Monde
Le camp anti-Maduro est regroupé dans une vaste coalition d'une trentaine de partis, la Table pour l'unité démocratique (MUD), qui a remporté une victoire historique aux élections législatives de décembre dernier.
D'orientation de centre-droit, elle est dirigée par Henrique Capriles, candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2013, Henry Ramos Allup, vétéran de la politique vénézuélienne, et Jesus Torrealba, ex-présentateur de télévision.
Pour obtenir le départ de Nicolas Maduro, l'opposition n'a plus désormais qu'une seule option, le référendum révocatoire, après le rejet par la justice de son projet d'amendement constitutionnel pour réduire de six à quatre ans le mandat présidentiel.
Nombreuses manifestations
Mais le temps presse: si le référendum a lieu d'ici le 10 janvier 2017 et est couronné de succès, de nouvelles élections seront organisées. Passé ce délai, le changement au Venezuela serait minime en cas de départ de Nicolas Maduro, qui serait alors remplacé par son vice-président, du même parti.
Pour faire pression sur les autorités électorales et accélérer le processus, l'opposition multiplie les manifestations ces dernières semaines, en surfant sur le mécontentement populaire face à la grave crise économique frappant le pays.
Le référendum «sera possible si la pression citoyenne est maintenue», assure Henry Capriles, même si pour l'instant la mobilisation reste faible, en raison selon les analystes du contrôle exercé par le chavisme (du nom de l'ex-président Hugo Chavez, 1999-2013) en 17 ans de pouvoir.
Les Vénézuéliens gardent aussi en mémoire les violentes manifestations de 2014, qui avaient fait 43 morts officiellement, un écueil que veut éviter l'opposition pour ne pas perdre sa crédibilité.
«L'unique option qu'a l'opposition pour faire pression en faveur du référendum est la manifestation pacifique dans la rue, en plus de la pression internationale», estime le politologue Héctor Briceño.
Camp présidentiel inflexible
Le Conseil national électoral (CNE), chargé d'organiser l'éventuel référendum, est accusé par l'opposition de servir les intérêts du gouvernement en retardant le processus.
Celui-ci promet d'ailleurs d'être long et compliqué: le CNE a promis de vérifier d'ici le 2 juin les signatures déposées par l'opposition pour enclencher la procédure. Près de deux millions ont été présentées, un minimum de 200'000 était requis.
Ensuite les signataires devront confirmer, en personne, leur choix, avant une deuxième étape où l'opposition devra rassembler quatre millions de signatures en trois jours.
Enfin, seulement, le référendum pourrait être organisé, avec la nécessité de dépasser les quelque 7,5 millions de votes obtenus par Nicolas Maduro à son élection en 2013.
Le camp présidentiel, inflexible, a d'ores et déjà opposé une fin de non-recevoir au référendum avant même toute décision des autorités électorales.
Et pour réaffirmer son contrôle sur la majorité des institutions, Nicolas Maduro vient de décréter l'état d'exception, qui lui confère des pouvoirs accrus en matière de sécurité, de distribution alimentaire et énergétique. Ce décret avait également été contesté par l'opposition mais jugé «constitutionnel» par le Tribunal suprême de justice (TSJ), la plus haute autorité judiciaire du pays, accusée par les antichavistes d'être proche de Maduro.
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Manifestation anti-Maduro devant le palais de justice à Caracas, mercredi 25 mai. (Photo: Juan Barreto/AFP)