Monde
La marée des dettes monte inexorablement. Surtout dans les pays les plus pauvres où l'inquiétude ne cesse de grandir. Une fois de plus, la Banque mondiale sonne l'alarme dans un rapport publié mardi.
Les pays pauvres éligibles aux prêts à taux très réduits de l'Association internationale de développement (AID), filiale de la Banque mondiale, consacrent désormais plus d'un dixième de leurs revenus d'exportation pour assurer le service de leur dette extérieure publique à long terme et de leur dette garantie par l'Etat. C'est la proportion la plus élevée depuis 2000.
A l'époque déjà, les difficultés à honorer leurs dettes avaient nécessité, sous l'égide du Fonds monétaire international (FMI), la mise en place de l'initiative « pays pauvres très endettés » pour alléger leur fardeau.
Une dette quasi triplée en dix ans
En 2021, l'encours de la dette des pays à revenu faible et intermédiaire a ainsi augmenté de 5,6 % pour atteindre 9.000 milliards de dollars. C'est plus du double d'il y a dix ans. Au cours de la même période, la dette extérieure totale des pays éligibles à l'AID a presque triplé pour atteindre 1.000 milliards de dollars. À fin 2021, le service de leur dette s'élevait à 46,2 milliards de dollars. Ils y consacraient 1,8 % de leur revenu national brut, contre 0,7 % en 2010.
La facture risque de s'alourdir au regard de la montée des taux d'intérêt dans le monde et du ralentissement de la croissance. Pour le président de la Banque mondiale, David Malpass, « les paiements du service de la dette publique externe et de la dette garantie par l'Etat par les pays les plus pauvres du monde devraient augmenter de 35 % à partir de 2021 pour atteindre plus de 62 milliards de dollars en 2022 ». Si tel devait être le cas, ce serait « l'une des plus fortes augmentations annuelles des deux dernières décennies », souligne la Banque.
Une dette multiforme
L'urgence d'une restructuration des dettes ne cesse de grandir. Sauf que, par rapport aux grandes crises des années précédentes où le Club de Paris était à la manoeuvre aux côtés du FMI et de la Banque mondiale, la tâche n'est plus aussi aisée. Depuis, la composition de l'endettement a changé.
Le Sri Lanka pris au piège des investissements chinois
Les pays à revenu faible et intermédiaire ont nettement accru le recours à des créanciers privés. Ils représentaient l'an dernier 61 % de leur dette publique, contre 46 % en 2010. Pour les pays les plus pauvres, cette part a quadruplé, passant de 5 % en 2010 à 21 % en 2021. Parallèlement, la proportion due aux créanciers du Club de Paris (Europe et Etats-Unis) est tombée à 32 % à la fin de 2021 contre 58 % à la fin de 2010.
L'influence prépondérante de la Chine
Même du côté des créanciers publics, la nature des dettes a considérablement évolué. Le montant dû aux pays qui ne sont pas membre du Club de Paris (Chine, Inde, Arabie saoudite, Emirats arabes unis et autres) est passé de 42 % (35,3 milliards de dollars) en 2010 à 68 % (138,3 milliards de dollars) en 2021.
Et parmi ces derniers créanciers, la Chine joue un rôle considérable. Sa part dans les encours de la dette bilatérale des pays pauvres est passée de 18 % en 2010 à 49 % en 2021.
Résultat : les remboursements dus à la Chine au titre des emprunts contractés par ces pays pauvres, estimés à 17 milliards de dollars en 2022, représentent 66 % du service de la dette bilatérale officielle.
« Une approche globale est nécessaire pour réduire la dette », affirme David Malpass. Les grands pays émergents, à commencer par la Chine, devront y jouer les premiers rôles. Sinon, la marée risque de continuer de monter.
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