Panique sur le pétrole : pourquoi les États-Unis somment l'Ukraine d'arrêter les frappes contre des raffineries russes

Des responsables des services de sécurité ukrainiens (SBU) ont reçu des avertissements américains pour arrêter de cibler les sites de production d'énergie en Russie, dont les raffineries de pétrole, s'inquiétant de représailles.

L'Ukraine va-t-elle suivre les recommandations américaines ? Des responsables des services de sécurité ukrainiens (SBU) et de la direction générale du renseignement (GUR) ont été sommés d'arrêter les attaques contre les sites de production d'énergie en Russie.

Cette demande émane directement des États-Unis, qui a répété ses avertissements, confirment trois personnes familières des échanges au Financial Times. Le pays s'inquiète des représailles que pourrait mettre en place la Russie.

Parmi leurs craintes, des répercussions sur les prix mondiaux du pétrole. Car la Russie reste l'un des pays les plus puissants dans le domaine de la production d'énergie. En faisant l'un des plus grands exportateurs pour le reste du monde.

Une hausse du prix du baril de pétrole de 15% rien qu'en 2024

Or, les attaques par drones de l'armée ukrainienne se multiplient depuis le début de la guerre en février 2022. Au début 2023, l'Ukraine a fait des installations pétrolières ses cibles favorites pour impacter directement l'économie russe. Le terminal d'hydrocarbures de Novatek à Oust-Louga, sur la mer Baltique, en a fait les frais.

Seul problème, en attaquant ces points clés, l'Ukraine impacte la production de la Russie, mais aussi, par extension, les marchés mondiaux. Si le pétrole russe est visé par des sanctions économiques, les prix du baril de pétrole ont augmenté de 15% cette année, atteignant 85 dollars. Les prix des carburants ont donc augmenté, notamment aux États-Unis où Joe Biden est en pleine campagne pour sa réélection au poste de président.

"Rien ne terrifie plus un président américain en exercice qu'une hausse des prix à la pompe au cours d'une année électorale", a déclaré Bob McNally, président de la société de conseil Rapidan Energy et ancien conseiller en énergie de la Maison Blanche.

Des frappes loin d'être encouragées par les États-Unis

Au moins douze attaques ont touché des raffineries russes depuis le début du conflit. Rien que cette année, on en dénombre neuf, assure un responsable du renseignement militaire à Kiev.

Cette accélération s'accompagne d'une amélioration des systèmes d'attaque ukrainienne. Les attaques par drone sont désormais en mesure de frapper des installations situées dans un rayon de 1 000 km, ouvrant la porte à des frappes contre Saint-Pétersbourg. Le tout accompagné de charges embarquées pouvant générer d'importants dommages.

Si le service de sécurité ukrainien (SBU), la direction du renseignement (GUR) ou même le président Volodymyr Zelensky n'ont pas souhaité s'exprimer, il en va de même pour la CIA (l'agence de renseignement des États-Unis spécialisé sur les activités en dehors du pays). Seul un porte-parole du Conseil national de sécurité américain (NSC) a déclaré : "Nous n'encourageons ni ne rendons possible les attaques à l'intérieur de la Russie."

Au-delà du pétrole, les États-Unis s'inquiètent également d'éventuelles répercussions directement sur l'approvisionnement. Notamment en fermant certains points dont dépend l'Occident. C'est le cas de l'oléoduc CPC, qui traverse la Russie pour transporter le pétrole du Kazakhstan. Les deux plus grands acteurs américains du pétrole, ExxonMobil et Chevron, dépendent de cette installation, déjà brièvement fermée en 2022.