Politique
Le renouvellement de onze exécutifs provinciaux, annoncé pour le 26 août prochain par la Céni, est entouré d’un flou artistique. Ces scrutins sont controversés, au sein même de la MP où éclatent au grand jour contradictions et frustrations. Plombée dans des clivages en tous genres, la MP joue en même temps sa survie. Et par ce temps de fortes turbulences politiques, sans doute la famille politique du président Kabila ne s’en sortira pas sans égratignures à même de la mettre à nu.
La Céni (Commission électorale nationale indépendante) s’est finalement prononcée sur les candidats inscrits aux élections des gouverneurs prévus, sauf imprévu, le 26 août. Toutes les provinces ne sont pas concernées, seules les onze où les vacances ont été constatées ou décrétées devront passer par cette épreuve. Mais, d’ores et déjà, à la phase préliminaire de cooptation des candidatures, la Céni a suspendu les opérations dans deux provinces, en l’occurrence le Kasaï Central et la Mongala, maintenant les scrutins particulièrement dans la province controversée du Haut-Katanga.
Dans le Haut-Katanga, la Céni n’est pas encore au bout de ses peines. Elle doit déjà se frotter à une bataille juridique dirigée contre elle à la Cour constitutionnelle, sur initiative de Jean-Claude Kazembe, gouverneur déchu du Haut-Katanga.
Dans le Kasaï Central, la Céni a été ramenée à constater au préalable la vacance au sein de l’exécutif avant toute programmation du scrutin. De plus en plus, la Centrale électorale s’enferme dans une sorte de traquenard. De part et d’autre, la Céni se bute à des exceptions juridiques qui compliquent davantage sa tâche. A qui la faute ? C’est la question que tout le monde se pose.
Au commencement était la lettre d’Emmanuel Ramazani Shadary, vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité. En effet, c’est sur la base de cette correspondance du patron de l’Intérieur que la Céni tire la légalité de sa saisine en vue de combler le vide dans certains exécutifs provinciaux. De bonne foi, la Céni a enclenché la machine, sans s’intéresser à quelques détails qui ont fini par la rattraper.
La Céni semble être tombée dans le piège de la MP. Voulant régler des comptes à certains de ses membres, devenus réfractaires à sa ligne politique, la MP a embraqué la Centrale électorale dans un parfait scénario qui n’est pas loin d’un règlement des comptes. En lieu et place de laver les linges sales en famille, comme le recommande une sagesse populaire, la MP a préféré plutôt associer la Céni au nettoyage de ses écuries. Aujourd’hui, la Céni est prise en tenaille. Entre faire jouer pleinement ses prérogatives et demeurer dans la logique de la MP, la Céni a l’embarras du choix.
A première vue, sa tâche se complique au jour le jour. L’ajournement des élections dans le Kasaï Central et dans la Mongala en est la parfaite illustration. Et la saisine par Jean-Claude Kazembe de la Cour constitutionnelle pour « inconstitutionnalité » de la décision de la Céni datant du 18 juillet portant convocation du scrutin et publication du calendrier électoral des élections des gouverneurs étale au grand jour l’allégeance de la centrale électorale à la MP et apporte la preuve des turpitudes des stratégies de la MP dans le torpillage du processus électoral.
Le retour des flammes
Encore une fois, la faute revient avant tout à la MP. En effet, la famille politique du chef de l’Etat a embarqué la Céni dans un jeu dangereux. Pour quelle fin ? Seul Ramazani Shadary et, dans une certaine mesure, Aubin Minaku, secrétaire général de la MP, en savent quelque chose. Les deux cadres de la MP sont à la base d’une situation qui met la Céni en mauvaise posture. En inversant la procédure, la MP a brouillé toutes les cartes. En voulant bouffer ses enfants, la MP déstabilise les exécutifs provinciaux et pourrait bien rendre ingérables de nombreuses provinces. Sans doute, d’autres provinces ne devraient pas tarder d’être atteintes par le virus qui se répand dans les rangs de la famille politique du chef de l’Etat.
Déjà à Kinshasa, il y a de graves dissensions entre le gouverneur de la ville, André Kimbuta Yango, et le président de l’assemblée provinciale, Roger Nsingi. Des sources proches de l’organe délibérant de la ville rapportent qu’une motion de défiance contre le gouverneur Kimbuta serait déjà sur la table de Nsingi. La démarche, indiquent les mêmes sources, serait très avancée. Est-ce que Kimbuta est sur le point de subir le sort de Jean-Claude Kazembe dans le Haut-Katanga ? Certains analystes n’écartent pas cette hypothèse.
Par ailleurs, le cas de l’ancien gouverneur du Sud-Kivu, Marcellin Cishambo, rentre dans cette logique de la MP de casser politiquement, tel qu’elle l’a fait avec l’Opposition, ceux de sa famille qui ne font pas suffisamment preuve de loyauté. Le problème c’est qu’à défaut de régler ses comptes en interne, la MP a préféré le faire sur la place publique, impliquant dans cette besogne de sape la Céni. Celle-ci, à son corps défendant, passe dans l’opinion comme un sous-organe de la MP. C’est une tactique à double revers. Soit la MP s’en sort, tout en renforçant ses rangs. Ce qui est peu probable. Soit la MP précipite sa déstabilisation au point de créer un cataclysme politique qui pourrait bien déstabiliser ses fondations. On n’est plus loin d’un tel scénario, commente-t-on dans des milieux politiques, généralement proches de la MP.
Les élections controversées des gouverneurs sont mal reçues dans les rangs de la MP. L’édifice est en plein tourment du fait que la MP est en train de se faire harakiri. En voulant sacrifier ses gouverneurs indélicats, tout en cherchant à contourner la procédure prévue pour leur remplacement, la MP s’est dénudée, offrant des perspectives incertaines pour sa survie politique. Plutôt que de tirer la leçon qu’on ne réussit pas à tous les coups, la MP a franchi la ligne en se projetant dans une affaire qui ne pouvait que l’éclabousser. La Céni avec elle !
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