Irak : le pèlerinage des chiites se poursuit à Bagdad, malgré les attentats

Ce mardi 3 mai 2016, la plupart des rues de Bagdad sont fermées à la circulation pour laisser place à des centaines de milliers de pèlerins. Ils viennent, pour la quatrième journée, visiter le mausolée de l'imam Moussa al-Kazim dans le quartier de Kazimiya, à l'occasion de l'anniversaire de sa mort. C'est le seul pèlerinage chiite observé dans la capitale irakienne. Un évènement marqué, cette année encore, par les attentats.

Pendant quatre jours, des chiites convergent de tout l'Irak et même d'au-delà, à pied, pour rendre hommage à l'imam al-Kazim à Bagdad, comme le rapporte notre envoyée spéciale à Bagdad, Angélique Férat.

Cette année encore, malgré les check-points et les contrôles de sécurité tout le long du parcours, leur pèlerinage est frappé par des attentats.

En effet, 24 personnes ont été tuées samedi, 18 dimanche, et 12 lundi. Des attaques attribuées aux groupes extrémistes sunnites. Mais pas de quoi arrêter les chiites irakiens pour autant.

Ils marchent parfois des centaines de kilomètres. Tout le long de leur chemin, des bénévoles leur distribuent de l'eau, des médicaments, de la nourriture. Il y a même des endroits pour dormir ou se doucher.

« Ce danger renforce ma foi »

Oum Mohamed, 55 ans, vit à Bagdad. Elle marche de sa maison jusqu'à Kazimiya, ce qui fait tout de même une petite cinquantaine de kilomètres. « Les explosions ne me font pas peur. Chaque année, je marche, ce danger renforce ma conviction, ma foi », explique-t-elle.

Sur le bord de la route, Mohamad distribue de l'eau aux passants. « Tous les ans, ça a lieu », dit-il au sujet des attentats. « Et tout ça, considère-t-il, c'est parce qu'on a un mauvais gouvernement ».

« Ces explosions, poursuit Mohamad, c'est parce que nos gouvernements, depuis 13 ans, ne sont pas à la hauteur. Ces histoires de division entre chiites, sunnites et chrétiens, c'est aussi à cause des gouvernements qu'on a eus ».

La visite à l'imam Moussa al-Kazim, septième des douze imams du chiisme, mort empoisonné en prison en 799 sur ordre du calife abbasside Haroun al-Rachid, se termine ce mardi.