Société
Une démarche saluée par de nombreux Congolais pour une communauté qui subit les conséquences de la crise avec le Rwanda, sous forme de méfiance ou de discrimination.
L'itinéraire de la place des Evolués jusqu'au ministère de la Justice a été respecté par ces jeunes tutsi congolais qui disent dénoncer, à travers cette manifestation, l'agression de la RDC par son voisin, le Rwanda.
"C'est vraiment ridicule de trouver un gouvernement qui utilise son armée pour agresser son voisin, en se cachant derrière une communauté parce qu'elle porte une appellation semblable à une des tribus de son pays", estime Muhizi Serge, président de la jeunesse Tutsi.
"C'est pourquoi, aujourd'hui, nous demandons au gouvernement congolais de nous séparer avec le Rwanda, à travers ce nom tutsi qui n'est pas collé sur nous. Il y a ici au Congo ceux qui sont Banyamulenge et d'autres Banyemera".
Étendre le mouvement
Cette manifestation intervient au moment où la tension entre la RDC et le Rwanda est à son paroxysme, en raison du soutien supposé du Rwanda à la rébellion du M23, qui poursuit son offensive dans le Nord-Kivu, dans l’est du pays.
"Ces manifestations ne doivent pas se limiter à cette jeunesse. Nous voulons qu'elles s'étendent plus loin, pourquoi pas au peuple tutsi vivant au Rwanda ? Parce que lorsqu'il s'agit des morts, ce ne sont pas que des Congolais qui meurent, mais aussi des jeunes militaires rwandais qui sont en train d'être envoyés au Congo pour y laisser leur vie dans cette fameuse guerre d'agression", estime Christian Kabemba, un acteur de la société civile du Nord-Kivu.
Une position saluée
L'observateur congolais des questions sociopolitiques, Patrice Sheria, qui salue également la position adoptée par la jeunesse tutsi de RDC, soutient qu'elle les mettra à l'abri de la méfiance et des soupçons de la part des autres communautés.
"Cette position est très importante, premièrement pour la communauté tutsi elle-même ici au Congo, qui est exposée face aux autres communautés congolaises, parce que nous sommes attaqués, tués depuis des décennies par des milices tutsi venant du Rwanda. Lorsque cette communauté tutsi demeure silencieuse, d'autres communautés peuvent penser qu'elle est complice", analyse Patrice Sheria.
Parmi les raisons évoquées par la rébellion du M23 pour poursuivre la guerre dans l'est de la RDC figure en effet la protection de la communauté tutsi congolaise, qu'elle estime marginalisée et discriminée.
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