Interviews
Depuis l'annonce de sa candidature aux élections législatives
(belges) du 10 juin prochain, Lydia Mutyebele Ngoï, candidate n°7,
sur la liste CDH(Centre Démocrate Humaniste) au sénat est sous
le feu des projecteurs. Il faut dire qu'elle a fait une entrée remarquée
sur la scène politique belge, avec un score fort appréciable de
985 voix aux élections communales d'octobre denier. Celle dont la carrière
a débuté comme stagiaire au Parlement européen, représente
sans conteste un modèle de réussite self-made. La communauté
africaine et en particulier la diaspora congolaise se félicite de l'avoir
comme représentante, et qui de plus est la seule candidate effective
au sénat d'origine subsaharienne.
Etoile montante de son parti, le CDH, Lydia représente une nouvelle génération
et surtout une autre image des jeunes d'origine étrangère. Pour
la plupart des jeunes bruxellois avec qui elle a grandi, elle est à même
de mieux les représenter parce qu'ils partagent les mêmes réalités.
Mais comme l'on peut le constater en observant son entourage, multiculturel,
la sympathie qu'elle attire ne vient pas seulement de la communauté africaine.
Lydia
est aussi une figure bien connue de la musique Gospel en Belgique, fille de
pasteur, à l'école primaire et secondaire elle passe ses mercredis
après-midi et week-end à l'académie de musique de Woluwé(Bruxelles).
De ce fait elle est tout aussi à l'aise dans les symphonies de Beethoven,
Mozart,.. que dans les vibrations africaines (naturellement dirait-on). Ses
talents musicaux ne doivent pas voiler son bagage intellectuel, marqué
par un parcours sans faute à la Faculté de droit de l'Université
Libre de Bruxelles(ULB). En effet, Lydia a cumulé distinctions et grande
distinction pour décrocher, à 22 ans, sa licence en droit, avant
d'entamer une licence spéciale en droit international privé.
Agée de 28 ans Lydia Mutyebele est actuellement juriste au service d'assistance
en matière administrative et pécuniaire des cabinets du gouvernement
de la communauté française et depuis le 8 octobre 2006 conseillère
communale à la ville de Bruxelles
" Aujourd'hui le défi est grand et les espoirs réels !", nous confie t-elle. Lydia fait de l'accès des jeunes à l'emploi, la lutte contre la discrimination à l'embauche et la réduction de l'écart de salaires entre hommes et femmes son cheval de bataille. " Plus que des promesses, je vous propose à ce jour d'adhérer à l'état d'esprit qui m'anime, celui d'une démocratie participative, où tout le monde est acteur du changement " peut-on lire sur son blog.
Pour contacter de Lydia
E-mail : lydiangoi@hotmail.com
Téléphone : 00 32 (0) 485 47 65 20
Comme les dernières communales, ces élections connaitront également
une forte présence des candidats d'origine congolaise. A côté
des figures bien connues, on trouve des candidats qui su se frayer un chemin.
On retrouve donc :
A la chambre
- Gisèle Mandaila(MR), l'actuelle Secrétaire d'Etat à la
famille et aux personnes handicapées Conseiller communal et Député
fédéral , échevin et député bruxellois
- Bertin Mampaka (CDH), échevin et député Bruxellois
- Pierre Kompany(PS)
- Isabelle Kibasa Maliba (PS), Conseillère communale à Tubize
- NANCY ELONGA (groen)
- Linda Mbungu-Dinkueno (CD&V- NVA)
- Nianga Lumbala Mie-Jeanne (CDH)
- Monique Misenga Banyingela (CDH)
- Dunia SENDWE (CDF)
Et au sénat, Bob Kambaba(Ecolo) se présente en tant que suppléant
Nous reproduisons plus bas des extraits d'interviews que Lydia a accordé à deux sites internet de la diaspora africaine en Belgique (camer.be et culturek.net)
INTERVIEW
Lydia M. : Je m'appelle Lydie Mutyebele Ngoi, j'ai 28 ans. Je suis licenciée
en droit de l'université Libre de Bruxelles. J'ai aussi une licence spéciale
en droit international privé.Je suis arrivé en Belgique à
l'âge de 6 ans. Donc j'ai effectué toute ma scolarité en
Belgique. Je me définis comme métisse culturelle parce que je
prend un peu de ma culture d'origine, congolaise, que je mélange avec
la culture de mon pays d'adoption. Ce mélange a fait de moi ce que je
suis aujourd'hui. J'ai fini mes études à l'âge de 22 ans.
J'ai fait ma spécialisation directement après. J'ai fait quelques
stages, notamment chez Avocats sans frontières, et d'autres ONG s'occupant
de la lutte contre la mutilation génitale féminine en Afrique.
(...) J'ai travaillé pendant 6 mois au barreau de Bruxelles, comme avocate.
Ensuite j'ai été recrutée pour travailler au côté
de Jean Dallemagne alors qu'il était encore échevin. Lorsqu'il
est parti au Cambodge, j'ai commencé à travailler avec Bertin
Mampaka que je connaissais déjà. En effet, je l'ai aidé
antérieurement lors d'une campagne électoral. Auprès de
lui, je m'occupais de la régie foncière des propriétés
communales et de la permanence sociale. C'est par la suite que j'ai été
appelé par Bertin Mampaka et Joëlle Milquet pour être dans
la liste des communales en octobre 2006. J'ai été élu avec
985 voix. Actuellement, je suis juriste au sein de la Communauté française.
Je m'occupe des archives publiques. Je suis conseillère communale.
Le Cdh est un parti dynamique qui veut booster les jeunes, les nouvelles personnalités.
Et le fait d'avoir travailler avec Bertin, avec Joëlle a été
le phénomène d'inspiration. J'ai donc été sollicitée
pour occuper la septième place aux élections sénatoriales.
Culturek : vous vous présentez aux élections pour être sénatrices. Une fois élue, quels sont les dossiers qui vous tiennent à coeur ? Quels sont ceux que vous traiteriez particulièrement ?
Lydia M. : Quand je me définis, je dis que je suis femme, je
suis jeune, je suis noire. Les problématiques qui touchent les jeunes
me touchent vraiment à coeur. C'est un dossier sur lequel j'aimerai d'appesantir
et arriver jusqu'au bout : le chômage des jeunes. Lorsqu'ils finissent
les études et s'inscrivent au chômage, ils ont une attente de 9
mois. J'aimerais transformer ces 9 mois d'attente en 9 mois de stage afin que
ce soit assez rentable. Au delà des problèmes des jeunes, la question
des femmes me tient aussi à coeur. Au niveau du secteur public, il n'y
a pas de discrimination entre les femmes et les hommes. Dans le privé,
on voit qu'à diplôme égal, âge égal, expérience
égale, les femmes sont moins bien payées que les hommes. Or ce
serait bien qu'on arrive à un salaire reconnaissable pour qu'on puisse
arrêter la discrimination à ce niveau là.
Egalement, on constate que les femmes doivent beaucoup travailler et s'occuper
des enfants. J'aimerai que le crédit temps, qui existe déjà,
soit vraiment approfondi. Il faudrait que les femmes qui ont envie de s'occuper
de leurs enfants pendant 5 ans puissent le faire. On devrait leur donner les
moyens matériels nécessaires pour le faire aussi. C'est à
dire si une femme veut rester à la maison pour garder ces enfants, elle
devrait être payer pendant ces 5 ans là. Car elle s'occupe de toute
une famille. Si on le fait, on garde l'équilibre de la famille. La femme
aura un regard sur les enfants. On n'aura pas les déviations que l'on
reproche souvent aux jeunes.
Au niveau des personnes âgées, nous aimerons arriver à l'augmentation
des petites pensions. Nous voulons atteindre le montant de 1000 à 1200
euros pour que ces personnes puissent vivre décemment. Voilà ce
sont là les trois projets qui me tiennent à coeur.
Camer : Lydia, pour cette première, vous êtes prête
pour relever le nouveau défi ?
Je crois qu'on n'est jamais suffisamment prêt dans la vie. La vie est
un apprentissage éternel. C'est ma première campagne au niveau
fédérale. J'ai été élue au niveau de la commune
déjà l'an dernier. (Elle est conseillère communale à
Bruxelles ville depuis les élections du 08 octobre 2006 NDLR). J'y crois
cette fois aussi.
Camer : Comment se déroulent vos journées de campagne ?
J'essaie toujours, avec mon équipe, de faire une campagne de proximité.
On se rapproche le plus près des gens dans tous les coins. Le but du
politique c'est de marcher dans la société, d'écouter les
citoyens et de faire un état des lieux de leurs préoccupations.
C'est sur la base de cet état des lieux qu'il élabore les propositions
de lois. Je contacte des personnes que je connais. A leur tour, ils contactent
ceux qu'ils connaissent ainsi de suite pour faire une campagne en réseau.
Je vais aussi dans les commerces, les salons de coiffure, les écoles,
j'aborde les gens dans la rue pour expliquer mon gramme. Je ratisse large dans
la proximité en Wallonie et à Bruxelles.
Camer : Pourquoi votre choix politique s'est-il porté sur le CDH ?
Le CDH est un parti qui défend les valeurs qui me tiennent à cur.
C'est un parti où l'être humain est au centre de tout. Je crois
qu'on fait d'abord la politique pour les gens et non pas pour soi-même
ou pour sa famille. Je suis une personne qui aime s'occuper des autres. C'est
cette valeur fondamentale qui m'a donc attiré au CDH, un parti très
humain, très familial. La famille est la pierre angulaire de toute société.
Je crois que je me retrouve dans toutes ces valeurs qui sont défendues
par ce parti.
Camer : Comment êtes vous arrivez sur la liste des 15 candidats du CDH
?
Ma présidente de parti est une personne de cur. C'est une personne
qui met les jeunes en avant plan. J'ai battu une belle campagne lors des dernières
communales avec Joëlle Milquet (présidente du CDH ndlr) et Bertin
Mampaka (echevin des sports à la ville de Bruxelles ndlr). Ils ont apprécié
ma combativité, ma débauche d'énergie, mon ardent dans
le combat. C'est pour ça que la présidente m'a sollicité
pour être sur cette liste.
Camer : C'est une mission facile à assumer aux côtés des
personnalités comme Françis Delpérée, Anne Delvaux
et les autres?
Ce n'est pas une chose facile c'est vrai ! Mais avec la confiance, avec l'esprit
d'équipe du CDH, on peut y arriver. Ma position sur la liste peut faire
la différence aussi. (Elle est 7ème sur 15 candidats effectifs
et 9 suppléants CDH, ndlr)
Camer : Au-delà de l'enthousiasme, qu'est ce qui vous motive autant pour
cette élection fédérale ?
En tant que jeune, je crois qu'il ne faut pas toujours se plaindre des choses
qui arrivent. Il faut entrer dans la sphère politique, au sénat
par exemple, où les grandes décisions sont prises. En y entrant
moi-même, c'est ma manière de contribuer à l'évolution
de la société, de celle des personnes qui sont de la même
génération que moi. C'est cela ma contribution à la vie
publique.
Camer : Vous êtes une élue communale déjà. Quelle
est la différence entre les élections communales et les sénatoriales
?
Vous savez que la Belgique est un état fédéral. En octobre
2006, on a voté pour les communales. La commune est l'entité la
plus proche du citoyen. Elle s'occupe de la problématique locale en matière
d'autorisation de commerce, de permis de bâtir etc Au dessus de cette
institution, on a les régions qui sont compétentes en matière
d'environnement par exemple. A côté de la région trône
la communauté. Ses compétences ont trait à l'enseignement
par exemple. Au dessus de tout cela, il y a le fédéral, la chambre
et le sénat, qui prend toutes les autres compétences.
Culturek : CultureK organise des débats sur le thème des églises de réveil. La thématique principale est église de réveil ou de sommeil. Ce phénomène a défrayé, à un moment, l'actualité belge, avec l'histoire de cet enfant qui a été battu par sa famille sous prétexte qu'il était sorcier. Quel est votre sentiment là dessus ?
Lydia M : Je suis politicienne, je ne suis pas pasteur. En tant que telle, je suis pour la séparation de pouvoir entre l'Église et l'État. Je suis pour la liberté d'expression, d'opinion, du culte, pour peu que les Droits de l'Homme soient respectées.
Culturek : La question des sans papiers vous intéresse ?
Lydia M. : Oui, la question des sans papiers m'intéresse. J'aimerai
tout d'abord encourager et féliciter l'action de l'UDEP qui fait un travail
considérable. Encourager ce genre d'initiatives surtout par les politiques
est très important. Car les Sans papiers voient qu'il y a des personnes
qui s'occupent d'eux, qui les écoutent.
Notre parti voudrait faire, à ce propos, une action de régulation
globale comme elle a été faite il y a quelques années.
Et donc les personnes qui seraient en procédure depuis près de
5 ans ont auraient une régularisation d'office. Et ceux de moins de 5
ans, on aurait une commission avec des critères de régularisations
établies. On analyserait des dossiers, cas par cas, en fonction de ces
critères qui seraient connus, établis et listés. La régularisation
ne viendrait qu'au bout des dits critères.
Culturek : Quels regards portez-vous sur la politique belge au Congo ?
Lydia M. : Lorsque nous Belges, faisons des actions au niveau du Congo, nous devons être à l'écoute du peuple congolais. Qu'on fasse notre politique en fonction des besoins de la population congolaise.
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