L’UE suspend le nouvel accord pour plafonner les importations de denrées ukrainiennes

Alors que les Européens avaient trouvé un accord au beau milieu de la nuit de mardi 19 à mercredi 20 mars pour mettre de nouvelles conditions sur l’importation de denrées ukrainiennes, ce projet de texte est désormais mis entre parenthèses. Face à la colère des agriculteurs provoquée par ces importations, les députés européens réclamaient des limitations supplémentaires dont certaines ont intégré le texte. Mais le Conseil de l’Union européenne (UE) a suspendu cet accord pour que les capitales l’analysent.

Les restrictions d’importation et le retour de droits de douane sont les deux piliers de ces nouvelles mesures, destinées à garantir les débouchés des agriculteurs européens, tout en maintenant la solidarité avec l’Ukraine.

Mais le Conseil de l'Union européenne a suspendu l’accord pour l’instant, bien qu’il soit encore officiellement sur la table, a affirmé la Belgique, qui exerce la présidence tournante du Conseil de l’UE. Le pays affirme que les États-membres voulaient plus de temps pour étudier le texte : certains ont besoin d’obtenir le feu vert des capitales.

La Belgique ajoute que le texte reviendra dès que possible devant les ambassadeurs – au plus tard mercredi prochain – pour « confirmer le compromis ». Cette échéance peut être vue comme une façon d’enjamber le sommet européen de jeudi 21 et vendredi 22 mars, qui pourrait aussi amener les chefs d’État et de gouvernement à trancher.

Deux points posent problème. D’une part, le blé, qui n’a finalement pas été inclus dans le mécanisme automatique de stabilisation des volumes : il remet les droits de douane à partir du moment où les seuils d’importation sont dépassés. Deuxième écueil, la période de référence : on calcule ces seuils d’importation depuis 2022, écartant donc 2021 essentiellement, car c’était une année post-Covid-19 et dont les chiffres ne seraient pas représentatifs.

Il y a peut-être une dose d’optimisme de la part de la présidence belge, parce que la France, l’Italie et la Pologne – soit trois des plus grands pays agricoles de l’UE – se sont opposés au texte. En Pologne, par exemple, les agriculteurs ont installé mercredi des centaines de barrages à travers le pays, le gouvernement a donc des raisons supplémentaires de vouloir un accord plus large.

Les agriculteurs polonais mettent la pression avec de centaines de blocages

Les agriculteurs ont encore une fois mené des opérations pour exprimer leur colère contre les importations ukrainiennes qui entrent sur le territoire sans frais de douane depuis le début de la guerre, ce qu’ils considèrent être une « concurrence déloyale ». Également contre le pacte vert européen, qu’ils jugent trop contraignant, les agriculteurs polonais ont installé des centaines de barrages dans le pays pour se faire entendre, rapporte notre correspondant à Varsovie, Martin Chabal.

Depuis des mois, les agriculteurs enchaînent les manifestations et bloquent depuis quatre mois la frontière avec l’Ukraine, demandant le rétablissement des frais de douanes pour les produits ukrainiens. Mais mercredi 20 mars, ils se sont mobilisés partout dans le pays pour bloquer les principaux axes routiers.

Ils demandent à être écoutés et rejettent fermement le pacte vert européen, qu’ils voient comme un coup de grâce à leur profession, dans une situation compliquée depuis le début de la guerre en Ukraine.