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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Société

Le journaliste Stanis Bujakera annonce ne pas faire appel de sa condamnation pour le moment

2024-03-22
22.03.2024
2024-03-22
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Le journaliste Stanis Bujakera ne compte pas faire appel pour le moment. C'est ce qu'il annonce sur RFI. Condamné ce lundi à six mois de prison, puis libéré ce mardi, Stanis Bujakera a choisi RFI pour accorder sa première interview d'homme libre : les pressions sur lui pour qu'il révèle ses sources, les pressions sur les juges pour qu'ils le condamnent... En ligne de Kinshasa, notre confrère, correspondant de Jeune Afrique et de Reuters, mais aussi le directeur adjoint d'Actualité.cd, raconte ses six mois de détention.

RFI : Ça fait quoi d'être un homme libre ?

Stanis Bujakera : Quel soulagement ! Je veux dire, ça m'a manqué depuis le 8 septembre 2023. Je suis juste très content de retrouver enfin ma femme, mes enfants, mes parents, les collègues et de pouvoir encore continuer à ne faire que ce que nous savons faire, continuer avec mon travail d'informer.

Il y a eu une forte mobilisation dans votre pays, le Congo, et à l'étranger. À qui pensez-vous aujourd'hui ?

À tous ces vaillants journalistes qui se sont levés comme un seul homme pour dire non. Non à l'oppression, non aux intimidations contre le travail indépendant des journalistes, non à l'arbitraire. Je voulais ici dire merci aux différents médias pour qui je travaille, notamment Jeune Afrique, avec la direction [de ce journal] et tous les collèges journalistes qui se sont mobilisés. Je voulais dire ici merci à Reuters, merci à actualité.cd, merci très particulièrement aux collègues Patient Ligodi, Israel Mutala, Ange Kasongo, Wendy Bachi, Sonia Rolley, tous les autres confrères, ils sont nombreux, ils se sont beaucoup mobilisés et je dois tout à toutes ces personnes. Merci à tous.

Mardi après-midi, Stanis, vous êtes passé par toutes les émotions. D'abord libérable, puis à nouveau incarcéré dans votre cellule collective de Makala, et enfin libéré. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Ce qui s'est passé, c’est une démonstration de plus de l'acharnement de la part de ceux qui ne veulent pas que les journalistes ne fassent que leur travail, celui d'informer la population, de leur donner une information indépendante. Dieu merci, finalement, après toute cette mobilisation, autour de 22 heures, je peux quitter la prison centrale de Makala et on m'a informé que le ministère public avait retiré son appel introduit plus tôt contre le jugement. Je voulais parler de ce jugement inique qui a été prononcé contre moi. Inique, parce que j'estime que, dans ce dossier, le droit n'a pas été dit.

Et justement, cette volte-face du procureur, ce mardi à 22 heures, vous l’expliquez comment ?

Depuis le début de cette affaire, le procureur, le parquet et tout le monde qui était derrière ces dossiers, ils étaient dans ce que je vais qualifier, moi, d’imagination. Tout a été fabriqué. Toutes les accusations ne reposaient sur rien, n'avaient aucun soubassement. On m'a accusé de tout, mais seulement, moi, je suis journaliste, je suis factuel. Ils ont été dans l'impossibilité de démontrer leurs accusations. Curieusement, le parquet m’a demandé à moi d'amener les preuves de leurs accusations. Or, ce n'était pas mon rôle. C'est l'accusateur qui apporte les preuves, et non l'accusé.

À l'origine de votre arrestation il y a 6 mois, Stanis Bujakera, il y a eu une note des services de renseignement civils qui impliquait les services de renseignement militaires dans la mort du député d'opposition Chérubin Okende, en juillet 2023. Le procureur vous a accusé d'avoir fabriqué cette note et, ce lundi, la justice vous a officiellement condamné pour cela. Comment vous réagissez, aujourd’hui ?

Je dis que ce qui s'est passé dans ces dossiers, il n’y avait rien de droit, donc c'est une affaire totalement montée, totalement fabriquée pour essayer de nous intimider. D'ailleurs, cela, le ministère public l'a assumé le jour de la plaidoirie, il disait qu’il fallait condamner Bujakera qui dérange, il fallait condamner Bujakera pour faire peur aux autres journalistes, il fallait le faire. C'est comme ça que je dis qu’il n’y a rien de droit dans tout ce qui s'est passé.

Le fait que vous ayez plus de 500 000 abonnés sur votre compte X et que vous soyez l'un des journalistes les plus influents du Congo, est-ce que cela a pu jouer dans votre arrestation du 8 septembre ?

C'est peut-être le fait d'être indépendant, c'est peut-être le fait de refuser de pratiquer le journalisme qui accompagne. Nous, on a fait le choix d'un journalisme indépendant qui ne rapporte que des faits, qui cherche l'info à la source et donc, voilà, nous sommes peut-être victimes de cela. Mais est-ce que nous nous sentons intimidés ? Non. Est-ce que nous nous sentons en insécurité ? Je dirais oui. Mais est-ce qu'il faut reculer ? Je dirais non. On est prêt, au prix de notre liberté. On est prêt à ne faire que ce boulot de journaliste professionnel qui ne fait que son travail. Donc c'est peut-être ça, notre péché, c'est peut-être d'être professionnel.

Toutes les demandes de mise en liberté provisoire ont été rejetées, alors que chacun savait qu'il n'y aurait aucun problème de présentation devant le juge. Est-ce qu'on ne vous a pas maintenu en prison pour vous obliger à révéler vos sources ?

Ça m'a été demandé au départ, depuis mon arrestation. Dès le premier jour, il était question de citer le nom des contacts, des sources qui, selon ceux qui nous ont arrêté, ont partagé avec nous des informations confidentielles qui dérangeraient. C'était ça même le but de cette arrestation. Il fallait voir qui sont nos sources ici et là. Mais on a été professionnel jusqu'au bout, parce que la loi, qui garantit l'exercice du journalisme dans ce pays, garantit la protection des sources.

On a fait pression sur vous et vous n'avez pas cédé ?

Je ne pouvais pas céder. Pour l'honneur de la profession, pour l'honneur de nous tous, pour l'avenir du journalisme indépendant dans ce pays, pour toute cette jeunesse qui voit ce que nous faisons. Il fallait rester professionnel jusqu'au bout.

Dans une conférence de presse il y a un mois, le président Tshisekedi a déclaré : « notre justice est malade, même dans le traitement des dossiers ». Qu'est-ce que cela vous inspire ?

J'ai été en contact pendant tout le temps que je passais en prison avec différents prisonniers. C'est-à-dire que j'étais en contact avec différents dossiers judiciaires et j'ai compris qu’il y a un sérieux problème. On a des juges et des magistrats qui ont une très bonne formation et qui sont très compétents et qui peuvent faire mieux. Mais après, on a l'impression qu'ils n'ont pas les mains libres. Je préfère le dire comme ça, parce que peut-être qu'ils subissent des pressions, mais venant de qui ? Par exemple, sur mon dossier, je sais que les juges qui ont traité mon dossier m'ont acquitté, ils m'ont déclaré innocent, ça c'est leur décision. Je sais qu'ils n'ont, eux, à leur niveau, retenu aucune infraction contre moi. Mais la décision qui me condamne leur a été dictée ailleurs. Voilà, ils ont été mis dans une situation difficile, mais pourtant, on a des juges qui peuvent faire mieux. Mais est ce qu’on les laisse avoir les mains libres ? C'est le plus grand problème et ça, ça reste un combat.

L'un de vos avocats a dit que vous envisagiez peut-être de faire appel. Vous en êtes où dans votre réflexion ?

Quand j'aurai les garanties d'une justice réellement indépendante, peut-être à ce moment-là, on peut envisager de faire quelque chose, ce qui n'est pas le cas pour le moment.

Donc pas d'appel pour l'instant ?

J'ai cherché à avoir les garanties d'une justice réellement indépendante et, pour le moment, je constate que ce n'est pas le cas.

Stanis Bujakera, vous avez passé six mois dans une cellule collective avec d'autres prisonniers. Est-ce qu'il y a des codétenus dont vous voulez parler aujourd'hui ?

Je vous parle de la prison centrale de Makala [à Kinshasa], construite pour une capacité d'accueil de 1 500 personnes. En quittant Makala mardi, j'ai laissé officiellement plus de 14 400 détenus dans cette prison, qui sont dans des situations inhumaines, insupportables. Parmi les 14 400 personnes, vous avez à peine 1 500 à 2 000 condamnés, donc il y a beaucoup de prévenus qui attendent des décisions. Par exemple, en quittant Makala, il y a un avocat, qui est détenu, qui m'a dit : « je suis au niveau de la Cour de cassation et j'attends le prononcé, donc mon verdict, depuis maintenant deux ans » [ndlr : il s’agit de l’avocat Bavon Kikwani Mpamen]. Je vous parle également d'un monsieur qui était dans ma chambre, Luc Atundu [directeur au ministère de l’Environnement], condamné à 8 mois de prison [ndlr : il aurait dû sortir en mars 2023]. Le ministère public a fait appel. Aujourd'hui, en quittant Makala, je l'ai laissé, il en était à sa deuxième année. Et au niveau de l'appel, la Cour de cassation n'a toujours pas rendu sa décision. Je vous parle également d'un autre prévenu, d'un monsieur qui est là à Makala comme prévenu jusqu'aujourd’hui. Après 21 ans, il est toujours prévenu, sans jugement, je l’ai vu.

21 ans ! Comment s'appelle-t-il ?

Je n'ai pas retenu son nom, mais j’ai vu son dossier, je parlais avec lui. Il est là à Makala depuis 21 ans, mais comme prévenu, il n'a jamais été jugé [ndlr : ce prévenu s’appelle Nkumbu Ngoy Damas]. La direction fait ce qu'elle peut pour tenir la prison et toute l'équipe. J’ai vu les efforts que les responsables de la prison centrale de Makala fournissaient pour tenir la prison, mais c'est insupportable. Il y a au moins deux ou trois morts tous les jours parce que les gens sont dans des conditions inhumaines. Vous ne pouvez pas supporter. Nous, on a tenu parce que c'était un combat pour l'avenir du journalisme indépendant dans ce pays. Mais ce qui se passe à Makala, vous ne pouvez pas supporter. Les gens sont délaissés. Des dossiers judiciaires sont non traités, des gens sont envoyés à Makala comme ça, sans condamnation, il y a beaucoup de cas. Ceux qui ont déjà été jugés ne connaissent toujours pas leur sort parce que, au niveau de la Cour de cassation, ou au niveau d'autres juridictions, le prononcé n'arrive toujours pas. Et donc voilà, ça pose problème. Je vous parle également des cas des prisonniers, on va dire politiques. Jean-Marc Kabund, qui est toujours à la prison de Makala. Jean-Marc Kabund, je le cite, parce qu’il était dans ma cellule. Je vous parlais, par exemple, du cas de Salomon Kalonda, qui est détenu à Ndolo [ndlr : une autre prison de Kinshasa]. Pour lui, les différentes demandes de liberté provisoire pour aller se faire soigner sont toujours rejetées, comme c'était le cas pour moi. Je parle de Mike Mukebayi, que j’ai laissé également à la prison centrale de Makala. Il y a beaucoup de dossiers comme ça, et il faut que quelqu'un puisse agir. Il faut que quelqu'un puisse dire : « allez, c'est fini, remettons les choses dans l'ordre ». C'est ce qu'il faut.


RFI / MCP, via mediacongo.net
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Salima @TTYVYQL   Message  - Publié le 22.03.2024 à 13:47
Lui a totalement perdu sa carrière de correspondant de qui il est correspondant (Jeune Afrique, Reuters etc). Ses sources d'informations se méfieront dorénavant qu'il les approche pour quoi que ce soit, de peur qu'ils en écopent de lourdes conséquences. Il n'est plus bon qu'à intégrer la politique où aller en exile en France où il retrouvera son emplois à Jeune Afrique à moins qu'il s'y joigne aux Lumumba-petit-fils etc. Alternativement, il ira chez Naanga.

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Meso Mbuaki @9KYSFK8   Message  - Publié le 22.03.2024 à 12:29
Stanis attaquera l’état congolais une fois qu’il aura quitté le territoire congolais, même si il n’y pense pas ON le lui suggérera.

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Okolela @V73Q7NS   Message  - Publié le 22.03.2024 à 10:22
SI LUI-MEME TSHISEKEDI PARLE D'UNE JUSTICE MALADE, ET POURTANT, IL EST LE CHEF DE L'ETAT, IL PEUT REMETTRE LES CHOSES EN ORDRE, MAIS CE QUI EST GRAVE EST QUE C'EST LUI ET SES COLLABORATEURS QUI SONT A LA BASE DE L'INSTRUMENTALISATION DE LA MEME JUSTICE PAR DES ARRESTATIONS DU GENRE SPECTACULAIRES

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Citoyen Lambda @HOEVOJK   Message  - Publié le 22.03.2024 à 08:05
C’est vraiment triste ce qui se passe dans ce pays. Je vois un Kamuleta en train de confirmer des résultats d’élections fantaisistes, avec un sourire canaille. La justice des cannibales, sur toute la chaine ! Nous vivons sous un régime des criminels qui se targuent de fixer la justice.

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