été de -1,4, soit une croissance de l’économie de 4,4 %. En 2023, selon toute vraisemblance, l’année s’est clôturée avec un taux de croissance de 6,2 %, en attendant le chiffre définitif bien-sûr. La prévision la plus crédible en modélisant l’incertitude électorale a prévu un taux de croissance de 4,7 % (FMI). Ce que les conjoncturistes ou prévisionnistes n’avaient pas intégré, c’est l’étendue de la tricherie dénoncée par les églises susmentionnées, la CENI avec sa déclaration et les prochaines selon la promesse faite, la population au travers des vidéos balancées sur les réseaux sociaux, les communiqués de grands partis politiques (UDPS, UNS, etc.).

Alors que la nouvelle année est encore nouvelle, avec les sentiments positifs, matérialisés par des vœux, la réalité politique congolaise semble ne pas aller dans le sens de nos vœux. Au final, les congolais lambda bénéficiaires de la croissance de l’économie risquent de détester l’année 2024. Voilà de quoi meubler l’agenda du Président de la République de sorte que l’onde de choc ne soit pas aussi brutale au réveil.

*Oasis KodilaTedika est un économiste et auteur récemment du livre Financement du développement en RDC : diagnostic, opportunités et perspectives.


congo-press.com / MCP, via mediacongo.net
C’est vous qui le dites : 1 commentaire
2191 suivent la conversation

Faites connaissance avec votre « Code MediaCongo »

Le code à 7 caractères (précédé de « @ ») à côté du Nom est le Code MediaCongo de l’utilisateur. Par exemple « Jeanne243 @AB25CDF ». Ce code est unique à chaque utilisateur. Il permet de différencier les utilisateurs.

Poster un commentaire, réagir ?

Les commentaires et réactions sont postés librement, tout en respectant les conditions d’utilisation de la plateforme mediacongo.net. Vous pouvez cliquer sur 2 émojis au maximum.

Merci et excellente expérience sur mediacongo.net, première plateforme congolaise

MediaCongo – Support Utilisateurs


Mampuya @T6L7OKA   Message  - Publié le 11.01.2024 à 22:10
Les candidats et le groupe de Genève, ont été incapable de posé au centre de la campagne, la question économique, le dollars, la misère du peuple. La campagne s'est jouée, sur les futilités, des distractions imposées par Tshilombo et Kadima. Etre de père et de mère, citer le nom de Kagame comme agresseur, être juif. Il y'a combien des pasteurs dans chaque tribu du Congo. Comme le pouvoir vient de Dieu. Nous voilà les églises de fabrications locales priés pour les tenants du pouvoir.

Réagir

3
1
1
Répondre
@
Insérez un émoji
right
Article suivant Hydrocarbures : « Il n’y a pas de pénurie de carburant à Kinshasa », rassure le gouvernement
left
Article précédent En RDC, le taux de pénétration des assurances est de 0,46 %

Les plus commentés

Politique Le président Tshisekedi prévient les députés nationaux : « Je n’hésiterai pas à dissoudre l’Assemblée nationale et renvoyer tout le monde à de nouvelles élections, si ces mauvaises pratiques persistent »

18.05.2024, 19 commentaires

Politique Attaque armée ce matin autour de la résidence de Vital Kamerhe,

19.05.2024, 13 commentaires

Politique La France, un allié indéfectible du Rwanda : Les dessous d’une alliance stratégique

19.05.2024, 12 commentaires

Politique Tentative de coup d'État à Kinshasa : le chef des assaillants abattu

19.05.2024, 11 commentaires

Ont commenté cet article



Ils nous font confiance

Infos congo - Actualités Congo - confiance