Politique
Les évêques de la Cenco se sont montrés, étonnamment, partisans, la semaine dernière, tant dans leur manière de conduire les pourparlers au Centre interdiocésain, que dans leur gestion de la crise de l’opposition congolaise. Ils ont provoqué la perplexité et l’indignation de plusieurs fidèles catholiques. L’Abbé Nsholé a, notamment et clairement pris position pour une aile du Rassemblement, sans avoir, au préalable, entendu les autres fractions.Ce qui rompt avec la position affirmée et répétée de l’Eglise au milieu du village.
L’actualité congolaise de ces dernières semaines place l’église catholique romaine au centre de la politique intérieure de notre pays. Voilà quelques jours qu’au travers d’une mauvaise traduction de la langue allemande, une certaine presse a voulu répandre l’idée que le Pape François refusait de venir en République Démocratique du Congo à cause de la présence du Président Joseph Kabila, à la tête du pays. Depuis, des traducteurs, moins politiquement orientés, ont mieux exprimé la pensée du Saint Père, qui certes, ne viendra pas en RDC, plutôt pour des questions de sécurité que pour un quelconque motif politique.
Une deuxième raison porte l’église catholique au centre des polémiques qui se développent au sein de différents forums s’intéressant à l’avenir de la RDC.
Il y a un certain temps, au sortir du Dialogue Politique National Inclusif de la Cité de l’Union Africaine, le Président de la République constatait que certains ténors de l’opposition congolaise n’avaient pas pris part aux échanges autour de M. Edem Kodjo. Le Chef de l’Etat avait ainsi cru bon de demander à la CENCO d’aller vers ceux qui étaient restés volontairement hors du dialogue, pour les convaincre de rejoindre le courant de la recherche pacifique d’une solution à la délicate question de l’organisation des élections dans notre pays.
Connaissant l’importance démographique de l’église catholique et son indéniable influence dans notre pays, l’opinion publique tant nationale qu’internationale avait applaudi des deux mains cette initiative. Nous espérions, tous, que le poids moral des dirigeants de l’église exercerait, sur les antagonistes, un impact apaisant.
Aujourd’hui, quelques mois après l’ouverture des pourparlers de la CENCO, force est de constater que les évêques catholiques n’apaisent pas la situation tel que l’avait espéré chacun. Bien au contraire, certaines attitudes partisanes installent le doute. La récente prise de position de l’Abbé Donatien Nshole en faveur d’une branche du « Rassemblement », dans le conflit ouvert depuis la disparition, le 1er février, de l’ancien Premier ministre, M. Etienne Tshisekedi, montre que l’action de la CENCO participe plus à chauffer les esprits qu’à rechercher une solution consensuelle.
L’église n’est plus au milieu
L’église a abandonné le milieu du village pour accompagner directement la fraction la plus radicale du « Rassemblement ».
Alors que le « Rassemblement » se présente devant l’opinion congolaise, répartie en trois tendances, M. l’Abbé Nshole, Secrétaire Général de la CENCO, a choisi son camp. Dans une déclaration du14 mars, le prélat annonce que pour la CENCO, « c’est Félix Tshisekedi qui est le répondant du « Rassemblement ».
Quel rôle l’église catholique joue-t-elle dans cette affaire qui empoisonne la classe politique congolaise et retarde, du même coup, la solution quant au problème qu’ensemble, nos prétendants au leadership, doivent résoudre ?
M.l’Abbé Nshole est-il, par la vertu de je ne sais quel esprit, devenu le juge ou l’arbitre des différends surgissant dans la classe politique congolaise ? Le mandat conféré à la CENCO était d’amener ceux qui étaient restés hors du dialogue de la Cité de l’U.A.à rejoindre l’accord du 18 octobre 2016. Voilà que non seulement la CENCO s’est éloignée de cette mission, mais, par la voix de M. l’Abbé Nshole, elle veut décider de qui va représenter l’opposition congolaise autour de la table des négociations. Là, M. l’Abbé a, manifestement, outrepassé son mandat.
Pire encore, les évêques eux-mêmes ont jeté le masque le jeudi 16, en confirmant la position du Secrétaire Général de la CENCO. La réponse n’est pas venue de la Majorité présidentielle, ni de l’opposition ayant signé l’Accord du 18 octobre 2016, mais bien d’une frange appartenant au cœur même du « Rassemblement ». Messieurs Olengankoy, Lisanga Bonganga, Kiakwama, Roger Lumbala et autres se sont directement opposés au choix anti-démocratique opéré par la CENCO. M. Valentin Mubake, que personne ne peut soupçonner de connivence avec la Majorité, conteste ouvertement le choix des évêques. Le conseiller politique du sphinx de Limete n’a pas hésité à insinuer que le fils de son ancien patron cherche à faire mentir Etienne Tshisekedi après sa mort. Plus grave encore, nous apprenons qu’une plainte serait en gestation contre Félix Tshisekedi, Pierre Lumbi et l’Abbé Tshilumba pour faux et usage de faux.
La CENCO ne devrait-elle pas se donner le temps d’examiner la représentativité des uns et des autres ? La morale ne commande-t-elle pas que l’Eglise commence par écouter les partisans des trois groupes afin de tenter une réconciliation entre les protagonistes. En outre, l’éthique n’impose-t-elle pas une instruction avant d’envoyer les uns en enfer et de préparer pour les autres des places au paradis ? Le moins que l’on puisse dire est qu’une injustice aussi flagrante ne grandit nullement la sainte Eglise catholique de la RDC.
La CENCO doit, si elle veut garder sa crédibilité et demeurer l’instance à laquelle la nation peut recourir en cas de différends graves, modifier son approche. La RDC étant traversée par plusieurs courants politiques, religieux et philosophiques, la Cenco devrait éviter de trancher dans le vif, sans avoir entendu les revendications de tous les protagonistes. Sinon, elle perdrait sa sagesse, sa raison d’être et serait taxée d’arbitraire.
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