Provinces
Les réactions n’ont pas tardé après les révélations de RFI sur les maisons compromettantes de l’ONU et des ONG en RDC. Parmi elles, celle du ministre de la Coopération et celle du porte-parole de la Mission des Nations unies au Congo.
RFI a enquêté sur deux commerçants du Sud-Kivu régulièrement épinglés par le groupe d’experts de l’ONU pour leurs liens avec le trafic d’or et les FDLR, les rebelles hutus rwandais. Ces commerçants possèdent de nombreuses maisons à Bukavu, dont certaines sont louées ou ont été louées par des agences onusiennes, des ONG ou leurs employés.
La société civile du Sud-Kivu estime que des millions sont ainsi blanchis chaque année, pas seulement au Sud-Kivu, mais dans toutes les provinces minières. Elle appelle l’ONU et les ONG à se montrer vigilantes.
Cette situation interpelle le ministre congolais de la Coopération qui appelle le système onusien à mettre en place une politique de contrôle en la matière mais aussi à plus de coopération avec les autorités de la RDC, dans ce domaine-là, comme dans d’autres.
« Cette affaire de maisons interpelle le gouvernement puisque c’est une affaire qui va à l’encontre et annihile les efforts du gouvernement qui met tout en œuvre pour rendre le commerce des minerais licite, témoigne le ministre Frank Mwe di Malila. Le gouvernement fait des efforts par le biais de l’Itri [Association internationale de l'étain]. Le gouvernement fait tout pour contrôler ce commerce et lorsque les Nations unies n’ont pas de politique de contrôle avec les gens avec lesquels elles passent des marchés, cela est inquiétant. Il devrait avoir recours, à mon avis, systématiquement à la collaboration avec le gouvernement, ce qui permettrait de beaucoup plus identifier les acteurs. L’objectif ici n’est pas de contrôler les Nations unies. L’objectif est d’avoir une action beaucoup plus efficiente, une action coordonnée, en parfaite collaboration avec les Nations unies pour obtenir des résultats les meilleurs. Mais une fois de plus, je reviens sur la collaboration qui devrait être la nôtre, et c’est peut-être cela qui induit le manque de transparence parce que dans un autre domaine, nous avions, par exemple sur l’expertise nationale qui devrait être utilisée au sein de certaines agences, demandé la collaboration des Nations unies. Jusqu’à présent, nous avons une fin de non-recevoir et je m’inquiète des dérives que cela peut avoir dans d’autres domaines d’activité. »
Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération avait demandé une mission d’audit de l’expertise internationale, estimant qu’elle était privilégiée au détriment de l’expertise nationale. Le coordonnateur humanitaire des Nations unies avait estimé qu’un tel audit était contraire à l’accord signé entre le gouvernement et les agences onusiennes.
Les explications de la Monusco
Du côté des Nations unies, on annonce que des mesures ont été immédiatement été prises, et notamment en terme de vérifications tant du côté de la Monusco que des agences onusiennes, que certaines agences auraient même déjà déménagées. On dément en tout cas une complicité d’une quelconque nature dans une opération de blanchiment.
Pour le porte-parole de la Monusco, il est important de ne pas généraliser. Si Prosper-Felix Basse annonce que des mesures sont prises et notamment en termes de vérification, il explique que ce n’est pas si facile que ça de connaître les identités des propriétaires des maisons louées. « Il faut s’entendre sur une chose, explique-t-il : le dispositif mis en place ici pour accéder à un logement ne permet souvent pas de savoir réellement qui est le détenteur de cette maison-là. Il y a tellement d’intermédiaires. Nous tous, nous sommes ici locataires et il est très rare de savoir réellement à qui appartient [le bien, ndlr]… Même si on le savait, aller prouver l’origine de son argent, je pense qu’il y a un travail beaucoup plus fouillé qu’il faudra faire pour justement déterminé avec précision d’où vient la richesse de tel ou tel homme avec beaucoup plus de précisions. Au niveau de l’administration de la Monusco, les mesures sont prises immédiatement et aujourd’hui, toute une série de mesures ont été prises, particulièrement à Bukavu, pour non seulement faire la cartographie exacte du personnel civil ou militaire de la Monusco, et savoir exactement à qui ils ont loué ces maisons. Mais troisièmement aussi, savoir si le processus d’autorisation émis par la sécurité a été bel et bien mené à son terme et de manière rigoureuse. Donc voilà ce que nous pouvons dire pour le moment, mais cette affaire est en train d’être suivie de très près par l’administration de la Monusco, et nous prendrons les mesures idoines qui se posent. »
Pour Florence Marchal, coordinatrice du groupe de communication des Nations unies en RDC, qui parle plutôt au nom des agences onusiennes, on ne peut pas parler de complicité de l’ONU dans un quelconque blanchiment. Elle expliquait ce 10 février lors de la conférence de presse que certaines agences avaient déjà pris des mesures pour déménager et qu’elles avaient été sensibilisées à cette question.
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