Religion
Noël rappelle aux habitants chrétiens qu’ils y sont désormais une minorité. Reportage.
Midi. Le timbre des cloches de la basilique de la Nativité résonne dans l’air frais de décembre. Sur la place de la Mangeoire, les pèlerins et les visiteurs flânent au marché de Noël, que domine un immense sapin dressé le 3 décembre dernier. Le 25 décembre est un jour de fête nationale pour les Palestiniens. A Bethléem, chrétiens et musulmans assistent donc ensemble aux réjouissances populaires : concerts, fanfare, défilés des troupes scoutes… Pour l’occasion, les chrétiens de Cisjordanie, de Jérusalem et de Gaza (grâce aux permis délivrés par les autorités israéliennes) et de Galilée convergent dans la ville où, selon la tradition chrétienne, Jésus Christ est né.
Noël à Bethléem est devenu un événement de grande ampleur, notamment sous l’action de sa maire, Vera Baboun. Depuis son élection en 2012, cette chrétienne de 53 ans - dès sa création en 1872, la municipalité a toujours été dirigée par des maires chrétiens - souhaite "montrer Bethléem au monde", par-delà le mur qui désormais l’isole de Jérusalem, sa "ville sœur". Un "emmurement" dont elle égrène les conséquences: traumatismes, chômage, repli communautaire et montée du radicalisme. Sans compter le départ des chrétiens de Bethléem qui représentaient 90 % de la population avant la création de l’Etat d’Israël en 1948 pour 28 % aujourd’hui.
Exode des chrétiens
Le phénomène a débuté dès 1987 avec la première Intifada; le manque de perspectives professionnelles a convaincu les diplômés chrétiens, issus de milieux aisés, de faire carrière ailleurs. Puis vint la seconde Intifada en 2000. En 2005, premier Noël fêté derrière le mur. Depuis, le 24 décembre, le Patriarche latin (et le 7 janvier, ses homologues orthodoxes et arménien), venu de Jérusalem, doit attendre que les soldats israéliens ouvrent les portes métalliques sécurisées pour laisser passer le cortège qui se dirigera vers la place de la Mangeoire où l’attendent les fidèles rassemblés. Si l’exode des chrétiens continue, "qu’en sera-t-il de cette manifestation qui exprime la culture chrétienne de Bethléem?", s’interroge Vera Baboun.
"Partir. Pas un seul jour sans que je n’y pense", avoue Raghad Mukarker, une chrétienne de 37 ans. La situation économique l’inquiète, mais aussi l’évolution sociale et démographique de Bethléem. "Les chrétiens et les musulmans ici se connaissent depuis des générations et s’apprécient", explique-t-elle. Mais les communautés musulmanes plus traditionnelles de la région de Hébron récemment installées "ne veulent pas de nous". Un sentiment que partage Jack Giacaman, 45 ans, propriétaire d’un atelier de sculpture sur bois d’olivier. "Je connais les musulmans d’ici, j’ai grandi avec eux. Ils révèrent même saint Georges et la Vierge Marie ! Mais les nouveaux arrivés n’ont pas l’habitude de côtoyer des chrétiens. Ils ne les respectent pas."
Pourtant, au lieu de partir aux Etats-Unis, aux Emirats ou Amérique latine comme beaucoup des siens, Jack Giacaman choisit de rester. "Une tradition chrétienne millénaire existe ici, il ne faut pas qu’elle s’éteigne", affirme-t-il, même s’il se sent parfois isolé, l’occupation israélienne aidant. "Si cela ne tenait qu’à moi, je partirais", affirme d’ailleurs son épouse, Tamara, qui ne bénéficie pas, comme son mari, d’un permis pour passer en Israël. Elle porte un jean serré et des talons hauts, un style vestimentaire qui distingue souvent les chrétiennes des musulmanes.
Tensions sociales locales
Pour Noël, Raghad Murkaker n’ira pas avec sa fille sur la place de la Mangeoire. "Ce n’est plus un endroit sûr", regrette-t-elle, avant d’accuser les jeunes musulmans de Hébron qui viennent à Bethléem pour "boire de l’alcool" et "regarder les filles chrétiennes".
Le conflit israélo-palestinien en toile de fond, les tensions sociales s’accentuent localement. "Si la municipalité ne trouve pas de solution, tous les chrétiens vont fuir", conclut amèrement la jeune femme. Avant de retourner aux joyeux préparatifs des jours prochains.
Selon une enquête de 2008, synthèse de résultats de différentes sources statistiques disponibles, les chrétiens dans les territoires palestiniens (Cisjordanie, Jérusalem-Est et bande de Gaza) représenteraient 1,37 % de la population palestinienne et 1,66 % en Israël, parmi les 20,02 % de la population arabe israélienne.
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