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Infos congo - Actualités Congo - 08 Mars 2024
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Religion

Chine : l’avocat des communautés chrétiennes de Wenzhou « confessé » à la télévision

2016-02-29
29.02.2016 , Wenzhou
2016-02-29
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Wenzhou

Engagé par les communautés chrétiennes de la ville de Wenzhou pour les défendre contre une campagne de démolition d’églises et de croix, l’avocat Zhang Kai est le dernier en date des militants des droits de l’homme chinois à s’être retrouvé pris au piège d’une opération de dénigrement officielle.

L’avocat, mis au secret par la police chinoise depuis août dernier, a fait l’objet d’un long reportage le jeudi 25 février du journal de la télévision locale. Celui-ci le présente comme un agitateur à la solde des étrangers, motivé à la fois par l’appât du gain et le désir d’embarrasser le gouvernement chinois à l’instar d’autres dissidents exhibés ces derniers mois sur les chaînes télévisées du pays.

On y découvre l’avocat assis sur une de ces chaises en métal fermée par une lourde barre qui entrave les mouvements du prisonnier. D’une voix monocorde, il confesse ses crimes aux interrogateurs de la police : « Je leur ai dit non pas que le gouvernement cherchait à démolir des bâtiments illégaux, mais qu’il s’attaquait aux églises. Je leur ai dit de s’unir et de se battre », reconnaît Zhang Kai. « Les forces étrangères poussent les chrétiens à se rebeller contre le gouvernement et veulent renverser le système politique chinois », poursuit-il, des poches gonflées sous les yeux. Agé de 36 ans, l’avocat est décrit par ses confrères comme une forte tête, peu enclin à jouer le jeu de la police.

Conflit ouvert depuis 2013

La thèse du complot ourdi par l’Occident est cousue de fil blanc. L’arrestation de Zhang Kai, le 25 août 2015, était intervenue, comme par hasard, la veille d’un rendez-vous prévu avec le rabbin David Saperstein, l’ambassadeur pour la liberté religieuse du gouvernement Obama, alors en visite en Chine. Elle a eu lieu dans la foulée de l’offensive lancée début juillet par l’appareil de sécurité chinois contre plusieurs centaines d’avocats des droits de l’homme à travers la Chine.

L’avocat reconnaît avoir signé un contrat avec une centaine d’églises à Wenzhou et s’être vu promettre des honoraires qui atteignent plus d’une centaine de milliers d’euros un fait qui, vrai ou faux, ne constitue en rien un délit. Zhang Kai admet également avoir été soutenu par China Aid, l’ONG américaine du pasteur et dissident chinois Bob Fu, qui s’efforce d’alerter la communauté internationale sur les destructions d’églises à Wenzhou. « Ses propos ont tout des aveux arrachés par la force », nous dit Bob Fu, qui a accueilli plusieurs fois Zhang Kai aux Etats-Unis. Selon lui, sa coopération devrait valoir à l’avocat une remise en liberté – mais assortie de multiples contraintes et sans doute d’une interdiction d’exercer sa profession.

Les chrétiens de Wenzhou sont en réalité en conflit ouvert depuis fin 2013 avec les autorités de la province du Zhejiang. Cette grosse ville commerçante au sud de Shanghaï, dont est issue la diaspora chinoise de Paris, est parfois appelée la Jérusalem chinoise pour le succès qu’y connaît le christianisme dans les villages et les bourgs de son hinterland. Les autorités du Zhejiang y ont décrété il y a deux ans, sous prétexte d’embellissement urbain, que certaines églises (en majorité protestantes, mais aussi catholiques) arboraient des croix trop voyantes ou avaient construit des bâtiments excédant la superficie autorisée.

Des dizaines d’églises, en grande majorité « officielles », c’est-à-dire sous la tutelle du Parti communiste chinois, ont donc été démolies de force, et plus d’un millier de croix auraient été détruites ou enlevées, lors d’opérations qui ont suscité un tollé en raison de leur brutalité. La communauté chrétienne de Wenzhou a dénoncé une nouvelle inquisition communiste menée par les dirigeants de la province pour plaire à Xi Jinping, dont le Zhejiang fut le fief au milieu des années 2000. Bref, la riche et prospère Jérusalem chinoise serait allée trop loin dans sa ferveur pour une religion qui reste éminemment suspecte dans le nouveau climat de reprise en main idéologique.

Converti depuis une dizaine d’années au christianisme, mais connu pour avoir aussi bien défendu des Tibétains, des membres du Falun Gong, le mouvement religieux banni, ou d’autres victimes d’injustices, Zhang Kai s’était investi corps et âme dans son combat auprès de ses « clients » de Wenzhou. Il avait d’abord défendu un pasteur arrêté, puis a entrepris de conseiller les militants locaux sur la manière de mener leur combat dans un cadre légal. « Le but de ces confessions, c’est d’envoyer un message aux autres avocats de ne pas s’occuper de dossiers ayant trait aux questions religieuses. Et de dissuader les paroisses d’emprunter la voie d’une défense légale » poursuit le pasteur Bob Fu, joint depuis le Royaume-Uni où il est en déplacement.

« Ensuite, ils veulent empêcher toute collaboration avec l’étranger dans le domaine des droits de l’homme. C’est consternant. En quoi aller à l’étranger et suivre des formations sur les droits de l’homme serait un crime ? Des tas d’institutions chinoises reçoivent de l’aide internationale et des formations. Le visa américain de Zhang Kai est exhibé comme si c’était un délit ! » Dans leur campagne contre les églises et les croix de Wenzhou, les autorités provinciales n’ont fait aucun compromis, note le pasteur sino-américain : deux églises catholiques viennent de recevoir un avis de destruction, tandis que la croix d’un temple protestant a été brûlée hier. Pour Bob Fu, « le cas Zhang Kai montre qu’ils exigent une obéissance absolue. Toute voix discordante est dénoncée comme une attaque contre la sécurité de l’Etat ».


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