Guerre du M23 : la ville de Goma isolée du reste de la province

Les rebelles du M23 appuyés par la Force de Défense du Rwanda (RDF) mènent depuis plus de six mois des attaques contre les positions de Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) dans plusieurs localités des territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi au Nord-Kivu.

Déjà, la ville de Goma est coupée du reste de la province, après la coupure du trafic sur l’axe Goma-Masisi-Nyanzale-Kibirizi. Jeudi dernier, les rebelles du M23 se sont emparés de la cité stratégique de Kitchanga et coupé complètement la communication entre la partie Nord et la ville touristique de Goma.

En octobre 2022, une portion de la route nationale numéro 2 (Rutshuru, Kiwanja, Rumangabo) était passée sous contrôle des rebelles du M23, coupant ainsi tout trafic sur cette route. Après la prise de Kitchanga, tout porte à croire que la capitale du Nord-Kivu sera asphyxiée économiquement.

Habituellement, la ville de Goma est nourrie par des produits en provenance des territoires de Beni, Lubero, Rutshuru, Masisi, et Nyiragongo. Ces parties sont désormais entre les mains des rebelles du M23.

La seule voie routière de ravitaillement pour la ville de Goma reste le Rwanda. Bien que mal, seuls les produits en provenance du Rwanda et de l’île d’ijwi ou encore du territoire de Kalehe (Sud-Kivu) qui seront à la disposition de la population de Goma.

Depuis l’occupation de la cité frontalière de Bunagana, et de la route Goma-Rutshuru, le prix des denrées alimentaires avait commencé à grimper. Sur le marché de vente, l’on a observé une rareté des certains produits. Visiblement, il sera difficile pour les habitants de la ville de Goma de satisfaire les besoins alimentaires avec seulement les produits en provenance du Rwanda et du Sud-Kivu.

Malgré les négociations entre Kinshasa et Kigali, les rebelles du M23 n’ont pas respecté les multiples appels au cessez-le-feu, que ce soit dans le cadre du processus de Nairobi, ou les résolutions du mini-sommet de Luanda.

Catégorique, Félix Tshisekedi Tshilombo continue d’accuser Kigali de soutenir les rebelles du M23 pour déstabiliser la partie Est de la RDC. Kinshasa ne veut toujours pas négocier avec les rebelles du M23 et comptent sur l’armée congolaise et la force régionale.

Sur terrain, celle-ci n’est cependant pas impliquée directement dans les offensives contre ce mouvement rebelle, se contentant de prendre Kibumba et Rumangabo, des entités qui ont été abandonnées par le M23 qui s’est concentré sur l’axe Masisi.

Les rebelles du M23 ont toujours demandé des négociations directes avec Kinshasa. Se revendiquant d’être congolais, ces derniers exigent notamment d’être intégrés dans l’armée, ce que le pouvoir en place ne veut pas entendre. Pendant ce temps, plusieurs observateurs pensent que seule une grande mobilisation des FARDC, -qui manquent parfois de moyens logistiques sur le front- peut mettre fin à l’aventure de ce groupe terroriste.