Afrique
Le calme militaire précaire qui règne au Nord-Kivu entre les rebelles du M23 et l’armée congolaise s’explique sans doute par l’intense activité diplomatique menée par le médiateur angolais pour rapprocher Kinshasa et Kigali et tenter de concrétiser un accord. Une cinquième réunion entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays avec le facilitateur s’est tenue à Luanda le 12 octobre dernier.
Depuis cet été, les négociations tournent en rond autour de deux points principaux : le retrait des soldats rwandais pour Kinshasa, et la neutralisation des FDLR pour Kigali. Si les deux acteurs semblent s’accorder sur les moyens d’y arriver, le maintien du cessez-le-feu, et les responsabilités de chacune des parties, le calendrier bloque encore. Tout serait donc une question de chronologie.
Simultané ou non
Pour Kinshasa, « le Rwanda conditionne son retrait à la neutralisation des FDLR », alors que la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, plaide pour un retrait simultané des forces rwandaises, en même temps que la traque des FDLR. Pour Kigali, « la levée des mesures défensives du Rwanda », la formulation pudique pour parler du retrait de l’armée rwandaise du sol congolais, devrait intervenir après des résultats significatifs de la lutte anti-FDLR, et donc, dans un second temps.
Le facilitateur doit revenir vers les deux parties le 26 octobre avec en poche un Concept d’opérations (Conops) qui est censé définir les différentes actions et besoins en troupes et matériels pour atteindre les objectifs fixés. Les détails de ce Conops pourraient alors rapprocher les points de vue congolais et rwandais. Une nouvelle réunion d’experts sécuritaires des deux pays est prévue pour le 30 octobre afin d’examiner le Conops préparé par le médiateur.
Coût politique élevé pour Tshisekedi
Un accord sur le calendrier de retrait des troupes rwandaises et la neutralisation des FDLR, peut-il régler la crise du M23 au Nord-Kivu ?
Malheureusement, le soutien de Kigali à la rébellion et la présence de soldats rwandais aux côtés du M23 ne constituent malheureusement qu’une partie de la crise sécuritaire à l’Est du Congo. S’accorder avec Kigali peut sans doute enclencher la première marche dans la résolution du conflit, mais la question du M23 reste entière.
La rébellion clame, en effet, depuis le début des négociations entre la RDC et le Rwanda, qu’elle n’est pas concernée par les accords signés entre les deux voisins. Notamment depuis le cessez-le-feu décrété en août dernier. Sur ce point, Kigali et le M23 sont sur la même longueur d’ondes : « Le Rwanda n’est qu’un bouc émissaire et la question du M23 est politique » et doit passer par une négociation directe avec le gouvernement congolais. En échec militaire face au M23 depuis bientôt 3 ans, Kinshasa hésite à franchir le pas de l’ouverture d’un dialogue avec le M23 qui serait perçu comme un renoncement de la promesse de Félix Tshisekedi de ne jamais négocier avec des « terroristes ». Revenir sur cette promesse aurait donc un coût politique extrêmement élevé pour le chef de l’Etat congolais. Kinshasa ne serait donc pas « mûre » pour franchir la ligne rouge… qu’elle a elle-même tracée.
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