Le duel des moteurs : électrique, hybride ou essence ?

Trois moteurs sont mis à l’épreuve : un classique 100% essence, un hybride et un 100% électrique. Trois journalistes de la rédaction des Pigeons ont testé chacun de ces véhicules sur un trajet identique : un aller-retour Namur-Ostende de 420 kilomètres. Comment se déroulera leur périple ?

Avec la montée en puissance des véhicules électriques de plus en plus de conducteurs se posent des questions sur les coûts réels d’un trajet par rapport aux véhicules thermiques et hybrides. Est ce plus économique ? Est-ce facile de recharger les batteries en cours de route ?

3 véhicules, 3 moteurs, 3 autonomies

Manon avec l’hybride

Manon prend le volant d’une Toyota Corolla hybride, un modèle combinant un moteur essence et un moteur électrique. Avant de partir, elle remplit son réservoir de 43 litres pour un coût total de 71,81 € (1,67 € le litre). L’autonomie annoncée est de 821 kilomètres, largement suffisante pour effectuer le trajet sans devoir s’arrêter pour refaire le plein. "Je suis confiante de pouvoir faire l’aller-retour sans problème," explique Manon.

Valéry et sa voiture essence

Valéry teste une Ford Focus 100% essence. Après avoir rempli son réservoir, il constate un coût de 87 € pour une autonomie de 780 kilomètres. "Avec ce plein, je peux facilement faire l’aller-retour sans devoir m’arrêter pour recharger ou refaire le plein," précise Valéry en démarrant. Conducteur très prudent, il est confiant.

Françoise et l’électrique 

Quant à moi, je teste un véhicule 100% électrique. Avec une charge complète, je dispose de 380 kilomètres d’autonomie et ai déboursé 15 € pour ce plein initial à domicile (25€/Kwh).

En partant, je suis consciente que l’organisation de son voyage sera plus complexe que celui de mes deux autres collègues et dépendra des bornes de recharge disponibles en cours de route.

Il faut faire l’aller / retour

Sans encombre, les trois voitures arrivent à Ostende. Après une pause bien méritée pour déguster des croquettes de crevettes, il est temps de repartir vers Namur. Pour Manon et Valéry, pas de souci : leurs réservoirs sont suffisamment remplis pour assurer le retour. Valéry très prudent roule entre 80 et 90 km/h sur l’autoroute. Manon, elle a 120 km/h.

En revanche, étant morte de faim après la longue route et ne voulant pas faire attendre mes amis et collègues, je n’ai pas rechargé mon véhicule durant la pause du repas. Je dois donc trouver une borne de recharge, car l’autonomie restante n’est plus que de 126 kilomètres. Rapidement, je localise une borne de recharge à proximité. Le tarif est de 0,408 € par kWh. Mais elle semble en panne. Au bout du fil, une dame de Marseille m’informe que la borne est défectueuse et qu’elle doit la rebooter : "Il faudrait que je réinitialise la borne. Le problème, c’est que pour faire cela, il faut qu’aucune voiture ne soit branchée.

Si quelqu’un est branché, cela peut faire un faux contact. Et là, cela peut créer un problème électrique au niveau de la voiture".

Avant de partir, je constate que la batterie s’est un petit peu rechargée mais très lentement. Il faudrait 12h00 de recharge pour la recharger à 100%, soit jusqu’à 3 heures du matin.

Je ne compte pas dormir à Ostende. Après 30 minutes de déboires, je repars. Heureusement, 22 kilomètres plus loin, je trouve une borne ultrarapide. Ce qui est embêtant c’est qu’il n’y a aucun endroit, ni siège pour patienter pendant les 40 minutes de charge. Je décide de repartir alors que la batterie est rechargée à 80%, le coût de cette session s’élève à 21,75 €, ce qui devrait suffire pour rentrer à Namur. Je préfère charger plus vu le nombre de travaux et embouteillages et les 188 kilomètres encore à parcourir.

Comparaison des consommations et des coûts

À leur retour à la Citadelle de Namur, les trois journalistes comparent leurs expériences et leurs coûts respectifs.

Le bilan de Valéry avec la voiture essence

En roulant prudemment entre 80 et 90 km/h, Valéry a consommé 18 litres de carburant sur les 420 kilomètres, soit une moyenne de 4,3 litres/100 km. Au total, son voyage lui a coûté 30,46 €. "J’ai roulé à l’économique" plaisante Valéry. Mais cela lui a pris plus de temps : environ 30 minutes de plus que Manon.

Manon et l’hybride 

Manon, qui a roulé à la vitesse autorisée sur autoroute, a consommé 19 litres d’essence, pour un coût total de 31,30 € (4,4 l/100 km). L’autonomie confortable lui a permis d’éviter les arrêts inutiles, et elle a pu rouler à un rythme plus rapide tout en gardant une consommation modérée.

Françoise et le casse-tête de l’électrique 

Pour Françoise, le bilan est plus nuancé. Sa voiture électrique a nécessité une recharge supplémentaire en cours de route, prolongeant son trajet d’environ une heure et dix minutes. En tenant compte de la recharge de 21,75 € sur la borne ultrarapide en cours de route et à domicile à son retour de €11.89, son trajet lui a coûté au total 33,64 €, soit environ 2 € de plus que les autres véhicules. Etonnant !

"Mais les bornes de recharge rapide, souvent nécessaires lors de longs déplacements, sont plus onéreuses. À 0,73 € le kWh pour une recharge ultrarapide, j’aurais même pu payer jusqu’à 53,48 € si j’avais tout fait sur une station rapide."

Chaque type de motorisation a ses avantages et ses inconvénients :

• Simple et accessible, la voiture essence reste une valeur sûre, surtout pour ceux qui cherchent à éviter les tracas de recharge et préfèrent la simplicité. Valéry a prouvé qu’en roulant prudemment, il est possible de garder les coûts sous contrôle.
• Le compromis idéal entre l’essence et l’électrique, l’hybride permet de combiner économie de carburant et flexibilité. Manon a su profiter de cette technologie pour rouler sans stress et avec un coût compétitif.
• Malgré les promesses d’économie, le véhicule électrique peut réserver des surprises, notamment en termes de temps et de coûts.

Le choix du véhicule dépendra des priorités de chaque conducteur : économies, simplicité d’utilisation ou impact écologique. Le test des Pigeons montre qu’il n’existe pas de solution universelle, mais une adaptation à chaque style de vie et de conduite.

Ce test a été fait à un jour 'J' à temps 'T', en fonction des conditions des routes, des travaux, de la circulation, de la conduite,... Dans d'autres conditions ces données seraient sans doute différentes.