Impasse politique : Kabila à l’écoute !

La question du mode de désignation du futur Premier Ministre ainsi que celle  de la succession d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba à la Présidence du Conseil National de Suivi de l’Accord divise tellement qu’avant de s’y prononcer devant les deux Chambres du Parlement, réunies en congrès, Joseph Kabila Kabange, ayant pris acte de la fin de la mission de bons offices assignées aux Evêques autour des   discussions directes engagées du 8 décembre 2016 au 27 mars 2017, au Centre Interdiocésain,  a, enfin,  levé l’option de consulter personnellement,  les acteurs politiques parmi ceux qui, depuis des temps immémoriaux, ont toujours mobilisé et drainé des   masses jusqu’au point de  les pousser à   râler dans la rue contre son propre  régime.

Il en tirera,  espère-t-on, toutes les conséquences logiques dont  il livrera, certainement, l’économie   à la nation, lors de son adresse annoncée, au grand soir  du 28 mars 2017  par son cabinet, jour de la réception du rapport des Evêques, et attendue dans les prochaines heures.

Joseph Kabila Kabange  poursuit  ses consultations avec les différentes composantes et plateformes politiques, invitées au Palais de la Nation, à la Gombe. Aujourd’hui, à  son agenda, il s’entretiendra  avec  les délégués de la Majorité Présidentielle. Et,  si tout va bien,  ceux du  Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au changement, toutes les fractions  confondues, y compris celle du tandem Félix-Lumbi, auront, eux aussi, un tête-à-tête avec le Chef de l’Etat.

Hier, alors que Kinshasa se reprenait progressivement de sa torpeur due à la  journée ville morte, décrétée par le Rassemblement pour exiger l’application intégrale de l’Accord de la Saint Sylvestre, trois des quatre composantes attendues au Protocole d’Etat,  ont été au rendez-vous. La Société civile non signataire, jouant aux abonnés absents, aurait, quant à elle, avancé d’autres raisons pour ne pas s’y rendre.

Tandis que la Société civile signataire de l’Accord du 18 octobre 2016, représentée par Maguy Kiala, l’Opposition Républicaine, avec en tête, Léon Kengo wa Dondo et, enfin, l’Opposition signataire de l’Accord du 18 octobre,  sous la férule de Vital Kamerhe, ont, par contre, rencontré et discuté avec le Président Kabila.  Si, au sortir de l’audience, Léon Kengo wa Dondo, le leader de l’Opposition Républicaine, ex-co-équipier de Minaku, dans la co-présidence des concertations nationales, en 2013, s’est refusé à tout commentaire, Maguy n’a pas, pour sa part, eu  de langue en poche.

Au nom de la société civile signataire de l’Accord du 18 octobre 2016, elle est revenue, à sa manière, sur cette affaire, si déchirante et quelque peu gênante,  de liste de candidats au poste de  Premier Ministre que le Rassemblement devrait présenter au Chef de l’Etat. De son côté, Vital Kamerhe, engageant l’Opposition signataire, dit avoir livré au Chef de l’Etat, les fruits de ses réflexions sur cette épineuse question de  Premier Ministre et du CNSA. Il a insisté, par ailleurs, sur la nécessité, pour la succession de Tshisekedi au CNSA,  de considérer qu’il y a, désormais,  plusieurs candidatures dont la sienne, à ajouter à  celle du Front pour le Respect de la Constitution et du Rassemblement,  déjà connues. 

Appels

Le Chef de l'Etat reçevant la délégation de l'Opposition Républicaine conduite par l'Hon. Léon Kengo Wa Dondo

Du côté du grand public, le souhait le plus ardent est de remettre, plutôt, le processus électoral sur les rails. Si ces consultations et, même, le message attendu du Chef de l’Etat iront dans  ce sens-là, il va de soi  que la nouvelle crise, née de la non-application de l’Accord du 31 décembre 2016, soit vidée et que, finalement, la transition décolle d’un bon pied.  

Au cas contraire, si les stratagèmes des uns et des autres continuent à s’entrechoquer ou à se télescoper, tout en exerçant une influence contreproductive  sur le processus électoral, celui-là même qui, en tout état de cause, devrait ouvrir la voie à l’alternance démocratique, du sommet à la base, le pays sombrera, une fois de plus, dans le chaos.  Ici, des appels se multiplient en direction de Joseph Kabila, le  Chef de l’Etat qui, en tant que  garant de la Nation, serait appelé à se  placer au-dessus de la mêlée, pour infléchir autrement le navire  de la Res Publica vers le quai, dans des conditions apaisées et non conflictuelles.

Autant que la cogestion s’impose, autant que le consensus s’invite dans les règlements des différends sur l’agora politique durant cette période de courte transition.  C’est à lui que revient, après tout,  un rôle primesautier, pour débloquer les choses là où les Evêques ont, peut-être, échoué à 2 %.