Le Real Madrid champion d’Espagne pour la 36e fois

Vainqueur de Cadix samedi, le club merengue a profité de la défaite du FC Barcelone à Gérone dans la soirée pour acter son sacre, dès la 34ᵉ journée (sur 38) de la Liga.

Il y a des sacres qui procurent des émotions insoupçonnées, à la mesure des déceptions et de l’attente qui l’ont précédé ; les supporteurs du Bayer Leverkusen, récent champion d’Allemagne, peuvent en témoigner. Il y en a d’autres sur lequel on prend à peine le temps de s’attarder, le regard étant déjà tourné vers le suivant. Les joueurs du Real Madrid sont voués à cette catégorie.

Le prestigieux club de football espagnol a conquis un 36e titre de champion national samedi 4 mai. Les Merengues étaient devant la télévision quand celui-ci a été officialisé, dans la soirée. En effet, le Real Madrid avait besoin de gagner à domicile contre Cadix dans l’après-midi et que son rival, le FC Barcelone, ne s’impose pas, un peu plus tard, sur la pelouse de Gérone.

Ce scénario s’est réalisé. Dans l’après-midi, le Real Madrid a battu Cadix 3-0, grâce à des buts de Brahim Diaz (52e), Jude Bellingham (68e) et Joselu (90e+4). En début de soirée le Barça s’est lourdement incliné contre les Géronais (2-4).

Il restera encore quatre journées de championnat après ce week-end, mais les Madrilènes possèdent désormais treize points d’avance sur leur premier concurrent, ce qui leur assure mathématiquement la première place finale. A noter que Gérone est le nouveau dauphin du Real, puisque l’équipe surprise de la saison profite de sa victoire pour dépasser son voisin catalan.

Bellingham, une maturité déconcertante

Ce titre de champion d’Espagne est sûrement le dernier au palmarès du vétéran croate Luka Modric. En fin de contrat, et à bientôt 39 ans, le vétéran croate pourrait quitter le club cet été. « Le talent n’étant pas duplicable, l’héritage que laissera Modric est un trésor fait de professionnalisme, de discrétion, de responsabilité, de dévouement…  », flatte Jorge Valdano, figure du club et écrivain.

En vérité, le suspense pour la course au titre était déjà plié depuis le clasico de la 32e journée (sur 38) : le Real Madrid avait dominé le Barça (3-2), au stade Santiago Bernabeu, à la faveur d’un but de Jude Bellingham dans le temps additionnel.

Pour sa première saison au sein de la Maison Blanche, le milieu de terrain anglais affiche une maturité déconcertante du haut de ses 20 ans. « Jamais auparavant un joueur étranger n’avait eu un tel impact à Madrid, si tôt et si jeune », écrivait récemment le journal El Pais.

Débarqué l’été dernier en provenance du Borussia Dortmund, Bellingham occupe la pointe haute du losange aligné au milieu de terrain par l’entraîneur Carlo Ancelotti. A son poste, il présente un impressionnant ratio buts marqués/matchs joués (18 pour 26), le meilleur du championnat.

Un rôle nouveau pour Tchouaméni

Au sein de l’équipe madrilène, les internationaux français Eduardo Camavinga et Aurélien Tchouaméni ont, eux, confirmé leur statut de joueur important, le deuxième offrant des gages de sûreté dans un rôle nouveau en défense centrale. « On a l’impression qu’il y a joué toute sa vie », le complimentait son entraîneur italien en février.

Malgré les longues indisponibilités de ses piliers, le défenseur Eder Militao et le gardien Thibaut Courtois (le Belge faisait son retour comme titulaire face à Cadix), ou encore le départ de Karim Benzema à l’intersaison, le Real Madrid a trouvé les clés pour faire… du Real Madrid. A défaut de séduire chaque week-end, la formation n’a pas d’équivalent en Europe pour faire parler sa force collective dans l’adversité.

En Ligue des champions, le club espagnol peut subir le jeu de l’adversaire, ce qui ne l’a pas empêché d’éliminer le vainqueur sortant, Manchester City, en quarts de finale, et d’obtenir un bon match nul (2-2) en déplacement à Munich en demi-finale aller, mardi 30 avril.

En Liga, le Real Madrid, le Barça et l’Atlético de Madrid, les clubs les plus puissants financièrement, ont l’habitude de se disputer le butin. Cette saison, les Merengues sont les plus réguliers, ayant concédé une seule défaite jusqu’à présent, chez leur rival madrilène, en septembre.

Vinicius visé par des actes racistes

D’ailleurs, à quatre journées de la fin de la saison, la présence de Gérone sur le podium de Liga bouscule quelque peu la hiérarchie du football espagnol, sachant que le même trio accapare toutes les places sur le podium depuis la saison 2012-2013.

Ce qui ne change pas, c’est le problème endémique que le pays rencontre avec le racisme dans les stades, en dépit des campagnes de communication de la fédération. Les joueurs du championnat sont devenus « presque habitués » au comportement raciste d’une partie des supporteurs, regrettait récemment Jude Bellingham.

Son coéquipier brésilien, l’attaquant star Vinicius, est fréquemment visé par des insultes et/ou des chants de ce type parce que noir de peau. « Depuis la première fois que je me suis plaint du racisme en Espagne, la situation n’a cessé de s’aggraver… Ils m’insultent à cause de la couleur de ma peau pour que je joue moins bien sur le terrain », déplorait-il, fin mars. Entre-temps, d’autres joueurs ont été la cible d’actes racistes, dont Aurélien Tchouaméni lors d’une rencontre de championnat à Majorque.

Pour les nouveaux champions d’Espagne, les célébrations du titre national attendront quelque peu. Ils ont rendez-vous dès mercredi, au stade Bernabeu, avec le Bayern Munich pour disputer une demi-finale retour de Ligue des champions. Le Paris Saint-Germain est en quête de sa première « coupe aux grandes oreilles », le Real Madrid, lui, de sa quinzième…